Excellente vidéo ! J'ai appris plein de trucs sur une auteure dont j'avais entendu parler mais que je n'avais jamais eu l'occasion d'étudier. Like et follow immédiat comme il se doit en ce qui me concerne.
Vulgarisation de très haute qualité, wow ! Merci :) Petite question : Wittig semble penser en terme de "stratégies", comme si les dominations politiques maintenues à travers les périodes étaient pensées et appliquées par les dominants précisément dans cette optique-là. Est-ce réellement sa pensée, ou un impératif de la vulgarisation qui rend le maintien d'une culture dominante plus difficile à expliquer sans ce genre de raccourcis ? J'avais dans l'idée qu'une bonne partie de la "stratégie" de maintien d'une domination était, comme tu l'as expliqué à un endroit, basée sur le passage d'une supériorité politique à une supériorité "naturelle", qu'on ne remet donc plus en question. Auquel cas, la majorité des dominations et de leur maintien seraient en réalité dues au confort qu'elles apportent et à l'absence de remise en question (par paresse intellectuelle ou par manque de nécessité d'avoir à le faire) qu'elles finissent par créer dans les classes dominantes. Est-ce le cas ?
Hello, Wittig ne semble pas avoir détaillé l'histoire des processus de domination, leurs mécanismes. On peut en effet, si on veut faire des hypothèses au doigt mouillé (avant de se lancer dans des lectures sur le pouvoir et sur l'histoire des rapports de sexes et de genres, bien sûr, on est sérieux ici), dire que ça part d'une institution socio-politique, et qu'il y a assez rapidement un processus de naturalisation des rapports sociaux qui fait peu ou prou oublier aux genstes que les uns dominent et les autres sont dominées. Cependant, quand le caractère "naturel" de la chose est contesté (cf. les années 1970), ce n'est peut-être pas tant l'inconscient qui parle que la volonté très nette de rester un dominant (cf. le backlash). Je pense que si on veut vérifier cette hypothèse il faut aller regarder du côté de l'anti-féminisme et des productions sur le backlash, du coup des ref comme Susan Faludi et www.placedeslibraires.fr/livre/9782130816614-antifeminismes-et-masculinismes-d-hier-et-d-aujourd-hui-christine-bard-francis-dupuis-deri-melissa-blais/?affil_mid=2245 J'irais regarder dans les mois qui viennent, mais tu peux le faire aussi si ça t'intéresse bien sûr :D (j'ajoute que pour les dynamiques de pouvoir on pourra aller renifler un peu de Foucault, mais pas que) Encore merci pour ton intérêt pour la chaîne!
@Chæris Oui on peut tout à fait dire que c'est anecdotique. Je l'ai répondu dans un commentaire plus haut (ou plus bas, je ne comprends comment TH-cam range son bouzin), mais je pense que Wittig ne s'intéressait pas vraiment de près à la linguistique, à part pour dire que c'est une discipline agente du sexisme qui voit du cul hétéro partout. Bref. Du coup, pour moi, son analyse de la langue française va plus dans l'ordre de l'expérience constitutive de l'identité personnelle que dans l'histoire linguistique. Quand tu vis dans la langue française, tu sais que ce qui est utilisé comme neutre ou comme englobant c'est aussi le masculin. Et quand tu es une meuf et que tu parles de toi, tu fais référence à un état de la langue plus complexe, tu ajoutes un marqueur qui parle explicitement de ta biologique. Du coup sa lecture est de l'ordre du symbolique, mais en effet c'est très dommage qu'en tant que professeur de lettres elle n'aie pas creusé plus que ça, notamment dans la variété des langues, etc. Je pense que ce qui l'intéressait c'était de montrer le problème créé par le besoin constant de s'énoncer/se dénoncer comme appartenant à une classe dominée. Donc de cette manière la langue fait obstacle à la disparition des catégories de sexe. Que ça ne règle pas tout, c'est sûr, mais tant qu'on ne se débarrasse pas de ces usages linguistiques, dès qu'on ouvre la bouche, on balance des catégories sociales de sexe à tout bout de champ. Et mine de rien, on ouvre la bouche souvent. + travailler sur la langue c'est aussi travailler sur les catégories de pensée. Le problème c'est pas de trouver l'exception de la langue qui ne dit pas le sexe mais est sexiste pour invalider la thèse, le problème c'est qu'il faut bien dire, à un moment, que notre langue (et d'autres, plein) est forgée par ces catégories. Et on se demande toujours quel est le bon pronom pour parler de quelqu'un, alors que si on pouvait s'en foutre, ça serait déjà quelque chose. Merci pour ton intérêt pour la chaîne :)
J'ai aussi défendu cette idée, la stratégie des grands méchants pas beaux ça fait conspi... mais en fait je pense qu'il y a une part de vérité pour une raison toute simple: la hiérarchie c'est hiérarchique (applaudissez applaudissez!). Partout ou le patriarcat est ou était encore institutionnalisé on voit bien que les leaders croient pas à leurs principes, iels ont besoin d'être rationnel.les pour faire perdurer leur ordre essentialiste stratégiquement, iels doivent organiser leurs ressources pour pas se faire remplacer et maintenir le status quo. Mème quand le libéralisme arrive et que la domination se dilue sournoisement dans l'individualisme quand on la fait sortir de la loi... ben par exemple dans le cas de la france depuis 83: pour embobiner des millions de personnes aux intérets de classes anti-capitalistes vers des idées libérales et réac, il faut des milliers de coquilles vides libérales et de pseudo-intellectuels de droite, pour les former et les produire il faut des dizaines de stratèges politiques derrière qui génèrent le déploiement des idées réacs pour maintenir le status quo, pour les produire eux et les stratégies employées contre tout progrès, il faut un système politique qui donne un pouvoir monarchique à un président républicain, et à la base de cette pyramide inversée il suffit d'un seul Charles Maurras. En fait l'idée c'est plus que l'existence d'une caste parasitaire, anti-intellectuelle, garante du status-quo n'est pas une émergence spontanée de la hiérarchie qui s'équilibre et se maintient toute seule, puisqu'ils sont par défaut cons, infiniment avides, bornés, au dessus des lois et sans morale, ce serait que guerre et anomie. En périphérie, derrière, sur les cotés, y'a vraiment des gens qui sont un peu comme on les fantasme dans les films et séries, un peu mème comme les conspis les fantasmes... l'éthos de distinction bourgeoise passe par l'intellectualisme souvent, et donc y'en a forcément une minorité qui atteignent de "vraies connaissances" qui les éloignent de l'essentialisme, la religion, la morale puritaine de façade; soient iels passent dans le camp des dominés, soient iels deviennent des stratèges cyniques de leur propre classe qui se plaisent dans les jeux de pouvoirs de d'influences, les prédictions etc... c'est la version "de droite" du bourgeois excentrique.
