Quelle aventure aborder cette méconnue Messe de Requiem de Saint-Saëns! On est dans le royaume de la musique la plus pure. L'orgue soutient les voix, mais dans le même sens des voix, non pas dans la recherche des possibilités expressives de l'instrument en lui-même. Les soli se détachent très peu du choeur, maintenant presque toujours la douceur In Ripieno. Des dissonnances un peu partout. Un dessin musical très abstrait. Des mélodies archaïques qui ne ressemblent à aucune autre musique sacrée connue. La mélopée monotone tourne parfois à la mélodie, mais bien triste! Ce ne sont pas des prières sollennelles dirigées à un Tout-Puissant que l'on suppose attentif à son peuple suppliant. Il y a pas de question posée sur la Vie de l'Au Delà. C'est le Néant qui parle. L'absence d'expressivité affective devient une sorte d'expressivité en elle-même. Pièce absolument unique en son genre, sans parenté ni rapport avec aucune autre, voilà un langage musical d'une modernité inouïe pour son époque (1878). Vers la fin, on peut respirer un peu d'air frais et sortir du vertige du Néant avec l'Agnus Dei. Mais la fin de l'oeuvre approche, et c'est à nouveau le Noir qui nous cerne. Le ton des accords descend doucement, et tout à coup, l'oeuvre finit. Le silence clôt la musique. Il y a pas d'Humanité qui sauve notre sensibilité. On pourrait songer à un ouvrage d'une ton lugubre, mais c'est l'originalité de l'expressivité non-voulue qui fait de cet ouvrage quelque chose d'hors du commun. Il n'y a pas de prière, mais une sorte de rabâchage psalmodique qui possède une grande force en lui-même, puisqu'il prend sa source dans le Néant, par la voie négative, et non pas par une Foi positive. Et puis il est temps d'en finir d'une bonne fois avec le fameux mythe sur Berlioz comme "le seul" musicien français Romantique. Hommage à Berlioz, génie de la Musique, entre tous! Mais quant à sa prétendue condition "d'unique" musicien Romantique français, rien de plus faux! Saint-Saëns est là pour démontrer le contraire. Connaissant personnellement Berlioz, et ami de Liszt, ce fût celui-ci qui se chargea de présenter le chef d'oeuvre lyrique du Maître, Samson et Dalila, à Weimar. Liszt était devenu régisseur de l'ancienne capitale de Thuringe, et la première de l'opéra de Saint-Saëns fût présentée en allemand, interpretée par le célèbre Alto de l'époque Astrid von Müller, qui avait creé auparavant, à Weimar aussi, la première Senta du Vaisseau Fantôme de Wagner. L'amitié entre Liszt et Saint-Saëns permit aussi que celui-ci soit invité à l'inauguration du célèbre Théâtre Lyrique de la Wahnfried à Bayreuth. On connaît la parenté existente entre Liszt et Wagner, celui-ci étant gendre du grand musicien hongrois et époux de Cosima Liszt, fille qu'elle était du grand pianiste et de Marie d'Agoult, née de la liaison parisienne de Liszt. Comme on peut apprécier, Saint-Saëns a été tout à fait en rapport avec le cercle Romantique le plus éloquent. Merci de nous faire connaître le Requiem de Saint-Saëns. On frémit, on a presque peur d'écouter cette mélopée lugubre, mais c'est absolument formidable! Pedro Miguel, Mar del Plata, Argentine.
Avec ce Requiem, ce Chef d'Oeuvre passablement désaffecté par les Chefs, c'est toute une esthétique musicale, "la grande musique", comme certains la nommaient, classique, post romantique, qu'on enterre. Après les quelques feux impressionnistes de Fauré et Duruflé, qui se penchera encore sur ce Requiem, cette tombe ? L'atonalité, très peu, un peu Britten encore, avec une oeuvre hybride, peut-être Schnittke, puis...
