L’École nouvelle cévenole (trim. 3 2024)

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  • เผยแพร่เมื่อ 24 มิ.ย. 2024
  • En 1541, les réformateurs genevois se dotent d’une Discipline ecclésiastique qui stipule : « Les Églises feront tout devoir de dresser écoles et donner ordre que la jeunesse soit instruite. » Plus loin, les motifs se dévoilent : « Les pères et mères seront exhortés de prendre soigneusement garde à l’instruction de leurs enfants qui sont la semence et la pépinière de l’Église. » L’objectif était bien l’affermissement de l’institution par la lecture de la bible plutôt que l’émancipation des individus.
    À la fin du XIXe siècle, une autre conception de l’éducation émerge dans les milieux anarchisants. Évoquons trop rapidement les premiers pédagogues libertaires :
    Le réputé Élisée Reclus (1830-1905), aux racines protestantes rejetées, qui est à l’origine de l’université nouvelle de Bruxelles,
    L’institutrice Louise Michel (1830-1905) si impliquée auprès des fillettes puis des Kanaks lors de sa déportation en Nouvelle-Calédonie,
    Paul Robin (1837-1912) à l’orphelinat de Cempuis en Picardie, soutenu par le directeur de l’Enseignement primaire, Ferdinand Buisson (1841-1932), franc-maçon protestant et futur prix Nobel de la paix.
    Le Catalan Francisco Ferrer (1859-1909) fusillé sommairement par le pouvoir royal catholique d’Espagne en réaction à sa subversive école moderne de Barcelone (1901 à 1906).
    Enfin un Stéphanois de naissance, Sébastien Faure (1858-1942), marié à une protestante de cette ville, et grand penseur de l’éducation intégrale. En 1904, il fonde une école nouvelle, La Ruche à Rambouillet, financée par ses conférences jusqu’à la guerre de 1914.
    Avec cette même volonté de réformer l’éducation, parfois avec des finalités différentes, d’autres expériences pédagogiques virent le jour en ce début du vingtième siècle. Pour l’histoire chambonnaise, il faut citer l’École nouvelle près du château des Roches.
    Edmond Demolins (1852-1907) ouvre en 1899 une « École nouvelle près du château des Roches » à Verneuil-sur-Avre, en Normandie, pour des garçons hébergés dans des bâtiments d’internat dispersé sur le campus.
    Trois ans après sa création, deux professeurs Georges Bertier (1877-1962) et Henri Trocmé (1873-1944) sont recrutés. Bertier en devient le directeur jusqu’en 1944 avec Trocmé pour adjoint (en 1911).
    Le couple Ève (1875-1944) et Henri Trocmé finance la construction d’un des internats, Les Sablons, qu’ils dirigent jusqu’à leur décès en 1944. Ils y favorisent des activités philanthropiques comme le soutien aux colonies de vacances portées par la Chambonnaise Marguerite de Félice, amie d’enfance d’Ève Trocmé.
    Henri recrute aussi le fils d’un pasteur du sud-ouest, Gustave Monod (1885-1968) qui deviendra directeur de l’enseignement secondaire (1945 à 1951) au ministère de l’Éducation nationale. Là, ce rocheux réformera l’instruction publique en créant des « classes nouvelles » sur le modèle de l’école des Roches.
    En 1921, une Ligue internationale pour l’éducation nouvelle est créée pour remplacer l’école traditionnelle critiquée. Sa revue (Pour l’ère nouvelle) dirigée par le Genevois Adolphe Ferrière (1879-1960) diffuse largement ces idées et sa charte des « 30 points qui font une école nouvelle ».
    Un autre habitant de Genève, Charles Guillon (1883-1965), suit ce mouvement pédagogique et envisage la création d’un tel établissement au Chambon-sur-Lignon dont il devient maire en 1931. En 1936, la venue au village d’un médecin très dynamique, Roger Le Forestier (1908-1944), formé à l’École des Roches, fortifie cette idée. Jusqu’à son mariage en 1939, il est hébergé chez le pasteur André Trocmé (1901-1971), cousin germain du sous-directeur de l’École des Roches. Ce projet mûrit donc dans ce presbytère et en 1938, le pasteur obtient de son consistoire un second poste pour sa réalisation. Guillon propose le recrutement d’Édouard Theis (1899-1984), qui lance effectivement cet établissement sous le nom de : École nouvelle cévenole, en accord avec ses deux fondements : L’éducation nouvelle dont l’école des Roches est alors le fleuron et son ancrage réformé.
    À la rentrée de 1938, une quinzaine d’élèves suivent quelques cours dans différents lieux du village avec des maîtres improvisés. L’année suivante, la venue de trois professeures d’un réputé collège protestant de Strasbourg apporte l’expérience pédagogique manquante. L’une d’elles, Lucie Pont, prend la direction administrative de l’école, associée à Theis qui préserve les orientations initiales. Puis une solide équipe professorale encadre les quelques trois cents élèves à la fin de la Seconde Guerre mondiale.
    En 1942, André Trocmé esquisse un premier bilan à son ami, l’illustre pédagogue luthérien Friedrich Siegmund-Schultze (1885-1969) et l’inscrit alors dans le pacifisme international dont le second est un des maîtres à penser. Jusqu’à sa retraite en 1964, Theis maintient cette quadruple empreinte : pédagogie innovante, protestante, pacifiste et internationaliste, même si l’établissement est renommé « Collège cévenol » en 1945, jusqu’à sa fermeture en 2014.

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