Je suis en train de lire toute la recherche. Un foisonnement de mots, de phrases alambiquées qui crée un style. Le style inimitable de Proust, comme l’est celui de Chateaubriand, de Pascal, de Saint-Simon, de Céline etc. En effet comme le dit si bien Nathalie Sarraute peu importent les personnages, les intrigues, tout réside dans cette substance psychique élaborée par les pensées, les états d’âme analysés au microscope. Peu importent les intrigues, on se laisse porter vers des sommets jamais atteints jusque là où l’éther évanescent nous plonge dans l’olympe. De retour sur terre, après avoir fermé le livre, on se dit que Proust a ouvert une voie jamais explorée. Fatigué par cette exigence de concentration mais comblé, je reprends ma lecture sachant avec certitude que j’irai jusqu’au bout de l’aventure ...
2:50 Proust met au jour une substance psychique ou psychologique absolument neuve et par le fait même de cette mise au jour de cette substance, tous cadres du roman traditionnel ont craqués. Il y a dans Proust des personnages, une histoire et une sorte d'intrigue mais la force, la richesse de cet univers psychologique qui est mis au jour, cette substance anonyme propre à tous, qui existe dans chacun des personnages, fait qu'ils perdent de leur importance. Le lecteur est fixé sur l'importance de cette substance qui est mis au jour. L'histoire disparaît complètement ainsi que les événements, les caractères et les personnages qui ne sont que les supports de cette substance anonyme que Proust a mis au jour.
5:20 Tout écrivain est toujours critique à l'égard de la société qu'il décrit puisqu'il découvre toujours derrière les apparences quelque chose de secret et de caché.
6:22 Sans la découverte d'une parcelle ou d'une grande part de la vie psychique, il n'y a pas possibilité de créer une forme neuve. Le contenu et la forme ne sont qu'une seule et même chose. C'est cette recherche d'une réalité nouvelle qui lui a fait balayer les apparences et qui l'a amené à créer un style qui lui est propre. Ces longues phrases sinueuses qui cherchent à s'infiltrer dans tous ces méandres des états ténues qu'il veut décrire. - c'était constamment la recherche de quelque chose de réel (derrière les apparences) qu'il voyait derrière l'apparence, et cette recherche le forçait à créer un instrument de recherche qui était sa forme neuve "le style pour l'écrivain, comme la couleur pour le peintre, est une question non de technique mais de vision".
7:53 Ce monument de langage, comme dans toutes les grandes oeuvres littéraires, ramène à une pensée nouvelle. Il ne s'agit jamais d'une recherche pure de forme. Le langage est un outil chez Proust.
9:21 Il y a chez Proust tout un côté qui est encore de l'analyse pure, de l'analyse intellectuelle qui est un peu immobile. Une analyse qui porte sur une substance qui est comme figée dans le souvenir. Joyce lui, a mis en mouvement cet univers psychologique. C'est l'écoulement du flot de la conscience qui est visible chez Joyce. En ce sens, il semble que Proust a découvert un immense continent psychologique et que Joyce a essayé de le mettre en mouvement.
10:15 ces états psychologique chez Sarraute sont toujours en mouvement et elle les montre en train de se faire ; c'est dans le rythme où il se fait qu'elle essaye de saisir.
je crois que c'est la premiere fois que quelqu'un dit clairement que le sens de cette oeuvre est une sorte de force anonyme et c est vrai a part de bloch charlus et un peu odette je ne me souviens pas des personnages
Ici elle ne parle pas de « force » mais de substance anonyme, sous « l’enveloppe »-, qui est sa théorisation, en réduisant la lecture de Proust aux caricatures (presque) qu’elle en fait pour les besoins de sa démonstration. Néanmoins riche, lire surtout « Martereau ».
