Des bullshit jobs au bullshit management : les parasites de la productivité [Olivier Passet]
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- เผยแพร่เมื่อ 22 ก.ย. 2024
- C'est le paradoxe de notre époque. Nos économies concurrentielles déploient une armada de stratèges, de spécialistes en optimisation des organisations ou des flux, de plus en plus de cerveaux chargés de connaissances managériales ou marketing, placent les entreprises sous la tutelle d'actionnaires guettant la moindre faux pas en matière de profitabilité, font planer la menace ultime de l'intrusion de fonds activistes pour les groupes tentés par la mollesse, et cette mise sous pression débouche sur une érosion lente et sûre de la productivité horaire du travail. [...]
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Il y a 30 ans, je faisais 80% de tâches réellement productives, et les 20% restant de mon temps était consacré à expliquer et à justifier les résultats et la qualité de mon travail.
Aujourd'hui, ces pourcentages sont en passe de s'inverser ...
Merci. Il faut bien caser tous ces diplomés quelque part...
Merci ! Je confirme que c'est une catastrophe dans les entreprises aujourd'hui.
La notion même de productivité est en soi un "Procès du bas par le haut" : on ne saurait mieux dire. Bravo ! Cf.également La société malade de la gestion de V.de Gaulejac
Très, très intéressant, le concept du "Procès du bas par le haut"
A creuser ...
Ce qui est marrant, c'est que plus les entreprises veulent réduire les coûts, plus elles embauchent toute une bureaucratie manageriale pour contrôler le salarié de base soupçonné d'être tire au flanc.
Sauf que cette bureaucratie, c'est ça qui coûte cher et qui est improductif, tire au flanc. Pour un Jean Michel qui fait du marteau piqueur, y a 42 Charles Henri sortis d'une ecole de commerce dans des bureaux, quu ne servent à rien et avec un salaire trois fois superieur.
En plus le management, c'est psychologiquement mega intrusif, on demande à chaque salarié de montrer à chaque instant son adhesion à l'esprit d'entreprise et de correspondre en tout points aux attentes, avec des critères sortis tout droit de psychologie magasine, développement personnel et autres pseudo sciences, parfois pire que dans une secte. Insupportable.
En tant que Charles Henri sorti d'école de commerce, je reconnais que plusieurs fois j'ai eu des doutes sur mon utilité.
@@quelquunquelquun4293 Moi aussi je bosse dans un bureau après. Mais étant chef d'une petite 'entreprise je vois aussi combien coûtent toutes ces pesanteurs... Par exemple, pour donner des formations diplomantes, quel mic mac ! Combien de temps, de tonnes de papiers, de critères parfois dénués de toute pertinence, combien de frais de conseil, qui n'ont aucun rapport avec la qualité de la formation, la didactique, etc... Y a vraiment des usines à gaz, et des systèmes de rentes aussi, souvent organisés par l'Etat lui-même.
(et, dans le cas du business de la formation, j'ai pas de preuve, mais je soupçonne quand même des conflits d'intérêt sur certaines choses)
@@quelquunquelquun4293 votre honnêteté vous honore
les fils à papa habillés pour l'hiver😂
Dans mon entreprise, la patronne s'est entichée de la communication. Résultat, on a deux postes dédiés à la communication, et donc on a une super communication, mais les employés productifs partent au bout de quelques années, parce que les salaires sont trop faibles : Forcément : Une partie du budget est perdue dans la communication
Excellent..
Malheureusement cette « maladie » touche désormais toutes nos institutions, à commencer par les gouvernements et autres communautés européennes qui ne peuvent désormais plus décider de l’implantation de toilettes sans un rapport à 500000€ d’un cabinet de conseil.
Dans l’idéologie néolibérale si on aime par principe le consommateur on déteste l’individu, l’individualité, à commencer par le travailleur, surtout s’il déclare maîtriser son job. Les exemples fleurissent entre autres dans l’industrie automobile américaine des années 80.
