Cénacle de François Brousse du 25 mars 1995

Existe-t-il un lien entre les neuf Muses et le Verbe ?
F.B. : Sûrement ! Chaque muse n’est qu’un reflet du Verbe ; le Verbe a donc neuf visages et chaque muse incarne une de ses faces éblouissantes ; donc le lien est net et le nombre « 9 » représente quand même la perfection. On peut le décomposer comme on voudra. « 9 », cela peut être « 7 + 2 » ; « 7 », c’est une perfection et « 2 », c’est un dualisme. Alors l’union du dualisme et de la perfection aboutit à l’incommensurable.
L’alexandrin est-il le vers royal de la poésie ?
F.B. : Ronsard avait essayé de créer une Franciade avec neuf syllabes [10 syllabes en fait] ; il a échoué lamentablement, cela prouve qu’en réalité c’est l’alexandrin ; car le même Ronsard, quand il parle des malheurs de la France, s’exprime en alexandrins magnifiques qui, parfois, dépassent les cieux pour atteindre jusqu’à Dieu.
Un exercice pratique pour purifier l’élément eau, l’élément air, l’élément terre de nos corps et des corps de toute l’humanité ?
F.B. : Pour purifier tous les éléments ? La Respiration de l’Aigle de l’infini et de l’éternité est un admirable exercice et, de cette manière-là, on purifie tout l’infini et toute l’éternité, autant que faire se peut dans le monde des hommes et des dieux.
Allez-y pour d’autres questions, je réponds très rapidement.
Dans ton ouvrage La Coupe d’Ogmios , Ogmios, pour atteindre à la coupe d’immortalité, doit franchir trois épreuves, trois vagues : la vague de pleurs, la vague de lait, la vague de sang. Peux-tu préciser le symbolisme de ces trois choses ?
F.B. : La vague de pleurs. Il faut supprimer toutes les douleurs ; il ne faut pas que l’homme puisse souffrir ; le maître doit dépasser la souffrance pour conquérir l’espérance.
La vague de lait. Il faut donc répandre la douceur sur tous les êtres, et surtout sur les méchants, car ce sont eux qui ont plus besoin de douceur que les autres ; en somme, il faudrait prier, si j’ose m’exprimer ainsi, pour le salut de Mao, pour le salut de Staline, pour le salut d’Hitler. Cela ne servira peut-être pas à eux, mais cela servira à nous et par conséquent, nous avancerons d’un pas victorieux vers le monde où l’homme rejoint Dieu.
La vague de sang. Il s’agit de supprimer toutes les violences, même contre les méchants. Il ne faut pas que l’on puisse souhaiter le mal des méchants, sauf dans le cas où ce mal pourrait les transformer, leur faire prendre conscience de la vérité de l’amour infini. C’est uniquement et dans cet unique cas que l’on peut changer le monstre délicat.
Comment savoir à l’avance si le mal fait aux méchants va les transformer positivement ?
F.B. : Il faut toujours essayer. La puissance du bien étant infinie, il peut tout, on peut donc essayer et si cela ne réussit pas, c’est que leur karma - encore une fois - n’est pas suffisamment élucidé.
Pour vaincre la vague de sang, Ogmios utilise un fer de lance marqué d’un soleil. Quel est ce symbolisme ?
F.B. : Le fer de lance c’est la volonté, et le soleil c’est faire appel à la puissance divine qui descend du Soleil et pas simplement notre soleil, mais le Soleil des soleils qui est le père, si j’ose dire, de tous les soleils et leur modèle divin.
Je suis tout à fait lacédémonien, je réponds l’essentiel.
Quelle raison a conduit Ganeshananda à expérimenter une si longue longévité ?
F.B. : Peut-être pour démontrer aux êtres humains que le temps n’est qu’une illusion et que l’être humain est fait pour l’éternité. Il n’y a aucune raison pour qu’il meure. Platon déclare que le désir d’éternité est au fond de l’être humain, c’est pourquoi, dans l’amour, quand on meurt, il faut avoir des enfants ou bien spirituels, ou bien matériels qui continuent notre travail vers l’inconcevable et l’absolu.