Levinas

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  • เผยแพร่เมื่อ 29 ก.ค. 2024
  • Que nous dit un visage si on le laisse parler ? Cette question ouvre toute la philosophie d’un célèbre élève de Husserl, Emmanuel Levinas.
    Si on s’arrête sur le visage, dit Levinas, il est pas seulement l’assemblage d’un nez, d’un front et d’yeux, etc. Il se présente comme faiblesse et comme autorité. Faiblesse du sans-défense. Le visage est désarmé, il peut prend des contenances mais si on regarde bien, même chez les gens sérieux, l’enfant est pas très loin. Et cette faiblesse est paradoxalement autorité, parce que cette vulnérabilité me donne un ordre, le visage me commande et me dit : « Tu ne me tueras pas », tu prendras soin de moi.
    Pour comprendre Levinas, il faut savoir que pendant la guerre, il est fait prisonnier par les nazis. Il est juif, mais c’est pas à titre de juif qu’il est détenu. Il est détenu comme soldat français. Ce qui lui a permis de survire au camp. Et dans ses Carnets, il raconte une rencontre avec un chien. Les Allemands nous regardaient plus comme des hommes. On était une quasi-humanité, une bande de singes. Mais voilà qu’un chien errant entre dans notre vie. « Dernier kantien de l’Allemagne nazie, n’ayant pas le cerveau qu’il faut pour universaliser les maximes de ses pulsions, il descendait des chiens d’Egypte »
    Ce que suggère la phrase de Levinas, c’est que la morale avec Kant s’est égarée dans l’abstraction. Et s’il fallait, pour refonder l’éthique après la Shoah, revenir à cette petite bonté. Revenir à des expériences vécues et à la rencontre du visage.
    Si j’entre en éthique en rencontrant le visage, quand est-ce que j’en ressors ? Jamais. Je ne suis jamais quitte, je deviens l’otage d’autrui. Etre sujet dit Levinas, c’est être sujet DE quelqu’un, en état de sujétion, soumis à lui. Ses besoins passent avant les miens.
    Chez Levinas, la responsabilité est pas un contrat, et c’est pas non plus un apprivoisement. Je la décide pas, elle est déjà là depuis toujours et pour tout le monde. « Nous sommes tous coupables de tout et de tous devant tous, et moi plus que les autres », dit Dostoievski dans Les Frères Karamazov.
    Levinas cite souvent le Talmud : « Si je ne réponds que de moi, suis-je encore moi ? ». La réponse est non.
    Levinas ne donne pas de solution, il montre que l’unité tranquille de notre essence est brisée par autrui. C’est vrai en éthique, mais c’est aussi vrai dans la relation érotique. Soit on voit l’autre comme un objet de jouissance. Modèle du donjuanisme. J’absorbe, je consomme l’autre, c’est ma nourriture avant que je cherche une autre nourriture. Soit on a une vision romantique de l’amour et on ne cherche pas la consommation, mais la fusion. On cherche l’être qui nous complètera, avec qui on pourra constituer un tout stable - ou même reconstituer un tout, si on se rappelle du récit mythique du Banquet. Mais l’intérêt de l’eros, c’est pas faire qu’un, c’est d’être deux et de jamais fusionner. C’est tourner autour d’un mystère, c’est le fait que même quand je l’enlace, l’autre se déroble.
    Qu’est-ce qu’une caresse érotique ? demande Levinas. C’est pas l’activation stratégique d’un épiderme pour produire une excitation. C’est UNE RECHERCHE. De quoi ? On sait pas. C’est très confus. Et « ce « ne pas savoir », ce désordonné fondamental, dit Levinas, en est l’essentiel. La caresse cherche autrui, sans y parvenir, et c’est dans cet échec que réside la jouissance.

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