La morale kantienne est impressionnante ! Bien trop pour de jeunes esprits !... 😉 J’avoue avoir eu du mal à m’en extraire... Jusqu’au jour j’ai eu l’impression d’une évidence soudaine : est-il possible d’universaliser le principe de son action sans en savoir les conséquences... Or il ne peut y en avoir de connaissance totale... Il faudrait donc tenter d’universaliser en prenant en compte les connaissances disponibles des conséquences de son acte, à un moment donné ? Est-ce qu’on peut dire que je garde en cela une part du kantisme ?... L’écoute de ta vidéo sur Aristote puis la lecture du livre de Aubenque sur « La prudence chez Aristote » m’ont vraiment ravi ! 🤩
Merci pour cette vidéo très intéressante. Pour répondre à la question que vous posez à la fin, je dirais que je suis "Kantien" jusqu'à un certain point ;-) Plus sérieusement : ne faudrait-il pas distinguer différents "mensonges" ? Mentir pour nuire à autrui ou s'approprier des avantages, est-ce vraiment la même chose que de mentir pour sauver quelqu'un ?
On peut distinguer différentes catégories de mensonge et je pense que c'est ce qu'essaie de faire Benjamin Constant, mais ça n'est pas la position de Kant.
Le croisement des différents principes moraux kantiens et la prise en compte du contexte laissent-ils vraiment une place significative aux critiques puériles et formelles qui lui sont faites ?
Je trouve également les critiques à ce sujet aussi fondées qu'exagérées. Je les attribue à la dissonance cognitive renvoyant chacun à l'inconfort du à son propre abus du mensonge, ce qui au fond me pousserait à donner raison à Kant lorsqu'il souligne le poids des lois morales, sans dévaloriser totalement la notion de principes intermédiaires... Je suis désolé de ne pas retrouver un passage où Kant lui-même, quittant la rigueur de ses démonstrations, en relativise l'excès, dans un moment d'autodérision évident. Ce qui me pousse à penser qu'il a réagi de manière épidermique, dans un combat verbal, à la controverse de Benjamin Constant. Merci au microsophe pour cette présentation.
Actualité du kantisme ?... 🤔 C’est connu, le kantien est un ringard, psychorigide perclus de principes !... On lui préfèrera le cool, pragmatique dont la souplesse d’adaptation lui permet de prendre en compte les spécificités de chaque situation ! Prenons un exemple fictif. Soit une administration (ou une entreprise). La modernité veut qu’elle ne soit pas pilotée par des principes mais sur la base d’évaluations multiples du « réel », permettant de constituer un tableau de bord pour piloter. Une bonne part de l’énergie des employés à tous niveaux, ou de certains dont c’est la spécialité, est de constituer des outils de pilotage, tableaux de bords et autres… Ce travail peut être colossal et démesuré. Face à cette recherche incessante d’informations, le kantien adoptera une droiture, une rigidité, de tous les instants qui va le mettre en difficulté. Devant l’impossibilité de parvenir à tant d’informations dans un délai raisonnable, le cool pragmatique lui s’adapte. Il est capable si besoin d’arranger les informations à vue d’œil, de les compléter en s’efforçant de les rendre crédibles, ou lisibles par sa hiérarchie. Que vaut alors un de ces petits « mensonges » ? Souvent pas grand chose, s'il a été fait dans l’esprit du réel et peut permettre d’agir en connaissance ? Parfois, tout de même, il peut volontairement déformer la vue du réel... Que valent cette fois l’ensemble de ces « petits mensonges », même les plus proches du réel ? Ils participent d’un leurre de l’institution, celui de l’omniscience dont elle peut se targuer. Leurre qui alimentera cette culture de l’évaluation, nourrira toujours plus d’exigence évaluative et de… mensonges. Autrement dit, le cool pragmatique, arrangeant, risque de déformer la vue du réel auquel il semble pourtant plus adapté. Il alimente une culture illusoire. Il est un conséquentialiste à très courte vue. Qu'importe, son supérieur pourra se présenter à sa prochaine réunion avec un dossier d’évaluation sous le bras ! Jamais ne sera remis en cause cette culture de l’évaluation et ses ratés : données peu fiables ou arrangeantes à courtes vues, illusion de la possibilité d'obtenir des données suffisantes pour appréhender le réel. Le kantien universalisant l'éventualité d'un même modeste mensonge, refusant de compléter ce qu’il ne peut savoir, d’arranger un peu, sera vite isolé, mis de côté. Décidément quel raté, quel ringard !!... 😉
Je ne pense pas qu'un kantien apparaitra comme un raté, mais plutôt comme une sorte d'idéaliste rigoriste, un peu coupé des réalités car qui peut agir sans se préoccuper des conséquences de ses actes ? Kant nous place devant un choix difficile : la morale universelle ou l'efficacité de nos actions ... Difficile de choisir ...
