Dostoïevski philosophe

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  • เผยแพร่เมื่อ 29 ก.ค. 2024
  • La philosophie de Dostoievski, à partir de Crime et Châtiment.
    Dostoievski n'est pas officiellement philosophe, il dit dans une lettre à Strakhov : je suis faible en philosophie, mais fort de mon amour pour elle. Mais là il y a une prise de position très nette contre les utilitaristes. Et j’aimerais vous la montrer avant de révéler son lien avec la grande vérité qu’il apprise au seuil de la mort.
    Revenons au mobile du crime. Le fameux calcul utilitariste, la grande idée de Raskolnikov qui est ridiculisée par la tournure des événements. On voit bien que pour Dostoievski, l’utilitarisme manque d’incarnation dans l’existence. C’est des jeux intellectuels. Et Dostoïevski refuse cette idée qu’on peut tuer pour le bien général. Plus encore. Dans les Frères Kamarazov, Ivan fait imaginer à son frère la scène suivante : imagine qu’en torturant un enfant, on puisse régler tous les problèmes de l’humanité, toutes les guerres, la faim dans le monde, toute la souffrance. Est-ce que tu le ferais ? Aliocha dit non ! Les larmes d’un enfant torturé ne peuvent pas être compensées. Option radicalement anti-utilitariste.
    Deuxième chose, c’est le rôle de la sanction judiciaire. Les utilitaristes ont une théorie de la justice convaincante. Le droit pénal dépend du principe d’utilité. On punit pas pour punir, on punit pour protéger la société, dissuader les criminels, les rééduquer, bref, pour augmenter le bien-être et atténuer la souffrance générale. Si on peut arranger les choses en raccourcissant les peines, par exemple, parce qu’on constate que ça permet de calmer les détenus, on va le faire. Il n’y a pas cette idée dostoïevskienne qu’un équilibre doit être rétabli et que celui qui a péché doit souffrir jusqu’au bout pour expier son péché.
    Dostoïevski lui, refuse ce type d’indulgence, indulgence qui est assez traditionnelle pour l’utilitarisme. Le premier plaidoyer classique pour l’indulgence, c’est Cesare Beccaria, Des délits et des peines, et dans ce livre il combat la cruauté de la justice.
    Non, il faut être sévère. Dostoïevski s’énerve dans son journal contre tous les acquittements au nom de l’utilitarisme qui sont devenus courants au Royaume-Uni. Il est beaucoup plus proche de Kant, la loi pénale est un impératif catégorique, et malheur à qui commencerait à faire des calculs d’intérêts là au milieu. Respecter un criminel, c’est le punir sévèrement pour lui permettre de réintégrer l’humanité. Je vois vraiment Crime et châtiment comme une réponse à Des délits et des peines, et c’est pas un hasard si les deux titres, en russe, sont pratiquement les mêmes : О преступлениях и наказаниях pour Beccaria et Преступление и накзание pour Dostoïevski.
    Troisième chose, et il faut en parler, c’est les choix de Raskolnikov. Raskolnikov tue gratuitement une personne, sans rien faire de son argent. Et finalement il se livre à la police. Il choisit la souffrance. D’un point de vue utilitariste, c’est difficile à interpréter. Tout le monde veut être heureux, tout le monde cherche le bien-être, c’est l’axiome même de cette philosophie. Comment comprendre qu’on puisse choisir de son plein gré, d’aller au bagne?
    Dans ces cinq minutes indicibles, Dostoïevski a ressenti que le bien le plus précieux, c’est la vie en tant que telle. Et non sa qualité. La vie pure. Pas une vie forcément heureuse, mais, l’expression revient sans arrêt dans l’Adolescent, une vie vivante. Et donc on peut aimer tout ce qui peut faire éprouver la vie vivante, y compris la souffrance, l’excès ou la prison.
    La vie de Dostoïevski est une tragédie : il a vécu la détention en Sibérie, la pauvreté, la mort de sa femme et de sa fille, l’addiction aux jeux, l’épilepsie, mais il n’arrête pas d’aimer passionnément la vie. Tout comme ses personnages les plus dérangés. Nastasia Philippovna qui brûle un sac de 100'000 roubles dans un feu de cheminée. Rogojine qui assassine cette femme dont il est fou amoureux. Raskolnikov qui tue et qui va de lui-même en prison.
    Dostoievski et ses personnages, c’est des exemples d’amor fati, l’amour du destin, dont parle Nietzsche. Nietzsche qui est influencé par Dostoïevski, il dit : c’est la seule personne qui m’ait appris quelque chose en psychologie. Et Dostoïevski c’est l’exemple parfait de l’amor fati, cet amour de la vie telle qu’elle se présente, même quand elle est tragique.
    Et je crois que malgré toute la distance qui nous en sépare, on a quelque chose de cet amour de la vie. On a beau avoir ces bons conseils, d’inspiration stoïcienne ou épicurienne, c’est ce qui passe aujourd’hui pour la philosophie, du développement personnel, eh bien on va malgré tout régulièrement se saboter. Et c’est pas grave, Dostoïevski nous le dit, parce que c’est notre façon à nous d’éprouver la vie dans toute son intensité. Parce qu’on sait bien, comme l’a dit un autre homme voué à la peine capitale, Socrate, qu’à partir du moment où nous sommes nés, on est aussi, comme Dostoïevski, tous et toutes des condamnés à mort.

