ARISTOTE - But de la vie et bonheur selon l'Ethique à Nicomaque d'Aristote (2/2)

แชร์
ฝัง
  • เผยแพร่เมื่อ 3 ต.ค. 2020
  • Dans cette deuxième vidéo consacrée à l’Ethique à Nicomaque d’Aristote, je fais d’abord quelques précisions sur le concept de bonheur : il existe une définition souvent employée, d’après laquelle le bonheur serait un état de satisfaction durable ; il s’agit de ce qu’on pourrait appeler la définition moderne usuelle. Elle est très différente de la définition du bonheur comme « but de la vie » puisqu’elle donne un contenu à ce que devrait être le but ultime, ce qui la rend contestable puisque quelqu’un pourrait très bien dire que son but n’est pas de trouver une satisfaction durable, ou encore, pas n’importe quelle satisfaction durable. De plus, on dit généralement que cette définition est plutôt propre à la modernité par opposition à l’antiquité, car elle se concentre exclusivement sur le sentiment subjectif de satisfaction, alors que pour les anciens comme Aristote, l’eudaimonia était bien plutôt un état objectif. Cette distinction entre une conception moderne et une conception antique n’est pas dépourvue de sens mais il ne faut pas en faire une opposition caricaturale. D’après Aristote, quelqu’un qui n’est pas satisfait de sa vie, qui n’a pas de plaisir à vivre, n’est pas non plus heureux, par définition. Je renvoie à ce que Bodéüs appelle la 8ème partie de l’Ethique à Nicomaque (EN VII, chap.12-15). Pour déterminer quel est le but ultime vraiment approprié à l’être humain, Aristote, reprenant d’ailleurs une idée de Platon à la fin du livre 1 de la République, soutient qu’il faut trouver quelle est la fonction propre ou la fonction naturelle de l’être humain : « Dans le cas d'un joueur de flûte, d'un sculpteur, ou d'un artiste quelconque, et en général pour tous ceux qui ont une fonction ou une activité déterminée, c'est dans la fonction que réside, selon l'opinion courante, le bien, l’excellence. On peut penser qu'il en va de même pour l’être humain, s'il est vrai qu'il y ait une certaine fonction spéciale à l’être humain. Serait-il possible qu'un charpentier ou un cordonnier aient une fonction et une activité à exercer, mais que l’être humain n'en ait aucune et que la nature l'ait dispensé de toute œuvre à accomplir ? Ou bien encore, de même qu'un œil, une main, un pied et, d'une manière générale, chaque partie d'un corps, a manifestement une certaine fonction à remplir, ne doit-on pas admettre que l'homme a, lui aussi, en dehors de toutes ces activités particulières, une fonction déterminée ? » (EN, I, 6 ; 1097b25-33) Le terme de fonction est la traduction d’ergon en grec. Ce mot « ergon » a beaucoup de sens différents. Il s’agit à la fois de la fonction, de l’effet de quelque chose, ou encore de son acte. Platon avait défini l’ergon d’une chose comme étant « ce que cette chose seule peut faire, ou ce qu’elle peut faire mieux que n’importe quoi d’autre » (République I, 353a). On peut parler alors d’une éthique naturaliste, c’est-à-dire que ce qui est bien pour l’être humain est pensé comme sa fonction naturelle ; il ne s’agit pas réellement d’un choix ; cette éthique naturaliste s’oppose aux pensées qui se développeront surtout aux 19ème et au 20ème, suivant lesquelles il n’y aucune fonction naturelle de l’être humain (la notion de « nature humaine » étant elle-même rejetée). Cela sera notamment constitutif des pensées qu’on qualifie de nihiliste, mais aussi d’existentialistes ; le nihilisme pur, ou nihilisme passif comme l’appelle Nietzsche, dira qu’il n’y a aucun but naturel de la vie, ce qui implique que la vie est définitivement vaine, dépourvue de sens ; alors que certaines pensées existentialistes consisteront à dire que la vie humaine n’a pas en soi de but naturel, mais que chacun peut en quelque sorte remédier à cela en se donnant à soi-même des buts, de façon autonome. Mais on répondra alors que de tels buts sont toujours arbitraires et sans valeur, et c’est là qu’on tombe sur un problème de philosophie éthique fondamental : est-ce que l’on peut conférer volontairement de la valeur à des buts ? Aristote a défendu l’idée que tout ce qui est naturel cherche à passer d’un état de potentialité à un état actualisé ; il parle d’un passage de la puissance à l’acte (energeia) ; quand l’état de pleine actualité est atteint, il parle de réalisation ou d’état accompli (entelecheia). La nature d’une chose d’après Aristote c’est de renfermer certaines possibilités qui demandent à se réaliser, on peut dire métaphoriquement à s’épanouir. La fonction propre de l’être humain ne se trouve pas dans tout ce qui concerne les fonctions du vivant en général : se nourrir, se reproduire, croitre… L’accomplissement de soi est à chercher dans ce qui est propre à l’être humain : l’activité de la « raison ». Le mot « raison » traduit le mot grec « logos » qui signifie aussi le langage. Pour dire qu’un être parvient à réaliser pleinement sa nature, Aristote emploie le terme « aretè » qui veut dire « excellence », « vertu ».