Et même le consommateur qui pendant 2 siècle a été considéré comme un être parfaitement rationnel, postulat assez stupide au fond sur lequel toutes les « mathématiques » économiques sont basées, est désormais conspué : il est devenu conceptuellement irrationnel, soumis à des « biais cognitifs » (invention des années reines de l’idéologie de l’école de Chicago), biais qu’il convient de corriger par le « nudge ».
On a mille exemples quotidiens où les échecs que directions ou gouvernements devraient méditer comme étant le produit de leur fatuité sont attribués délicatement « aux français gaulois », à « ceux qui ne sont rien », aux « travailleurs récalcitrants au changement » qui mettraient en danger tout « le système ».
Mais il ne s’agit pas là d’un débat idéologique qui pourrait se résoudre par la discussion. C’est une question d’appropriation du pouvoir (et « accessoirement » du capital) dans des mains objectivement de plus en plus restreintes dans un contexte objectif d’échec catastrophique de la politique de mondialisation, de flux de valeurs, de libre-échangisme sans limite. Ce qui était un rêve néolibéral se heurte à des limites objectives infranchissables (écologie, zoonoses, climat, fin des énergies fossiles…) et à des limites d’affrontements sociaux qui ne sauraient tarder.
Depuis 2008 les investissements en R&D se sont évanouis au profit du rachat massif d’actions et ce n’est pas la masse grandissante de parasites du management qui pourront compenser la baisse de la productivité par des process de plus en plus fumeux et complètement coupés de toute réalité.
C'est exact le passage de r&d en bénéfice immédiat ou en rachat de part de marché (au lieu de gagner par la vente de produits supérieurs)
La toute puissance de la marque, empêche le développement d’un concurrent avec un nouveau produit meilleur et dont le consommateur ne veut rien savoir. Effectivement le consommateur n’est pas totalement rationnel.
C'est comme l'hôpital qui est en train de mourir sous le poids de la bureaucratie hypertrophiée : 1 tiers de soignants et 2 tiers d'administratifs.
Très bon ! Les indicateurs sont certes contestables car on a exporté les emplois de production. En revanche, d'Iribarne reste incontournable dans cette critique de l'exportation de modes de management américains dans des sociétés qui ne fonctionne pas comme le monde anglo-saxon. La France était un pays à "la logique de l'honneur" qui avait l'avantage de faire une très haute productivité et qualité pour un prix modique, on le remplace par un système contractuel avec des enjeux de contrôle des prestations fournies. Cela ne peut que mal se passer.
Peut-être un retour dans quelques temps de la formule "que les gros salaires lèvent le doigt" (film des 80's) quand il faudra faire des arbitrages compte tenu de la nécessité de mieux payer les gens du bas en raison de problème de recrutement que l'on constate dans certains secteurs. ça ne serait que justice. A la place de certains cadres que se voient télétravailler 3 j par semaine à la campagne avec un bon salaire, je me dirais qu'il faudrait peut-être que je remette un peu les pieds au bureau histoire de ne pas me faire oublier.
merci pour votre tres juste anayse des dérives des entreprises, c'est exact. Signé un Lean Expert senior.
La baisse générale de productivité dans les organisations décrites ici comme bureaucratiques ne peut-elle venir également d'une démotivation globale des équipes devant la vacuité de telles organisations managériales qui favorisent ces fonctions parasites aux détriments des fonctions dites de "cœur de métier"?
Analyse qui colle parfaitement avec ce que je vis au travail aujourd’hui. Du reporting à n’en plus finir au détriment de l’assistance et du service client. Ceux-ci sont mécontents mais mes tableaux de bord sont à jour. Ouf….
Si la problématique de l'essoufflement de la productivité est ubiquitaire aux économies, aux organisations, et aux cultures c'est peut être que l'essentiel de la cause est à voir ailleurs que dans le système organisationnel.