Pour cet exemple, celui d'arranger des éléments d'évaluation de son administration, de son entreprise, le kantien ne prend-il pas en compte les conséquences à long terme d'un tel "mensonge", celles d'une intoxication de la politique managériale ? Prise en compte conséquencialiste que n'opère pas celui qui se présente comme "pragmatique", arrangeant, qui fait tourner tranquillement la machine, dans l'immédiat ?...
Le problème, c'est que Kant considère les conséquences pour la société (un pays voire au-delà) entière alors qu'un dirigeant gère les intérêts d'une seule entreprise. Peut-on être kantien dans un monde qui ne l'est pas ? On peut l'être, certes, mais à quel prix ?
Kant dans sa reponse fait porter le poids des conséquences du mensonge sur le seul menteur, c'est le problème. Si l'assassin fout de rage de ne pas trouver sa cible fait fusiller dix personnes, c'est bien lui qui est responsable des meurtres. Si l'assassin apprend l'emplacement de sa cible, le menteur est en effet partiellement complice. il a sa part de la responsabilité du meurtre qui n'aurait pas eu lieu sans cela. L'assassin n'a aucun droit à obtenir la vérité à la différence d'un partenaire commercial. Je suis constantien.
Kant ne fait pas porter "toute" la responsabilité du meurtre sur le menteur. Bien entendu, l'assassin est totalement responsable de son acte, mais le menteur devient son complice en quelque sorte. Mais je reconnais que la position de Kant nous paraît bien étrange aujourd'hui. Je crois que nous sommes tous devenus plus ou moins constantiens.
Merci pour la vidéo et les anciennes. Je dirais que je suis ContanKantien ! 😀
Pas facile de s'opposer à Kant 😊
@@lemicrosophe Non. Mais je prends Emmanuel Kant pour la règle et Benjamin Constant pour l'exception ! 😀
Hélas, Kant n'admet pas les exceptions ... Dura lex sed lex !
La morale kantienne est impressionnante ! Bien trop pour de jeunes esprits !... 😉 J’avoue avoir eu du mal à m’en extraire... Jusqu’au jour j’ai eu l’impression d’une évidence soudaine : est-il possible d’universaliser le principe de son action sans en savoir les conséquences... Or il ne peut y en avoir de connaissance totale... Il faudrait donc tenter d’universaliser en prenant en compte les connaissances disponibles des conséquences de son acte, à un moment donné ?
Est-ce qu’on peut dire que je garde en cela une part du kantisme ?... L’écoute de ta vidéo sur Aristote puis la lecture du livre de Aubenque sur « La prudence chez Aristote » m’ont vraiment ravi ! 🤩
Je suis heureux de vous avoir fait découvrir Pierre Aubenque, toujours très intéressant, en particulier quand il parle d'Aristote.
merci pour cette leçon
Merci pour cette vidéo très intéressante.
Pour répondre à la question que vous posez à la fin, je dirais que je suis "Kantien" jusqu'à un certain point ;-)
Plus sérieusement : ne faudrait-il pas distinguer différents "mensonges" ? Mentir pour nuire à autrui ou s'approprier des avantages, est-ce vraiment la même chose que de mentir pour sauver quelqu'un ?
On peut distinguer différentes catégories de mensonge et je pense que c'est ce qu'essaie de faire Benjamin Constant, mais ça n'est pas la position de Kant.
Je me vois mal appliqué cet imperatif de dire tout le temps la vérité alors pour ne pas me mentir je dis constantien .
Le croisement des différents principes moraux kantiens et la prise en compte du contexte laissent-ils vraiment une place significative aux critiques puériles et formelles qui lui sont faites ?
Je trouve également les critiques à ce sujet aussi fondées qu'exagérées.
Je les attribue à la dissonance cognitive renvoyant chacun à l'inconfort du à son propre abus du mensonge, ce qui au fond me pousserait à donner raison à Kant lorsqu'il souligne le poids des lois morales, sans dévaloriser totalement la notion de principes intermédiaires...
Je suis désolé de ne pas retrouver un passage où Kant lui-même, quittant la rigueur de ses démonstrations, en relativise l'excès, dans un moment d'autodérision évident. Ce qui me pousse à penser qu'il a réagi de manière épidermique, dans un combat verbal, à la controverse de Benjamin Constant.