ความคิดเห็น • 8

  • @mathieu1907
    @mathieu1907 2 ปีที่แล้ว +2

    merci les arguments sont très structurés ce qui rend la vidéo claire et compréhensible pour tous

  • @ikralis6036
    @ikralis6036 ปีที่แล้ว

    Cette vidéo relate ce que chaque être humain ressent au fond de lui de façon confuse . Merci de mettre de la lumière là où il fait sombre..

  • @SaidSaid-xe3mw
    @SaidSaid-xe3mw 3 ปีที่แล้ว +1

    Mille merci !!!

  • @wolf86sky38
    @wolf86sky38 2 ปีที่แล้ว

    Merci beaucoup pour votre travail. C'est très clair et très bien structuré

  • @ynnaf6669
    @ynnaf6669 3 ปีที่แล้ว +1

    Merci, bonne révision avant mon examen

  • @alaricdescat1513
    @alaricdescat1513 2 ปีที่แล้ว

    Génial merci :)

  • @VillageBienvenue974
    @VillageBienvenue974 3 ปีที่แล้ว +1

    "Il faut être toujours ivre. Tout est là: c'est l'unique question. Pour ne pas sentir l'horrible fardeau du temps qui brise vos épaules et vous penche vers la terre, il faut vous enivrer sans trêve.
    Mais de quoi? De vin, de poésie ou de vertu, à votre guise."

    •  3 ปีที่แล้ว +5

      Cette pensée de Baudelaire est assez marquante, en effet. Mais le nivellement à laquelle elle procède en apparence cache des relations plus complexes qu’on ne saurait négliger sans tomber dans un simplisme très dommageable (Baudelaire lui-même tombe-t-il dans ce simplisme ? la question est sans doute indécidable). Admettons que le « vin » désigne par métonymie l’ensemble des « paradis artificiels », et même plus globalement encore l’ensemble des plaisir sensibles. Admettons aussi que la « poésie » désigne l’ensemble des arts. Quant à la vertu, admettons qu’elle ne désigne pas seulement la moralité, mais aussi l’excellence intellectuelle, comme chez Aristote. Sans ces élargissements, l’injonction baudelairienne semblerait extrêmement arbitraire. On se retrouve alors avec un panorama déjà un peu plus complet des activités humaines possiblement épanouissantes (et encore), mais il reste à penser leurs relations. Aristote me semble être plus profond en instaurant une hiérarchie : l’épreuve du temps ne se surmonte pas principalement par des divertissements ou des jeux, dont font toujours partie les plaisirs sensibles. Et pour ce qui concerne le vin plus particulièrement, il semble assez évident que les alcooliques ne trouvent pas dans l’alcool un moyen réel pour se réaliser ou mener une vie accomplie.