Sollers lui parlera du « fond » de l’intériorité, irréductible au Sujet, que Bataille indique chez Proust,- dont il se servira dans Drame et Nombres. Mais aussi de l’auto réflexion textuelle et du « grammaticalisme », que l’on retrouvera chez Tel Quel 60’.. Si Sarraute s’exprime très nettement voir autoritairement comme dans ses pamphlets-essai, cela n’est pas forcément plus intelligent bien que plus net : sa substance semble évacuer tout rapport au Temps, à son écriture, mais aussi à une individuation par le texte, que Proust inscrit avec force à travers le temps de l’œuvre…
A des générations d enfants, qui avaient besoin d être écoutes et de s exprimer, besoins que on leur a souvent refusé , a tel point que l on arrive aujourd'hui au masque, Proust leur parle, il leur apporte des réponses des points de vue une vision et une force pour employer les mots de nathalie et ainsi il intéressé. Car qu est ce qu un adolescent qui va vers la vie peut faire de gavroche mort sur les barricades ou de Phèdre qui aime son beau fils ou des amours coupables des liaisons dangereuses de Laclos ou du condamné à mort de Camus si ce n est les enfouir dans son inconscient pour servir plus tard de réservoir a névroses et autres peurs et délires. Proust peut être apaise rassure par sa vision qui aime la vie avec force.
Une position très intéressante que cette idée de "substance psychique" dont les personnages, aussi différents soient ils, ne sont que les supports, intéressante mais je crois fausse, car c'est l'inverse: sans les personnages cette substance n'existe pas.
Rien du tout : il n’y a pas de belles « descriptions formelles » désuètes de Proust mais la recherche de Percepts de paysage, ou autre. Là aussi, comme Sollers, mais en plus antipathique, Sarraute trace sa propre théorie depuis l’horizon lointain de l’œuvre de Proust. Son concept de substance a donné des résultats souvent fascinants, notamment dans Martereau, magnifique texte. Son obsession assez malhonnête, comme toujours chez cette sale pie, de l’enveloppe figurative du personnage lui fait réduire Proust à sa recherche du mouvant anonyme…
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Un régal que d écouter Nathalie Sarraute , merci pour ce partage
Merci beaucoup, vraiment très intéressant pour comprendre la poétique de Sarraute et pour avoir un éclairage nouveau sur l'oeuvre de Proust
Merci beaucoup à vous
Un grand monsieur expliqué par une grande dame.
🥱
J'ai du écouter toute série une dizaine de fois, largement
Je suis en train de lire toute la recherche. Un foisonnement de mots, de phrases alambiquées qui crée un style. Le style inimitable de Proust, comme l’est celui de Chateaubriand, de Pascal, de Saint-Simon, de Céline etc.
En effet comme le dit si bien Nathalie Sarraute peu importent les personnages, les intrigues, tout réside dans cette substance psychique élaborée par les pensées, les états d’âme analysés au microscope.
Peu importent les intrigues, on se laisse porter vers des sommets jamais atteints jusque là où l’éther évanescent nous plonge dans l’olympe.
De retour sur terre, après avoir fermé le livre, on se dit que Proust a ouvert une voie jamais explorée.
Fatigué par cette exigence de concentration mais comblé, je reprends ma lecture sachant avec certitude que j’irai jusqu’au bout de l’aventure ...
2:50 Proust met au jour une substance psychique ou psychologique absolument neuve et par le fait même de cette mise au jour de cette substance, tous cadres du roman traditionnel ont craqués.
Il y a dans Proust des personnages, une histoire et une sorte d'intrigue mais la force, la richesse de cet univers psychologique qui est mis au jour, cette substance anonyme propre à tous, qui existe dans chacun des personnages, fait qu'ils perdent de leur importance.
Le lecteur est fixé sur l'importance de cette substance qui est mis au jour. L'histoire disparaît complètement ainsi que les événements, les caractères et les personnages qui ne sont que les supports de cette substance anonyme que Proust a mis au jour.
5:20 Tout écrivain est toujours critique à l'égard de la société qu'il décrit puisqu'il découvre toujours derrière les apparences quelque chose de secret et de caché.
6:22 Sans la découverte d'une parcelle ou d'une grande part de la vie psychique, il n'y a pas possibilité de créer une forme neuve. Le contenu et la forme ne sont qu'une seule et même chose.
C'est cette recherche d'une réalité nouvelle qui lui a fait balayer les apparences et qui l'a amené à créer un style qui lui est propre. Ces longues phrases sinueuses qui cherchent à s'infiltrer dans tous ces méandres des états ténues qu'il veut décrire.
- c'était constamment la recherche de quelque chose de réel (derrière les apparences) qu'il voyait derrière l'apparence, et cette recherche le forçait à créer un instrument de recherche qui était sa forme neuve "le style pour l'écrivain, comme la couleur pour le peintre, est une question non de technique mais de vision".
7:53 Ce monument de langage, comme dans toutes les grandes oeuvres littéraires, ramène à une pensée nouvelle.