Sur la question de la conscience masculine de la domination, on pourra lire Léo Thiers-Vidal par exemple, dont c'est le sujet de thèse et en partie des écrits suivants.
Je te découvre à travers cette vidéo et je tiens à dire que tu es incroyable. J'aime beaucoup ta manière de schématiser avec ton argumentation cette pensée straight. Bravo ! J'espère que depuis 2019 tu as continué !
J'ai découvert les vidéos de la chaîne YT Game of Hearth il y a seulement quelques semaines, et elles sont réellement très bien ! Dans celle là, j'apprécie particulièrement comment tu représentes les bonhommes perçues comme n'étant pas des hommes : la gorge coupée !
C'est marrant, j'ai pensé à un truc précis: l'analyse par Freud, de celle qui est appelée "le cas de la jeune homosexuelle de 1920" d'ailleurs, même dans le texte, son prénom (ou pseudo) n'est jamais mentionné. Freud explique in fine qu'il n'est pas compétent et qu'il faut adresser cette personne à une femme. Jean Guillaumin, dans son livre "Transfert-contre-transfert" montre en reconsidérant le cas, que ce que Freud ne supporte pas, c'est d'être, au niveau du transfert, mis à la place d'une femme par sa patiente. Autrement dit, dans une position homosexuelle féminine. Et qu'il s'en débarrasse donc de ce fait.
C'est un vidéo très clair et concise. A la fin, Wittig dit qu'elle n'avait aucune idée de la forme qu'aurait une société sans catégorie de sexe. Ursula K. Le Guin a imaginé dans un de ses romans de fantasy un monde sans genre, "La Main gauche de la nuit". Est ce qu'un sociologue a déjà fait ce travail, imaginé une société sans catégorie de sexe ?
Hello, Alors, oui, j'ai lu La Main gauche de la nuit, c'était fort intéressant, surtout la rencontre avec l'émissaire qui lui vient d'un monde où la catégorie de sexe est constitutive socialement. Après, je note que dans cet ouvrage, le fait d'être hors du système sexe/genre est très fortement lié à un type de reproduction différent. On peut suggérer une lecture symbolique, cependant, en effet. Est-ce qu'un sociologue à fait un travail prospectif... bon, je ne suis pas sociologue, donc je ne sais pas si ça se fait, des travaux d'anticipation avec des scénarios suggérés. J'en doute, en SHS on est très peu dans le prédictif, on n'a pas affaire à la même causalité qu'en physique :) Je pense que tu as raison de regarder plus vers les œuvres de science fiction, pour trouver ce genre de scénarios appliqués. Je n'ai pas de bibliographie en tête, mais tu peux aller faire un tour sur la chaîne de Gabylc - Des livres et des loutres (th-cam.com/users/DesLivresetdesLoutres) qui comme son nom ne l'indique pas, s'intéresse à la SF et aux questions de genre.
Des sociologue je sais pas, mais après le post-genrisme en tant qu'idéologie c'est l'horizon concret de tout féminisme matérialiste, et un courant du féminisme transhumaniste en temps que tel. Il a été théorisé comment on pouvait y arriver/pourquoi il semblerait qu'on s'y dirige. Y'a une page wikipédia puis surement pleins de ressources que j'ai pas fouillé.
Game Of Hearth Je vais regarder ça, merci @@26yd1 ah je n'avais jamais fait de recherche avec le mot clef post-genrisme. J'ai donc de la lecture. Merci
Dans la SF, j’avais beaucoup aimé les « Chroniques du Radch » d’Ann Leckie, et dans cet univers la société dominante a justement évolué vers une quasi-disparition des différences de genre. D’un point de vue linguistique, la traduction utilise d’ailleurs un féminin neutre.
C’était fort instructif merci ! Je découvre, notamment grâce à vous, les différentes pensées anti-sexiste, que j’appelais alors féministe jusqu’à cette vidéo. Mais j’imagine que le terme même de féminisme, comprenant étymologiquement le mot « féminin » et renvoyant donc à la pensée straight, ne doit pas être très usité ? Sur ce merci encore, je part visionner les autres vidéos :)
Est-ce que Wittig avait connaissance des thèses de Silvia Federici et surtout de "Caliban et la Sorcière" ? Elle était d'accord avec l'analyse historique de Federici sur la naissance d'un "biopouvoir antiféministe" si on peut l'appeler comme ça ? Excellente vidéo, j'ai lu La Pensée straight et même si Wittig est assez limpide, ta vue d'ensemble est grandement utile. Merci beaucoup pour ton travail. :)
Monique Wittig est décédée en 2003, Caliban et la sorcière est paru en 2004, donc a priori c'était mal goupillé pour se croiser :D De manière générale la production de Wittig est antérieure à celle de Federici
Merci pour ta vidéo, c'est super clair et bien fait avec les ptits dessins! Est-ce que tu pourrais approfondir le fait que les catégories de sexe soient des catégories économiques ? j'ai pas trop compris en quoi ça pouvait l'être. Sinon, tu as peut-être un peu de docu là dessu ? :) Merciiii Continue tout ça c'est parfait on a besoin d'un max de contenu comme le tien!!!!!
Les catégories économiques, c'est le fond matérialiste de Wittig. En gros c'est un peu ce que tu trouveras de manière générale dans des textes comme ceux de Christine Delphy, L'ennemi principal tome 1. Ce que ça veut dire, c'est qu'on a une catégorie (hommes) qui exploite l'autre (femmes) d'un point de vue économique. C'est tout ce qui concerne le travail domestique gratuit au sein du couple hétérosexuel, les différences de payes et de trajectoires professionnelles, la division sexuelle du travail, voire l'exploitation sexuelle. Sinon un livre plus récent et qui est vraiment super fin sur ces questions, c'est Le genre du capital, de Bessière et Gollac, aux éditions de la Découverte.