ความคิดเห็น • 14

  • @kobi6757
    @kobi6757 2 ปีที่แล้ว +11

    Quel plaisir de vous revoir!

    • @maudeb9660
      @maudeb9660 2 ปีที่แล้ว +3

      Et il revient avec en grand avec Dostoïevski 👌

  • @marinbastard-r3892
    @marinbastard-r3892 2 ปีที่แล้ว +6

    Incroyable le retour

  • @imaderrh7749
    @imaderrh7749 2 ปีที่แล้ว +6

    Bon retour à vous

  • @elmanito3226
    @elmanito3226 2 ปีที่แล้ว +7

    PAAAAAAAAAAAA IS BACK

  • @meganestempfel3186
    @meganestempfel3186 2 ปีที่แล้ว +6

    Heureuse d'apprendre le retour de tes vidéos ! :)

    •  2 ปีที่แล้ว +2

      Merci! Oui, c'est reparti pour un tour:)

  • @Milenija1929
    @Milenija1929 ปีที่แล้ว

    MERCI 🙏EXCELLENT 👌

  • @acHe607
    @acHe607 2 ปีที่แล้ว +7

    Ça fait un bout de temps que les frères Karamasov m'attend sur mon étagère. J'espère le commencer bientôt, après avoir fini ma lecture actuel.

    •  2 ปีที่แล้ว +2

      Tu m'en diras des nouvelles...

  • @amalakeita6093
    @amalakeita6093 2 ปีที่แล้ว +7

    J'ai failli croire que vous ne reviendriez jamais 😁

  • @yousfiyasmine8022
    @yousfiyasmine8022 2 ปีที่แล้ว +2

    Très contente de vous revoir! 😇

    •  2 ปีที่แล้ว

      Merci:)

  • @utunumsint33
    @utunumsint33 8 หลายเดือนก่อน

    Ayant lu "Crime et chatiment", je me pose la question : une vive vivante certes mais non pas denué de toute morale il me semble ? Dans crime et chatiment, on voit bien que ce qui donne du sens a la vie de Raskolnikov apres son meurtre c'est de pouvoir payer pour ce qu'il a fait (desir de justice présent en chacun mais aussi de pouvoir réparer quand bien même sa peine ne ramènerait pas en vie la logeuse. (Vers une justice transcendante : le pardon divin)
    Donc Dostoievski prone une vie vivante certes, mais non pas denué de morale. D'ailleurs la seule esperance qui a la fin fait tenir Raskolnikov cest lamour de Sonia qui lui permet de se pardonner et de saimer et d'aimer a nouveau et en retour.