Il ne s'agit jamais d'une recherche pure de forme. Le langage est un outil chez Proust.
9:21 Il y a chez Proust tout un côté qui est encore de l'analyse pure, de l'analyse intellectuelle qui est un peu immobile.
Une analyse qui porte sur une substance qui est comme figée dans le souvenir.
Joyce lui, a mis en mouvement cet univers psychologique. C'est l'écoulement du flot de la conscience qui est visible chez Joyce.
En ce sens, il semble que Proust a découvert un immense continent psychologique et que Joyce a essayé de le mettre en mouvement.
10:15 ces états psychologique chez Sarraute sont toujours en mouvement et elle les montre en train de se faire ; c'est dans le rythme où il se fait qu'elle essaye de saisir.
Absolutely interesting.
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je crois que c'est la premiere fois que quelqu'un dit clairement que le sens de cette oeuvre est une sorte de force anonyme et c est vrai a part de bloch charlus et un peu odette je ne me souviens pas des personnages
Il y a aussi un peintre.
Le personnage principal : Marcel. Les autres ne sont qu'un prolongement de lui-même.
Ici elle ne parle pas de « force » mais de substance anonyme, sous « l’enveloppe »-, qui est sa théorisation, en réduisant la lecture de Proust aux caricatures (presque) qu’elle en fait pour les besoins de sa démonstration. Néanmoins riche, lire surtout « Martereau ».
Merci!
bonjour
Sollers lui parlera du « fond » de l’intériorité, irréductible au Sujet, que Bataille indique chez Proust,- dont il se servira dans Drame et Nombres. Mais aussi de l’auto réflexion textuelle et du « grammaticalisme », que l’on retrouvera chez Tel Quel 60’..
Si Sarraute s’exprime très nettement voir autoritairement comme dans ses pamphlets-essai, cela n’est pas forcément plus intelligent bien que plus net : sa substance semble évacuer tout rapport au Temps, à son écriture, mais aussi à une individuation par le texte, que Proust inscrit avec force à travers le temps de l’œuvre…
Enfin c’est vite écrit : individuation des figures, des sexes; mais de l’écrivain lui-même …
A des générations d enfants, qui avaient besoin d être écoutes et de s exprimer, besoins que on leur a souvent refusé , a tel point que l on arrive aujourd'hui au masque, Proust leur parle, il leur apporte des réponses des points de vue une vision et une force pour employer les mots de nathalie et ainsi il intéressé.
Car qu est ce qu un adolescent qui va vers la vie peut faire de gavroche mort sur les barricades ou de Phèdre qui aime son beau fils ou des amours coupables des liaisons dangereuses de Laclos ou du condamné à mort de Camus si ce n est les enfouir dans son inconscient pour servir plus tard de réservoir a névroses et autres peurs et délires.
Proust peut être apaise rassure par sa vision qui aime la vie avec force.
Pourquoi pas, mais on ne peut pas dire que la relation Odette svane soit un modèle de préparation à la vie amoureuse pour l'adolescent.
@@christophep3012 il délire laisse le
Une position très intéressante que cette idée de "substance psychique" dont les personnages, aussi différents soient ils, ne sont que les supports, intéressante mais je crois fausse, car c'est l'inverse: sans les personnages cette substance n'existe pas.
Intéressant développez svp merci
@@pascaleviron8759 Je vais vous répondre. Laissez moi un peu de temps . Il faut que je me replonge dans le sujet...
Disons que cette substance peut être individuée.
Proust, toujours Proust...
quelle est la musique du début de la présentation ?
Kheira Bouhaouchine
La deuxième sonate pour violon et piano de Fauré, le deuxième mouvement.
Extra-lucide et écartant avec force les incongruités et les fausses profondeurs de certains discours sur Proust.
Rien du tout : il n’y a pas de belles « descriptions formelles » désuètes de Proust mais la recherche de Percepts de paysage, ou autre. Là aussi, comme Sollers, mais en plus antipathique, Sarraute trace sa propre théorie depuis l’horizon lointain de l’œuvre de Proust. Son concept de substance a donné des résultats souvent fascinants, notamment dans Martereau, magnifique texte. Son obsession assez malhonnête, comme toujours chez cette sale pie, de l’enveloppe figurative du personnage lui fait réduire Proust à sa recherche du mouvant anonyme…
Un régal que d écouter Nathalie Sarraute , merci pour ce partage