Déjà enfant, je ressentais comme une bizarrerie / anomalie le fait qu'il faille toujours préciser le féminin ou le masculin des personnes dont on parle même quand ce n'est pas du tout le sujet, que ça n'apporte rien - voire que ça dévalorise le propos, s'il s'agit en l"occurrence de femmes ou même simplement de féminin (Marie Claude Marsolier a mis en évidence dans Le Mépris des Bêtes combien notre langue est spéciste (méprisante envers les non-humains pour justifier leur exploitation) et combien notre langue s'attardent particulièrement à dénigrer les femelles animales... tiens tiens. Et même pour les objets, une auto, c'est moins cool qu'un bolide. Une fusée, c'est plus fragile dans notre imaginaire qu'un vaisseau. Etc. J'ai lu et produit beaucoup de poésie, où ce problème devient un feu central : comment écrire hors du genre, pour être lue de façon un minimum neutre, hors des a priori ? Je découvre 20 ans plus tard que ces questions ont perturbé bien d'autres femmes et ont été analysées. 🙂 Merci pour cette excellente vidéo.
Je suis assez abasourdi comme à chaque fois que j'ai l'impression de développer ma pensée dans mon coin avec l'arrière sentiment coupable que je m'en vais vers le sectarisme gauchisme que plus personne ne peut comprendre passé un certain point qui m'éloigne irrémédiablement des intérets de clases des dominés vu que j'ai le temps et le loisir de théoriser tout ça pendant qu'iels bossent, puis la j'appends au calme que tout ce que je suis en train de réaliser ça à déja été rattaché à une idéologie cohérente et logique il y a quelques dizaines d'années. Je me demandais si aller jusqu'a considérer l'orientation sexuelle comme une construction sociale d'avantage qu'une détermination génétique c'était pas aller trop loin, mais j'ai vraiment le sentiment que mon déterminisme d'introverti assez fort et radicalement sub m'a "gardé" hétéro alors que passé un certain point idéologique suffisemment matérialiste j'aurais du devenir bi/pan (et switch). Je dis toujours qu'il faudrait que j'aille chercher au coeur de la littérature en bio si on penche pas vers soit l'absence de déterminations biologiques ou de simples pré-dispositions, soit vers une sorte d'universalisme bi/pan (je prends pas parti) propre à Homo Sapiens, et surement pas que. Par contre mon seul point de désaccord, si j'ai bien compris, mais c'est tellement bizarre et absurde que j'ai du mal comprendre, c'est qu'elle range les SHS dans le système straight? Parce que le problème de la science de l'homme blanc cis-het, c'est pas "la science" le problème dans la phrase; le cas de la psychanalyse est une pseudo-science donc réac, et le cas de toutes les sciences qui produisent des savoirs situés, straights etc... est une conséquences de la domination, mais pas des productions scientifiques en SHS faites par le dominant, le structuralisme c'est quand mème l'exemple type. Si j'ai bien compris c'est complètement absurde, ça m'évoque la pire forme de dégénéscence militante ultra-essentialiste du post-structuralisme qui met de la psychanalyse partout et devient anti-science... c'est mème tellement absurde que cette pensée existe plus dans la tète de libertariens et "skeptics" que dans le réel, même si je nie pas que ça existe...
Il y a encore plein de choses à lire, oui! Et ce que tu dis sur les interactions entre la pensée que tu développes et la manière on vit nos vies est intéressante, c'est une question que j'ai dans un coin de ma tête. En fait c'est très sujet à débat l'identité personnelle et l'identité sexuelle comme étant/devant être ou non une revendication politique. Je me demande si quelqu'un a traité le sujet - probablement que oui, et si je tombe dessus un jour vous en entendrez parler! Et sinon, il faudra s'y coller ;) Mais c'est très touchy, parce que c'est à l'intersection entre la psycho, la socio, la philosophie, les sciences politiques, la biologie. Je me demande quel pourrait être l'axe principal de lecture. Autrement, une piste : www.editionsladecouverte.fr/catalogue/index-Mon_corps_a_t_il_un_sexe__-9782707173584.html Pour la question de la psychanalyse : elle ne dénonce en effet pas la psychanalyse et le structuralisme comme des pseudo-sciences, et elle les voit comme un développement des SHS. Je pense que son principal problème était un problème d'épistémologie du point de vue (voire la vidéo sur les épistémologies féministes), et qu'elle s'en fiche de savoir si la psychanalyse est quelque chose de scientifiquement valable ou non. Elle n'est pas anti-science, mais pour une réforme qui sortirait la science du régime politique hétérosexuel. Elle cite par exemple le travail de Nicole-Claude Mathieu en anthropologie, qui va dans ce sens.
@@GameOfHearth "Elle n'est pas anti-science, mais pour une réforme qui sortirait la science du régime politique hétérosexuel." C'est ce que j'imaginais, c'est tout à fait matérialiste ça, sortir de la science de l'homme blanc, en l'occurence cis-het (dit il alors qu'il veut faire chercheur^^, mais j'ai des points de non-binarité en attendant que le placement D/s rentre dans les catégories queer donc ça va!). Je dirais même qu'elle était à l'avant-garde du féministe-transhumaniste en fait, elle à poussée la logique matérialiste au même bout que je perçois en tout cas. "En fait c'est très sujet à débat l'identité personnelle et l'identité sexuelle comme étant/devant être ou non une revendication politique." Ben toi tu as un axe plutot académique donc la oui je sais pas si ça a été dit avec des mots mesurés, des faits et des études... bon après moi... en bon bayésien désordonné qui mélange et relie tout sans pincettes comme ça fait sens dans ma tête, j'ai bien une idée: En faire une revendication politique c'est quand mème plutôt devenu un consensus dès que le virage "postmoderne"-intersectionnel à commencé non? Dès la 3ème vague en gros, c'était déja un consensus dans le matérialisme de seconde vague et la troisième à acceptée unanimement cette base matérialiste, alors maintenant que l'intersectionnalité est en pleine phase de ré-matérilaisation ça va pas changer^^. C'est très tabou dans la sphère publique progressiste peut-être oui, après tout comme tu le dis derrière la science il y a toujours la philo et l'idéologie, "l'identité individuelle" ça sonne très rationaliste et soc-dem, ça va de pair avec le "j'vois pas les couleurs" et la défense naïve (pas réac) de l'égalitarisme, genre Knuckles quoi :P D'ailleurs ça sonne typiquement rationaliste, libéral et aux US ça serait dans la bouche des fameux centristes, libéraux classiques etc... "Je me demande quel pourrait être l'axe principal de lecture." "Nature"/nurture? Il serait logique que n'importe qui d'a peu près "pas réac" sera d'accord de mettre la science d'abord pour en tirer la philo et l'idéologie... quoi que c'est déja une conception très matérialiste en fait
Je retombe la un an plus tard, mieux converti au vilain postmodernisme qu'avant en partie grace à toi, mais surtout l'accélération de l'aliénation de la postmodernité elle mème disons^^, j'ai un peu honte sur la fin parce que ça me surprend en 2019 d'encore penser que la science précède la philo... j'ai vraiment du me mettre à penser l'inverse très peu de temps après, et ça fait toujours plaisir de s'auto-traiter de gros con de réac d'un an sur l'autre^^ En mème temps je dois dire que c'est grace à cette vidéo en particulier que j'ai pu mettre fin définitivement à mes années de sceptique positiviste qui s'évertuais à penser qu'on pouvait encore tirer quelque chose de Popper à l'extrème-gauche et que tout postmodernisme était forcément idéaliste, en effleurant à peine avant ce qu'il impliquait de se dire "anarcho-queer" et "queer-matérialiste/transhumaniste", passer de Popper à Haraway avec Wittig comme point de bascule. Merci mille fois pour avoir vulgarisé ça lol.