Merci au microsophe pour cette présentation.
Actualité du kantisme ?... 🤔
C’est connu, le kantien est un ringard, psychorigide perclus de principes !... On lui préfèrera le cool, pragmatique dont la souplesse d’adaptation lui permet de prendre en compte les spécificités de chaque situation !
Prenons un exemple fictif. Soit une administration (ou une entreprise). La modernité veut qu’elle ne soit pas pilotée par des principes mais sur la base d’évaluations multiples du « réel », permettant de constituer un tableau de bord pour piloter. Une bonne part de l’énergie des employés à tous niveaux, ou de certains dont c’est la spécialité, est de constituer des outils de pilotage, tableaux de bords et autres…
Ce travail peut être colossal et démesuré. Face à cette recherche incessante d’informations, le kantien adoptera une droiture, une rigidité, de tous les instants qui va le mettre en difficulté. Devant l’impossibilité de parvenir à tant d’informations dans un délai raisonnable, le cool pragmatique lui s’adapte. Il est capable si besoin d’arranger les informations à vue d’œil, de les compléter en s’efforçant de les rendre crédibles, ou lisibles par sa hiérarchie.
Que vaut alors un de ces petits « mensonges » ? Souvent pas grand chose, s'il a été fait dans l’esprit du réel et peut permettre d’agir en connaissance ? Parfois, tout de même, il peut volontairement déformer la vue du réel...
Que valent cette fois l’ensemble de ces « petits mensonges », même les plus proches du réel ? Ils participent d’un leurre de l’institution, celui de l’omniscience dont elle peut se targuer. Leurre qui alimentera cette culture de l’évaluation, nourrira toujours plus d’exigence évaluative et de… mensonges.
Autrement dit, le cool pragmatique, arrangeant, risque de déformer la vue du réel auquel il semble pourtant plus adapté. Il alimente une culture illusoire. Il est un conséquentialiste à très courte vue. Qu'importe, son supérieur pourra se présenter à sa prochaine réunion avec un dossier d’évaluation sous le bras ! Jamais ne sera remis en cause cette culture de l’évaluation et ses ratés : données peu fiables ou arrangeantes à courtes vues, illusion de la possibilité d'obtenir des données suffisantes pour appréhender le réel.
Le kantien universalisant l'éventualité d'un même modeste mensonge, refusant de compléter ce qu’il ne peut savoir, d’arranger un peu, sera vite isolé, mis de côté. Décidément quel raté, quel ringard !!... 😉
Je ne pense pas qu'un kantien apparaitra comme un raté, mais plutôt comme une sorte d'idéaliste rigoriste, un peu coupé des réalités car qui peut agir sans se préoccuper des conséquences de ses actes ? Kant nous place devant un choix difficile : la morale universelle ou l'efficacité de nos actions ... Difficile de choisir ...
Pour cet exemple, celui d'arranger des éléments d'évaluation de son administration, de son entreprise, le kantien ne prend-il pas en compte les conséquences à long terme d'un tel "mensonge", celles d'une intoxication de la politique managériale ? Prise en compte conséquencialiste que n'opère pas celui qui se présente comme "pragmatique", arrangeant, qui fait tourner tranquillement la machine, dans l'immédiat ?...
Le problème, c'est que Kant considère les conséquences pour la société (un pays voire au-delà) entière alors qu'un dirigeant gère les intérêts d'une seule entreprise. Peut-on être kantien dans un monde qui ne l'est pas ? On peut l'être, certes, mais à quel prix ?
Kant dans sa reponse fait porter le poids des conséquences du mensonge sur le seul menteur, c'est le problème.
Si l'assassin fout de rage de ne pas trouver sa cible fait fusiller dix personnes, c'est bien lui qui est responsable des meurtres.
Si l'assassin apprend l'emplacement de sa cible, le menteur est en effet partiellement complice. il a sa part de la responsabilité du meurtre qui n'aurait pas eu lieu sans cela.
L'assassin n'a aucun droit à obtenir la vérité à la différence d'un partenaire commercial.
Je suis constantien.
Kant ne fait pas porter "toute" la responsabilité du meurtre sur le menteur. Bien entendu, l'assassin est totalement responsable de son acte, mais le menteur devient son complice en quelque sorte. Mais je reconnais que la position de Kant nous paraît bien étrange aujourd'hui. Je crois que nous sommes tous devenus plus ou moins constantiens.