La question est à mon avis mal posée alors que l'analyse est intéressante et pertinente.
Il est assez évident que l'essoufflement est d'abord une problématique technique et technologique puisque l'origine de l'augmentation de la productivité provient de ces sources. Si demain l'IA permettait d'avoir des robots à bas coût remplaçant l'essentiel des activités humaines, couplé à l'évitement des limitations des ressources naturelles, nulle doute que nous aurions une explosion de la productivité.
Les observables permettant d'évaluer le parrasitage des systèmes productifs est plus à rechercher du côté des éléments sociaux et psychologiques comme vous le soulignez à un moment dans la vidéo.
Cela me rappelle une vidéo sur cette même chaîne au sujet de la valorisation des "incompétents fidèles" dans les système managériaux qui m'avait semblé tout à fait pertinent. On constate effectivement la montée hiérarchique de personnes qui pourtant sont des brèles intersidérales, juste parce qu'il (ou elle) est fidèle vis à vis de la personne qui l'a fait monter
Voilà la vidéo dont je fais référence: th-cam.com/video/iLeKH6LiPn8/w-d-xo.html
La notion de complexification de l'environnement, de la société, qui engendre nécessairement de la complexité n'est pas fausse, mais inverse en partie selon moi les causalités. En effet, cette complexité croissante de l'environnement est aussi une illustration de la "bullshitisation" qui ne concerne pas seulement les entreprises, mais l'ensemble de la société. La production de normes publiques et para-publiques et la bureaucratisation des organisations privées relèvent du même processus et tous ces phénomènes s'entretiennent mutuellement. Par exemple, je bosse depuis longtemps dans les affaires publiques et je suis effaré par l'inflation normative qui s'est accélérée et n'est pas liée à notre dilection nationale traditionnelle pour l'Etat. C'est plus profond, il y a une forme d'intrusion permanente des normes dans la gestion des entreprises et une injonction à l'égard des entreprises pour que'elles mettent en place des process (cf l'explosition de la conformité) qui alimente la bureaucratie. L'échellon européen a une grande part de responsabilité dans ce phénomène, la production normative de l'UE est en roue libre actuelle, c'est du délire (le RGPD est l'exemple le plus récente, qui contribue à créer des emplois de DPO à l'utilité douteuse). et ce serait une illusion de croire que les sociétés ango-saxonne, réputée plus libérales, sont épargnées au contraire elles sont souvent motrices dans cette évolution. ça dépasse vraiment les oppositions traditionnelles public-privé, c'est systémique et l'origine de ceci a sans doute plus à voir avec la sociologie (il faut bien occuper cette masse de cols blancs), la culture (la compliance comme forme de "protestantisation" de la société) q'avec l'économie stricto sensu.
En réalité, on ajoute de nouvelles contraintes en permanence à la production ! Par exemple : Ce qui est produit est-il nocif pour la santé du consommateur ? Eh bien, on va le tester ! Pour la santé du fabricant ? On va vérifier aussi. Utilise-t-il des produits locaux ? Trop d'énergie ? Trop d'eau ? L'entreprise emploie-t-elle suffisamment de femmes, de travailleurs handicapés, de travailleurs à temps partiel, de travailleurs 'issus de la diversité' ?? Et tout ça, il faut le contrôler, le mesurer, le piloter !
Le but n'est pas d'accroitre la productivité, de toutes façon on produit déjà trop ! Trop de voitures, de micro-ondes, de téléphones, de télés, etc.
On cherche à produire mieux, plus vertueux, ...
Et on multiplie à l'infini les normes et contraintes ! Plus de 1.500 normes dans le bâtiment m'a-t-on dit ! Mieux isolé, sans amiante, sans plomb, adapté aux handicapés, etc. Tout ça coûte très cher et complexifie énormément la production. Pour moi, c'est la première raison de la multiplication de ces métiers et de la stagnation de l'économie.