Merci pour la découverte ! Je trouve son parallèle catégorie de femme/catégorie d'esclave très parlante. De même cette idée de la lesbienne non femme en ce sens de catégorie sociale de dominé. En revanche, j'ai du mal à comprendre quelle application pratique il peut y avoir d'une telle pensée. Il ne s'agit certes pas d'un manuel pour le quotidien mais je trouve que sa théorie contribue à l'approfondissement d'une certaine aliénation en n'ayant pas été jusqu'à, au moins, esquisser ce que serait une société sans catégorie de sexe (oui je suis impatiente/exigeante ...). En tant qu'individu ayant un utérus et aimant sexuellement ceux qui ont un pénis suis-je de dominée ? Vouloir fonder une famille - en étant consciente par ailleurs de ce signifie la catégorie de famille socialement et économiquement - est-ce nécessairement être soumise au patriarcat capitaliste ? Wittig apparait contre les performances de réappropriations de genre des queer mais l'alternative est-elle un gommage de nos particularismes sexuels ? Est-ce simplement possible ? Avec cette idée dérangeante d'un dehors possible des rapports de pouvoirs ... n'est-ce pas la réactivation d'un fantasme profond d'une certaine "pureté" de relations sociales possibles alors que prendre en compte la dimension dominatrice - si ce n'est un désir de domination du moins un désir de reconnaissance qui dans des configurations historiques et sociales données devient un désir de domination) - de l'être humain (donc pas forcément naturelle mais culturelle) c'est peut être, pratiquement, plus efficace ? J'aime mettre du mascara, snif ;) ! En tous cas super vidéo, merci merci !!!
Hey! Le parallèle femme/esclave tu le retrouves dans une grande partie de la littérature féministe (c'est un point énorme dans l'argumentation J.S Mill par exemple, d'ailleurs si tu veux mon cours en lecture suivi je te le file, je crois que je n'ai pas perdu ces fichiers là). Alors, pour l'application pratique... En fait je pense que ça peut s'imaginer de différentes manières, mais il faut se rappeler que le texte date un peu - la conjugalité (hétérosexuelle) a commencé à muter doucement - même si c'est pas encore riant riant, on commence à soulever un peu la chape de plomb. Je pense que des choses très concrètes ça pourrait être, déjà d'effacer la mention de sexe des papiers officiels, revoir notre rapport au sexe biologique en le remettant à sa place (voir ce que dit Thierry Hoquet). Administrativement revoir les politiques d'association entre les individus (pourquoi seulement des couples? pourquoi des avantages aux couples? comment on prend en charge les mômes sans que ça devienne une charge pour les assignées femmes, un petit tour dans la répartition économique des tâches de soin, etc.). Ça ce serait pour l'aspect formel. Après, ça demande un changement éducatif et culturel profond, c'est là qu'en effet les performances queer jouent un rôle important dans la présentation de transgressions de l'ordre cisgenre hétérosexuel. Mais je pense que ce qui lui déplaisait, plus que la performance, c'était la politique identitaire : pour elle, ça vient recréer des catégories au lieu d'abolir les anciennes. Du coup, si les politiques identitaires sont rassurantes parce qu'elles permettent l'émergence de sujets politiques tout en laissant les non-concernés faire également ce qu'ils veulent de leurs fesses, elles ne vont pas assez loin pour Wittig, parce qu'il ne faut pas que ça reste rassurant pour les non-concernés. Il faut que tout le monde se sente concerné, en fait, sinon c'est raté : les transgressions restent des transgressions, des minorités. Mais en effet, comme tu dis, ça demande qu'on pense la domination : je crois que pour Wittig, en revenir à l'individu comme sujet universel (à la française, voir la vidéo universalisme/intersectionnalité), c'est la solution qui s'impose parce qu'aucun mode de domination ne devrait être entériné. Mais comme avec l'universalisme de manière générale, le collectif créé pour l'action politique est dissout et on ne sait plus trop comment on va pouvoir désigner les discriminations ni se battre contre elles. Mais ça veut dire que quelque part il y a une foi qui est donnée dans les institutions sensées rendre justice aux individus en tant qu'individus. Ça, je n'arrive pas bien à voir si Wittig l'a pensé, ça serait possiblement dans des textes qui parleraient de son rapport aux institutions ? Ce qui est intéressant c'est qu''elle a commencé une carrière d'écrivain qui a été reconnue par l'académie : il y a peut-être quelque chose à creuser de ce côté-là. Je pense que son universalisme fait sens si on part du principe que dans la conversion du passage sexisme -> non-sexisme, les structures administratives et les individus qui les tiennent changent. Flip-flop géant. Bon. Ça fait beaucoup de foi à avoir! Je reviendrais sûrement sur tout ça quand j'aborderais ensemble Wittig et le queer :)
Excellente vidéo ! J'ai appris plein de trucs sur une auteure dont j'avais entendu parler mais que je n'avais jamais eu l'occasion d'étudier. Like et follow immédiat comme il se doit en ce qui me concerne.
merci pour la vulgarisation de très grande qualité que tu fournis ! tes vidéos sont super agréables à regarder, et accessibles, vraiment bravo
Merci beaucoup, super vidéo !
Magistral !! Merci 1000 fois !!
Vulgarisation de très haute qualité, wow ! Merci :)
Petite question : Wittig semble penser en terme de "stratégies", comme si les dominations politiques maintenues à travers les périodes étaient pensées et appliquées par les dominants précisément dans cette optique-là. Est-ce réellement sa pensée, ou un impératif de la vulgarisation qui rend le maintien d'une culture dominante plus difficile à expliquer sans ce genre de raccourcis ?