Quelle aventure aborder cette méconnue Messe de Requiem de Saint-Saëns! On est dans le royaume de la musique la plus pure. L'orgue soutient les voix, mais dans le même sens des voix, non pas dans la recherche des possibilités expressives de l'instrument en lui-même. Les soli se détachent très peu du choeur, maintenant presque toujours la douceur In Ripieno. Des dissonnances un peu partout. Un dessin musical très abstrait. Des mélodies archaïques qui ne ressemblent à aucune autre musique sacrée connue. La mélopée monotone tourne parfois à la mélodie, mais bien triste! Ce ne sont pas des prières sollennelles dirigées à un Tout-Puissant que l'on suppose attentif à son peuple suppliant. Il y a pas de question posée sur la Vie de l'Au Delà. C'est le Néant qui parle. L'absence d'expressivité affective devient une sorte d'expressivité en elle-même. Pièce absolument unique en son genre, sans parenté ni rapport avec aucune autre, voilà un langage musical d'une modernité inouïe pour son époque (1878). Vers la fin, on peut respirer un peu d'air frais et sortir du vertige du Néant avec l'Agnus Dei. Mais la fin de l'oeuvre approche, et c'est à nouveau le Noir qui nous cerne. Le ton des accords descend doucement, et tout à coup, l'oeuvre finit. Le silence clôt la musique. Il y a pas d'Humanité qui sauve notre sensibilité. On pourrait songer à un ouvrage d'une ton lugubre, mais c'est l'originalité de l'expressivité non-voulue qui fait de cet ouvrage quelque chose d'hors du commun.
Il n'y a pas de prière, mais une sorte de rabâchage psalmodique qui possède une grande force en lui-même, puisqu'il prend sa source dans le Néant, par la voie négative, et non pas par une Foi positive.
Et puis il est temps d'en finir d'une bonne fois avec le fameux mythe sur Berlioz comme "le seul" musicien français Romantique. Hommage à Berlioz, génie de la Musique, entre tous! Mais quant à sa prétendue condition "d'unique" musicien Romantique français, rien de plus faux! Saint-Saëns est là pour démontrer le contraire.
Connaissant personnellement Berlioz, et ami de Liszt, ce fût celui-ci qui se chargea de présenter le chef d'oeuvre lyrique du Maître, Samson et Dalila, à Weimar. Liszt était devenu régisseur de l'ancienne capitale de Thuringe, et la première de l'opéra de Saint-Saëns fût présentée en allemand, interpretée par le célèbre Alto de l'époque Astrid von Müller, qui avait creé auparavant, à Weimar aussi, la première Senta du Vaisseau Fantôme de Wagner. L'amitié entre Liszt et Saint-Saëns permit aussi que celui-ci soit invité à l'inauguration du célèbre Théâtre Lyrique de la Wahnfried à Bayreuth. On connaît la parenté existente entre Liszt et Wagner, celui-ci étant gendre du grand musicien hongrois et époux de Cosima Liszt, fille qu'elle était du grand pianiste et de Marie d'Agoult, née de la liaison parisienne de Liszt. Comme on peut apprécier, Saint-Saëns a été tout à fait en rapport avec le cercle Romantique le plus éloquent.
Merci de nous faire connaître le Requiem de Saint-Saëns. On frémit, on a presque peur d'écouter cette mélopée lugubre, mais c'est absolument formidable!
Pedro Miguel, Mar del Plata, Argentine.
Brilliant performance of this remarkable Requiem.
Bravo!
Avec ce Requiem, ce Chef d'Oeuvre passablement désaffecté par les Chefs, c'est toute une esthétique musicale, "la grande musique", comme certains la nommaient, classique, post romantique, qu'on enterre. Après les quelques feux impressionnistes de Fauré et Duruflé, qui se penchera encore sur ce Requiem, cette tombe ? L'atonalité, très peu, un peu Britten encore, avec une oeuvre hybride, peut-être Schnittke, puis...