On ne voit pas non plus les progrès réalisés, par exemple par l'informatique. Autrefois, il fallait perdre une demi-journée de travail pour se rendre au guichet d'une administration pour traiter un dossier avec un employé souvent décevant (amabilité et compétence questionnables). Aujourd'hui, on traite à distance, les processus sont parfois défectueux mais on ne perd plus une demi-journée.
En revanche, je partage votre point de vue sur le constat que les gens sur le terrain soient si mal rémunérés : Bâtiment, Professions médicales, Gardiennage, Livraisons, ..., et que les dirigeants captent de plus en plus de richesse.
Merci pour votre analyse
excellent!!!!
Le bullshit est à son zénith. Le télétravail a surtout decomplexé les managers qui s'autorisent maintenant de faire travailler leurs cadres H24. Et les entreprises osent conseiller à leurs salariés de faire des pauses écran toutes les six heures. Ben oui, tant que leurs salariés bossent près de 12 heures par jour non stop, ça ne les gêne pas. La QVT est le plus gros bullshit du moment tout comme la RSE d'ailleurs. A quand un master bullshit management ?
Paradoxalement une contre productivité induite par une gestion délétère du travail qui vient des US..CQFD
Bullshit job. ce terme date de 2013? je l'ignorais mais çà ne me surprend guère de constater qu'en 2024, ce problème non seulement perdure mais en plus s'intensifie. toutefois je constate que même en bas de l'échelle, on t'impose de plus en plus de tâches futiles pour prétendre optimiser ton propre travail.
Si un pays a un ensemble d’entreprise de "fabrication" comme vous dites avec une forte productivité. Les nouveaux agents économiques qui arrivent sur le marché vont aller au plus simple en terme d’innovation, au moins risqué et où il y aura le moins besoin d’apport en capital : les services. C’est un choix rationnel individuellement, mais préjudiciable pour la croissance et la productivité
Les pays avec une base importante industrielle auront les nouveaux entrants qui iront vers les services et qui se serviront de la productivité et de la richesse crée par le secteur industriel pour s’enrichir dans une moindre mesure. D’où cette baisse de la productivité sur la durée
Je ne donne qu’un facteur explicatif, il doit y en avoir d’autres
Chronique très pertinente. Cela étant, on ne peut pas mettre dans le même sac la R&D qui in-fine produit---ou au moins essaye de produire---de la valeur et toute la couche managériale de plus ou moins grands chefs qui passent leur temps à se positionner et à surveiller les producteurs. Cette dernière caste, que Deneault appelle la médiocratie, n'est en aucun cas la solution, elle est le problème. Pour le dire crûment, elle est l'armée de chiens de garde au service des intérêts du capitalisme financier d'aujourd'hui. Son rôle n'est absolument pas d'améliorer la production (ou la productivité), mais bien de maintenir les producteurs dans un état permanent de stress et d'incertitude, afin qu'ils ne puissent pas se révolter contre ce qui est de plus en plus évident : ce système nous conduit droit dans le mur, une minorité de plus en plus réduite accapare les richesses et saccage la planète.
L'économie de l'illusion, l'économie du néant...
Le truc rigolo c'est le graph de la productivité des métiers scientifiques par rapport à l'industrie. Si c'est pondre des thèses plus ou moins bâclé... C'est dans ce cas un bullshit job. De plus il y quasi aucune manière actuelle pour optimiser et automatiser la science par rapport à l'industrie. Mis a part certain domaines comme les pcr et l'analyse de l'adn auquel cas c'est devenu abordable par rapport au projet d'origine du séquencage du génome humain.
Je confirme que j'ai été plusieurs embauché pour rien. Le covid m'a convaincu que les métiers les plus utilisés sont les moins bien payés. Les agriculteurs, les éboueurs et les chauffeurs livreurs sont utiles. Un informaticien ou un consultant en conseil, je ne vois pas toujours leur utilité.
Leur job est de supprimer d'autres job avec l'automatisation. 👀