J'avais dans l'idée qu'une bonne partie de la "stratégie" de maintien d'une domination était, comme tu l'as expliqué à un endroit, basée sur le passage d'une supériorité politique à une supériorité "naturelle", qu'on ne remet donc plus en question. Auquel cas, la majorité des dominations et de leur maintien seraient en réalité dues au confort qu'elles apportent et à l'absence de remise en question (par paresse intellectuelle ou par manque de nécessité d'avoir à le faire) qu'elles finissent par créer dans les classes dominantes. Est-ce le cas ?
Hello,
Wittig ne semble pas avoir détaillé l'histoire des processus de domination, leurs mécanismes. On peut en effet, si on veut faire des hypothèses au doigt mouillé (avant de se lancer dans des lectures sur le pouvoir et sur l'histoire des rapports de sexes et de genres, bien sûr, on est sérieux ici), dire que ça part d'une institution socio-politique, et qu'il y a assez rapidement un processus de naturalisation des rapports sociaux qui fait peu ou prou oublier aux genstes que les uns dominent et les autres sont dominées. Cependant, quand le caractère "naturel" de la chose est contesté (cf. les années 1970), ce n'est peut-être pas tant l'inconscient qui parle que la volonté très nette de rester un dominant (cf. le backlash). Je pense que si on veut vérifier cette hypothèse il faut aller regarder du côté de l'anti-féminisme et des productions sur le backlash, du coup des ref comme Susan Faludi et www.placedeslibraires.fr/livre/9782130816614-antifeminismes-et-masculinismes-d-hier-et-d-aujourd-hui-christine-bard-francis-dupuis-deri-melissa-blais/?affil_mid=2245 J'irais regarder dans les mois qui viennent, mais tu peux le faire aussi si ça t'intéresse bien sûr :D (j'ajoute que pour les dynamiques de pouvoir on pourra aller renifler un peu de Foucault, mais pas que)
Encore merci pour ton intérêt pour la chaîne!
@Chæris Oui on peut tout à fait dire que c'est anecdotique. Je l'ai répondu dans un commentaire plus haut (ou plus bas, je ne comprends comment TH-cam range son bouzin), mais je pense que Wittig ne s'intéressait pas vraiment de près à la linguistique, à part pour dire que c'est une discipline agente du sexisme qui voit du cul hétéro partout. Bref. Du coup, pour moi, son analyse de la langue française va plus dans l'ordre de l'expérience constitutive de l'identité personnelle que dans l'histoire linguistique. Quand tu vis dans la langue française, tu sais que ce qui est utilisé comme neutre ou comme englobant c'est aussi le masculin. Et quand tu es une meuf et que tu parles de toi, tu fais référence à un état de la langue plus complexe, tu ajoutes un marqueur qui parle explicitement de ta biologique. Du coup sa lecture est de l'ordre du symbolique, mais en effet c'est très dommage qu'en tant que professeur de lettres elle n'aie pas creusé plus que ça, notamment dans la variété des langues, etc.
Je pense que ce qui l'intéressait c'était de montrer le problème créé par le besoin constant de s'énoncer/se dénoncer comme appartenant à une classe dominée. Donc de cette manière la langue fait obstacle à la disparition des catégories de sexe. Que ça ne règle pas tout, c'est sûr, mais tant qu'on ne se débarrasse pas de ces usages linguistiques, dès qu'on ouvre la bouche, on balance des catégories sociales de sexe à tout bout de champ. Et mine de rien, on ouvre la bouche souvent. + travailler sur la langue c'est aussi travailler sur les catégories de pensée. Le problème c'est pas de trouver l'exception de la langue qui ne dit pas le sexe mais est sexiste pour invalider la thèse, le problème c'est qu'il faut bien dire, à un moment, que notre langue (et d'autres, plein) est forgée par ces catégories. Et on se demande toujours quel est le bon pronom pour parler de quelqu'un, alors que si on pouvait s'en foutre, ça serait déjà quelque chose.
Merci pour ton intérêt pour la chaîne :)
J'ai aussi défendu cette idée, la stratégie des grands méchants pas beaux ça fait conspi... mais en fait je pense qu'il y a une part de vérité pour une raison toute simple: la hiérarchie c'est hiérarchique (applaudissez applaudissez!).
Partout ou le patriarcat est ou était encore institutionnalisé on voit bien que les leaders croient pas à leurs principes, iels ont besoin d'être rationnel.les pour faire perdurer leur ordre essentialiste stratégiquement, iels doivent organiser leurs ressources pour pas se faire remplacer et maintenir le status quo.
Mème quand le libéralisme arrive et que la domination se dilue sournoisement dans l'individualisme quand on la fait sortir de la loi... ben par exemple dans le cas de la france depuis 83: pour embobiner des millions de personnes aux intérets de classes anti-capitalistes vers des idées libérales et réac, il faut des milliers de coquilles vides libérales et de pseudo-intellectuels de droite, pour les former et les produire il faut des dizaines de stratèges politiques derrière qui génèrent le déploiement des idées réacs pour maintenir le status quo, pour les produire eux et les stratégies employées contre tout progrès, il faut un système politique qui donne un pouvoir monarchique à un président républicain, et à la base de cette pyramide inversée il suffit d'un seul Charles Maurras.
En fait l'idée c'est plus que l'existence d'une caste parasitaire, anti-intellectuelle, garante du status-quo n'est pas une émergence spontanée de la hiérarchie qui s'équilibre et se maintient toute seule, puisqu'ils sont par défaut cons, infiniment avides, bornés, au dessus des lois et sans morale, ce serait que guerre et anomie. En périphérie, derrière, sur les cotés, y'a vraiment des gens qui sont un peu comme on les fantasme dans les films et séries, un peu mème comme les conspis les fantasmes... l'éthos de distinction bourgeoise passe par l'intellectualisme souvent, et donc y'en a forcément une minorité qui atteignent de "vraies connaissances" qui les éloignent de l'essentialisme, la religion, la morale puritaine de façade; soient iels passent dans le camp des dominés, soient iels deviennent des stratèges cyniques de leur propre classe qui se plaisent dans les jeux de pouvoirs de d'influences, les prédictions etc... c'est la version "de droite" du bourgeois excentrique.
Vous! Ici! quelle impromptue surprise !
Sur la question de la conscience masculine de la domination, on pourra lire Léo Thiers-Vidal par exemple, dont c'est le sujet de thèse et en partie des écrits suivants.
Merci beaucoup c'était très clair
C'est superbement mené. Merci !
Les dessins sont vraiment chouettes 💜. Et l'espace commentaire aussi 🎉😊.
Bonne fin d'année.
Je te découvre à travers cette vidéo et je tiens à dire que tu es incroyable. J'aime beaucoup ta manière de schématiser avec ton argumentation cette pensée straight. Bravo ! J'espère que depuis 2019 tu as continué !
Bravo et merci pour cette vidéo aussi intéressante que bien expliquée. Merci aussi à un monde riant pour le partage !
Je lis maintenant ''la pensée straight'' et cette vidéo m'a été très utile pour en savoir plus sur les pensées de Wittig. Merci! Abonné et aimé
Wow, merci beaucoup pour cette vidéo !
Merci beaucoup pour cette vidéo très claire
merci pour cette vidéo, qui rend bien hommage à un classique pas aussi lu qu'on le pense
J'ai découvert les vidéos de la chaîne YT Game of Hearth il y a seulement quelques semaines, et elles sont réellement très bien ! Dans celle là, j'apprécie particulièrement comment tu représentes les bonhommes perçues comme n'étant pas des hommes : la gorge coupée !
Depuis quelques jours que vous avez aimés mon commentaire je passe une semaine particulièrement bonne ! Merci !
merci beaucoup beaucoup pour cette vidéo.
Incroyable vidéo, Merci !!!
C'est marrant, j'ai pensé à un truc précis: l'analyse par Freud, de celle qui est appelée "le cas de la jeune homosexuelle de 1920" d'ailleurs, même dans le texte, son prénom (ou pseudo) n'est jamais mentionné. Freud explique in fine qu'il n'est pas compétent et qu'il faut adresser cette personne à une femme. Jean Guillaumin, dans son livre "Transfert-contre-transfert" montre en reconsidérant le cas, que ce que Freud ne supporte pas, c'est d'être, au niveau du transfert, mis à la place d'une femme par sa patiente. Autrement dit, dans une position homosexuelle féminine. Et qu'il s'en débarrasse donc de ce fait.
C'est un vidéo très clair et concise.
A la fin, Wittig dit qu'elle n'avait aucune idée de la forme qu'aurait une société sans catégorie de sexe. Ursula K. Le Guin a imaginé dans un de ses romans de fantasy un monde sans genre, "La Main gauche de la nuit". Est ce qu'un sociologue a déjà fait ce travail, imaginé une société sans catégorie de sexe ?
Hello,
Alors, oui, j'ai lu La Main gauche de la nuit, c'était fort intéressant, surtout la rencontre avec l'émissaire qui lui vient d'un monde où la catégorie de sexe est constitutive socialement. Après, je note que dans cet ouvrage, le fait d'être hors du système sexe/genre est très fortement lié à un type de reproduction différent. On peut suggérer une lecture symbolique, cependant, en effet.
Est-ce qu'un sociologue à fait un travail prospectif... bon, je ne suis pas sociologue, donc je ne sais pas si ça se fait, des travaux d'anticipation avec des scénarios suggérés. J'en doute, en SHS on est très peu dans le prédictif, on n'a pas affaire à la même causalité qu'en physique :) Je pense que tu as raison de regarder plus vers les œuvres de science fiction, pour trouver ce genre de scénarios appliqués. Je n'ai pas de bibliographie en tête, mais tu peux aller faire un tour sur la chaîne de Gabylc - Des livres et des loutres (th-cam.com/users/DesLivresetdesLoutres) qui comme son nom ne l'indique pas, s'intéresse à la SF et aux questions de genre.
Des sociologue je sais pas, mais après le post-genrisme en tant qu'idéologie c'est l'horizon concret de tout féminisme matérialiste, et un courant du féminisme transhumaniste en temps que tel. Il a été théorisé comment on pouvait y arriver/pourquoi il semblerait qu'on s'y dirige.
Y'a une page wikipédia puis surement pleins de ressources que j'ai pas fouillé.
Game Of Hearth Je vais regarder ça, merci
@@26yd1 ah je n'avais jamais fait de recherche avec le mot clef post-genrisme. J'ai donc de la lecture. Merci
@@nasca6877
Je pense pas que la litérature française existe beaucoup, c'est plutot post-genderism comme mot clé^^
Dans la SF, j’avais beaucoup aimé les « Chroniques du Radch » d’Ann Leckie, et dans cet univers la société dominante a justement évolué vers une quasi-disparition des différences de genre. D’un point de vue linguistique, la traduction utilise d’ailleurs un féminin neutre.
Toujours aussi génial, merci! :)
Excellente vidéo, très claire ! Merci !
Y E S - et puis merci de continuer !!
❤❤
Excellent 👍
C’était fort instructif merci !
Je découvre, notamment grâce à vous, les différentes pensées anti-sexiste, que j’appelais alors féministe jusqu’à cette vidéo. Mais j’imagine que le terme même de féminisme, comprenant étymologiquement le mot « féminin » et renvoyant donc à la pensée straight, ne doit pas être très usité ?
Sur ce merci encore, je part visionner les autres vidéos :)
trop bien ! merci pour ce contenu
Merci !
Est-ce que Wittig avait connaissance des thèses de Silvia Federici et surtout de "Caliban et la Sorcière" ? Elle était d'accord avec l'analyse historique de Federici sur la naissance d'un "biopouvoir antiféministe" si on peut l'appeler comme ça ?
Excellente vidéo, j'ai lu La Pensée straight et même si Wittig est assez limpide, ta vue d'ensemble est grandement utile. Merci beaucoup pour ton travail. :)
Monique Wittig est décédée en 2003, Caliban et la sorcière est paru en 2004, donc a priori c'était mal goupillé pour se croiser :D
De manière générale la production de Wittig est antérieure à celle de Federici
Merci pour ta vidéo, c'est super clair et bien fait avec les ptits dessins!
Est-ce que tu pourrais approfondir le fait que les catégories de sexe soient des catégories économiques ? j'ai pas trop compris en quoi ça pouvait l'être. Sinon, tu as peut-être un peu de docu là dessu ? :) Merciiii
Continue tout ça c'est parfait on a besoin d'un max de contenu comme le tien!!!!!
Les catégories économiques, c'est le fond matérialiste de Wittig. En gros c'est un peu ce que tu trouveras de manière générale dans des textes comme ceux de Christine Delphy, L'ennemi principal tome 1. Ce que ça veut dire, c'est qu'on a une catégorie (hommes) qui exploite l'autre (femmes) d'un point de vue économique. C'est tout ce qui concerne le travail domestique gratuit au sein du couple hétérosexuel, les différences de payes et de trajectoires professionnelles, la division sexuelle du travail, voire l'exploitation sexuelle. Sinon un livre plus récent et qui est vraiment super fin sur ces questions, c'est Le genre du capital, de Bessière et Gollac, aux éditions de la Découverte.
@@GameOfHearth super merci beaucoup! Je note tout ça.
Déjà enfant, je ressentais comme une bizarrerie / anomalie le fait qu'il faille toujours préciser le féminin ou le masculin des personnes dont on parle même quand ce n'est pas du tout le sujet, que ça n'apporte rien - voire que ça dévalorise le propos, s'il s'agit en l"occurrence de femmes ou même simplement de féminin (Marie Claude Marsolier a mis en évidence dans Le Mépris des Bêtes combien notre langue est spéciste (méprisante envers les non-humains pour justifier leur exploitation) et combien notre langue s'attardent particulièrement à dénigrer les femelles animales... tiens tiens.
Et même pour les objets, une auto, c'est moins cool qu'un bolide.
Une fusée, c'est plus fragile dans notre imaginaire qu'un vaisseau.
Etc.
J'ai lu et produit beaucoup de poésie, où ce problème devient un feu central : comment écrire hors du genre, pour être lue de façon un minimum neutre, hors des a priori ?
Je découvre 20 ans plus tard que ces questions ont perturbé bien d'autres femmes et ont été analysées. 🙂 Merci pour cette excellente vidéo.
Je suis assez abasourdi comme à chaque fois que j'ai l'impression de développer ma pensée dans mon coin avec l'arrière sentiment coupable que je m'en vais vers le sectarisme gauchisme que plus personne ne peut comprendre passé un certain point qui m'éloigne irrémédiablement des intérets de clases des dominés vu que j'ai le temps et le loisir de théoriser tout ça pendant qu'iels bossent, puis la j'appends au calme que tout ce que je suis en train de réaliser ça à déja été rattaché à une idéologie cohérente et logique il y a quelques dizaines d'années.
Je me demandais si aller jusqu'a considérer l'orientation sexuelle comme une construction sociale d'avantage qu'une détermination génétique c'était pas aller trop loin, mais j'ai vraiment le sentiment que mon déterminisme d'introverti assez fort et radicalement sub m'a "gardé" hétéro alors que passé un certain point idéologique suffisemment matérialiste j'aurais du devenir bi/pan (et switch). Je dis toujours qu'il faudrait que j'aille chercher au coeur de la littérature en bio si on penche pas vers soit l'absence de déterminations biologiques ou de simples pré-dispositions, soit vers une sorte d'universalisme bi/pan (je prends pas parti) propre à Homo Sapiens, et surement pas que.
Par contre mon seul point de désaccord, si j'ai bien compris, mais c'est tellement bizarre et absurde que j'ai du mal comprendre, c'est qu'elle range les SHS dans le système straight? Parce que le problème de la science de l'homme blanc cis-het, c'est pas "la science" le problème dans la phrase; le cas de la psychanalyse est une pseudo-science donc réac, et le cas de toutes les sciences qui produisent des savoirs situés, straights etc... est une conséquences de la domination, mais pas des productions scientifiques en SHS faites par le dominant, le structuralisme c'est quand mème l'exemple type. Si j'ai bien compris c'est complètement absurde, ça m'évoque la pire forme de dégénéscence militante ultra-essentialiste du post-structuralisme qui met de la psychanalyse partout et devient anti-science... c'est mème tellement absurde que cette pensée existe plus dans la tète de libertariens et "skeptics" que dans le réel, même si je nie pas que ça existe...
Il y a encore plein de choses à lire, oui! Et ce que tu dis sur les interactions entre la pensée que tu développes et la manière on vit nos vies est intéressante, c'est une question que j'ai dans un coin de ma tête. En fait c'est très sujet à débat l'identité personnelle et l'identité sexuelle comme étant/devant être ou non une revendication politique. Je me demande si quelqu'un a traité le sujet - probablement que oui, et si je tombe dessus un jour vous en entendrez parler! Et sinon, il faudra s'y coller ;) Mais c'est très touchy, parce que c'est à l'intersection entre la psycho, la socio, la philosophie, les sciences politiques, la biologie. Je me demande quel pourrait être l'axe principal de lecture.
Autrement, une piste : www.editionsladecouverte.fr/catalogue/index-Mon_corps_a_t_il_un_sexe__-9782707173584.html
Pour la question de la psychanalyse : elle ne dénonce en effet pas la psychanalyse et le structuralisme comme des pseudo-sciences, et elle les voit comme un développement des SHS. Je pense que son principal problème était un problème d'épistémologie du point de vue (voire la vidéo sur les épistémologies féministes), et qu'elle s'en fiche de savoir si la psychanalyse est quelque chose de scientifiquement valable ou non. Elle n'est pas anti-science, mais pour une réforme qui sortirait la science du régime politique hétérosexuel. Elle cite par exemple le travail de Nicole-Claude Mathieu en anthropologie, qui va dans ce sens.
@@GameOfHearth
"Elle n'est pas anti-science, mais pour une réforme qui sortirait la science du régime politique hétérosexuel."
C'est ce que j'imaginais, c'est tout à fait matérialiste ça, sortir de la science de l'homme blanc, en l'occurence cis-het (dit il alors qu'il veut faire chercheur^^, mais j'ai des points de non-binarité en attendant que le placement D/s rentre dans les catégories queer donc ça va!).
Je dirais même qu'elle était à l'avant-garde du féministe-transhumaniste en fait, elle à poussée la logique matérialiste au même bout que je perçois en tout cas.
"En fait c'est très sujet à débat l'identité personnelle et l'identité sexuelle comme étant/devant être ou non une revendication politique."
Ben toi tu as un axe plutot académique donc la oui je sais pas si ça a été dit avec des mots mesurés, des faits et des études... bon après moi... en bon bayésien désordonné qui mélange et relie tout sans pincettes comme ça fait sens dans ma tête, j'ai bien une idée:
En faire une revendication politique c'est quand mème plutôt devenu un consensus dès que le virage "postmoderne"-intersectionnel à commencé non? Dès la 3ème vague en gros, c'était déja un consensus dans le matérialisme de seconde vague et la troisième à acceptée unanimement cette base matérialiste, alors maintenant que l'intersectionnalité est en pleine phase de ré-matérilaisation ça va pas changer^^.
C'est très tabou dans la sphère publique progressiste peut-être oui, après tout comme tu le dis derrière la science il y a toujours la philo et l'idéologie, "l'identité individuelle" ça sonne très rationaliste et soc-dem, ça va de pair avec le "j'vois pas les couleurs" et la défense naïve (pas réac) de l'égalitarisme, genre Knuckles quoi :P
D'ailleurs ça sonne typiquement rationaliste, libéral et aux US ça serait dans la bouche des fameux centristes, libéraux classiques etc...
"Je me demande quel pourrait être l'axe principal de lecture."
"Nature"/nurture?
Il serait logique que n'importe qui d'a peu près "pas réac" sera d'accord de mettre la science d'abord pour en tirer la philo et l'idéologie... quoi que c'est déja une conception très matérialiste en fait
Je retombe la un an plus tard, mieux converti au vilain postmodernisme qu'avant en partie grace à toi, mais surtout l'accélération de l'aliénation de la postmodernité elle mème disons^^, j'ai un peu honte sur la fin parce que ça me surprend en 2019 d'encore penser que la science précède la philo... j'ai vraiment du me mettre à penser l'inverse très peu de temps après, et ça fait toujours plaisir de s'auto-traiter de gros con de réac d'un an sur l'autre^^
En mème temps je dois dire que c'est grace à cette vidéo en particulier que j'ai pu mettre fin définitivement à mes années de sceptique positiviste qui s'évertuais à penser qu'on pouvait encore tirer quelque chose de Popper à l'extrème-gauche et que tout postmodernisme était forcément idéaliste, en effleurant à peine avant ce qu'il impliquait de se dire "anarcho-queer" et "queer-matérialiste/transhumaniste", passer de Popper à Haraway avec Wittig comme point de bascule. Merci mille fois pour avoir vulgarisé ça lol.
Merci pour la découverte !
Je trouve son parallèle catégorie de femme/catégorie d'esclave très parlante. De même cette idée de la lesbienne non femme en ce sens de catégorie sociale de dominé.
En revanche, j'ai du mal à comprendre quelle application pratique il peut y avoir d'une telle pensée. Il ne s'agit certes pas d'un manuel pour le quotidien mais je trouve que sa théorie contribue à l'approfondissement d'une certaine aliénation en n'ayant pas été jusqu'à, au moins, esquisser ce que serait une société sans catégorie de sexe (oui je suis impatiente/exigeante ...). En tant qu'individu ayant un utérus et aimant sexuellement ceux qui ont un pénis suis-je de dominée ? Vouloir fonder une famille - en étant consciente par ailleurs de ce signifie la catégorie de famille socialement et économiquement - est-ce nécessairement être soumise au patriarcat capitaliste ?
Wittig apparait contre les performances de réappropriations de genre des queer mais l'alternative est-elle un gommage de nos particularismes sexuels ? Est-ce simplement possible ? Avec cette idée dérangeante d'un dehors possible des rapports de pouvoirs ... n'est-ce pas la réactivation d'un fantasme profond d'une certaine "pureté" de relations sociales possibles alors que prendre en compte la dimension dominatrice - si ce n'est un désir de domination du moins un désir de reconnaissance qui dans des configurations historiques et sociales données devient un désir de domination) - de l'être humain (donc pas forcément naturelle mais culturelle) c'est peut être, pratiquement, plus efficace ?
J'aime mettre du mascara, snif ;) !
En tous cas super vidéo, merci merci !!!
Hey!
Le parallèle femme/esclave tu le retrouves dans une grande partie de la littérature féministe (c'est un point énorme dans l'argumentation J.S Mill par exemple, d'ailleurs si tu veux mon cours en lecture suivi je te le file, je crois que je n'ai pas perdu ces fichiers là).
Alors, pour l'application pratique... En fait je pense que ça peut s'imaginer de différentes manières, mais il faut se rappeler que le texte date un peu - la conjugalité (hétérosexuelle) a commencé à muter doucement - même si c'est pas encore riant riant, on commence à soulever un peu la chape de plomb. Je pense que des choses très concrètes ça pourrait être, déjà d'effacer la mention de sexe des papiers officiels, revoir notre rapport au sexe biologique en le remettant à sa place (voir ce que dit Thierry Hoquet). Administrativement revoir les politiques d'association entre les individus (pourquoi seulement des couples? pourquoi des avantages aux couples? comment on prend en charge les mômes sans que ça devienne une charge pour les assignées femmes, un petit tour dans la répartition économique des tâches de soin, etc.). Ça ce serait pour l'aspect formel. Après, ça demande un changement éducatif et culturel profond, c'est là qu'en effet les performances queer jouent un rôle important dans la présentation de transgressions de l'ordre cisgenre hétérosexuel. Mais je pense que ce qui lui déplaisait, plus que la performance, c'était la politique identitaire : pour elle, ça vient recréer des catégories au lieu d'abolir les anciennes. Du coup, si les politiques identitaires sont rassurantes parce qu'elles permettent l'émergence de sujets politiques tout en laissant les non-concernés faire également ce qu'ils veulent de leurs fesses, elles ne vont pas assez loin pour Wittig, parce qu'il ne faut pas que ça reste rassurant pour les non-concernés. Il faut que tout le monde se sente concerné, en fait, sinon c'est raté : les transgressions restent des transgressions, des minorités.
Mais en effet, comme tu dis, ça demande qu'on pense la domination : je crois que pour Wittig, en revenir à l'individu comme sujet universel (à la française, voir la vidéo universalisme/intersectionnalité), c'est la solution qui s'impose parce qu'aucun mode de domination ne devrait être entériné. Mais comme avec l'universalisme de manière générale, le collectif créé pour l'action politique est dissout et on ne sait plus trop comment on va pouvoir désigner les discriminations ni se battre contre elles. Mais ça veut dire que quelque part il y a une foi qui est donnée dans les institutions sensées rendre justice aux individus en tant qu'individus. Ça, je n'arrive pas bien à voir si Wittig l'a pensé, ça serait possiblement dans des textes qui parleraient de son rapport aux institutions ? Ce qui est intéressant c'est qu''elle a commencé une carrière d'écrivain qui a été reconnue par l'académie : il y a peut-être quelque chose à creuser de ce côté-là. Je pense que son universalisme fait sens si on part du principe que dans la conversion du passage sexisme -> non-sexisme, les structures administratives et les individus qui les tiennent changent. Flip-flop géant. Bon. Ça fait beaucoup de foi à avoir!
Je reviendrais sûrement sur tout ça quand j'aborderais ensemble Wittig et le queer :)
@@GameOfHearth Merci pour la réponse !
Et hâte de voir les prochaines vidéos ! (Et je veux bien le cours de lecture suivie sur Mill, oui).
Je t'envoie ça quand je mets la main dessus!