Un après-midi de pluie, a écouter avec plaisir, cette magnifique émission de France Culture, qui est et qui restera une des meilleurs radio au monde, merci.
Quand j'ai envie de dire plein de mal de Raphael Enthoven , je me rappelle qu'il est aussi ce présentateur cultivé et précieux qui réalisa ce genre d'émissions...Chapeau!
"...si je désire une eau d'Europe c'est la flache noire et froide où vers le crépuscule embaumé un enfant accroupi plein de tristesse lâche un bateau frêle comme un papillon de mai...". Rimbaud ne veut plus de l'ivresse toute puissante de la liberté déchainée.
20:13 Rimbaud s'est toujours méfié de la poétisation, il n'est pas sûr d'y échapper. Il sait que l'image est piège "l'humanité fraternelle par l'univers sans image" (Illuminations) mais en même temps il s'est rendu compte que les images ne sont pas si aisément congédiable. Autrement dit lutter contre les représentations quelles soient édénique ou infernal, il le dit dans L'Impossible (dans la saison en enfer), il y'a tout une réflexion sur ce qu'est l'esprit et la fin de L'Impossible explique que "par l'esprit on va à Dieu / Déchirante infortune" - Rimbaud pensant s'être débarrassé de l'ordre de l'étreinte : toutes les contraintes, de tous les codes; il s'aperçoit que ceux-ci sont réapparu à son insu et qu'il n'arrive pas à s'en défaire. Il y'a une analyse de ce qui dans la société et en lui comme comme freins psychiques, freins sociaux, freins politiques, l'empêchent d'être justement dans la liberté libre.
32:50 le Je de Rimbaud ("Je est un autre") se distingue du Je de la poésie romantique qui prend son âme pour un paysage choisi. Aragon dans sa preface d'Une saison en enfer commentait un passage de L'Alchimie du berbe "cette famille est une nichée de chien" en disant qu'on ne repassera de la nichée de chien à la famille. Le "Je est un autre" est quelque-chose mise en œuvre par Rimbaud comme quelque chose d'irrevocable et d'irreversible, donc une mort de Je dans l'altérité, ce qui fait que les choix qui ont été décidé par Rimbaud sont en quelques sortes définitifs et pourraient expliquer son silence. Les dégâts sont faits dès lors qu'on se rue dans l'altérité sans pouvoir redevenir soi-même, cela évoque le Bateau Ivre : "Ô que ma quille éclate ! Ô que j’aille à la mer !".
37:35 "Je suis caché et je ne le suis pas" Si Dieu, si l'enfer, si le paradis n'existent pas alors pourquoi vit-on avec des sensations paradisiaques et infernales en l'homme ? Il y'a un problème d'ubiquité, de bilocation permanente du sujet qui n'arrive pas à se ressaisir et l'identité paysanne et quand même une réintégration du sujet vers une certaine unité - finalement il retrouve la terre ferme et à partir de là on peut redéfinir l'action (aussi poétique que politique). Il faut donc retrouver une certaine fermeté ontologique du réel pour pouvoir redéfinir la beauté. Rimbaud a été ici victime de son éducation chrétienne c'est-à-dire quil s'aperçoit que la métaphysique, la représentation n'est pas si facile congédiable.
39:56 Cette part de permanence et de transitoire (saisir l'éternel aussi sein du transitoire, le present dans l'actualité) - de chez Baudelaire - Rimbaud va la penser selon mode le mode de la crise dans une saison en enfer : dans Mauvais sang il dit "Je veux la liberté dans le salut" et dans Genie qui continue cette réflexion il parle de la recherche de la grâce croisée de violences nouvelles. Donc il s'agit toujours de faire ensemble une continuité et une discontinuité, une architecture et une labileté, un l'être fixe et le mouvement, - une science et une vigueur, une lucidité et une possibilité permanente de transformation pour pouvoir inventer quelque-chose de l'être univoque, un être pour les étangs.
45:06 chez Rimbaud il n'y a pas d'hypostase de la fonction poétique où le poète dirait nécessairement la poésie nécessaire au réel. Rimbaud critique le cogito cartésien car il est fondé sur l'illusion d'une maîtrise de soi et Musset qui l'utilise, ajoute une dose de sensibilité. Il va distinguer deux choses : l'individu (qui prend sa place dans une société moderne) et le sujet; et il va indiquer qu'il faut essayer d'objectiver le plus possible sujet pour devenir soi. "Il faut être absolument moderne" il se pourrait qu'on soit face à une phrase ironique. Dans cette phrase celui qui parle est une voix du dehors qui donne une injonction contre lequel le sujet pourrait se rebéler en cherchant la solution non pas du côté de la modernité, de la force mais du côté de la vérité : c'est le retour de la valeur de vérité contre les valeurs d'intensité permanente, de progrès béat "rien n'est vanité, à la science et en avant"
47:07 on pourrait forger pour Rimbaud un néologisme : immoderne - Rimbaud est immoderne, c'est une façon d'être à la fois moderne et anti-moderne. Rimbaud pense que la tache de la poésie est d'être actuelle et être actuel c'est essayer d'atteindre l'inconnu du monde, du soi, du sujet. Mais cet inconnu ça sera la dimension absolue et perpétuelle du nouveau - la poésie objective, c'est atteindre un dehors qui est pour finir le plus proche de soi, sa plus grande intériorité
Contemporain non d'Hegel mais de Nietzsche. A la fois tragique/comique et volontariste/referaiseur de réel. Et pas de mot de la fin. Le silence, c'est pour ça. Ciao !
Un après-midi de pluie, a écouter avec plaisir, cette magnifique émission de France Culture, qui est et qui restera une des meilleurs radio au monde, merci.
Merci pour cette série !❤
Quand j'ai envie de dire plein de mal de Raphael Enthoven , je me rappelle qu'il est aussi ce présentateur cultivé et précieux qui réalisa ce genre d'émissions...Chapeau!
Tout à fait d'accord
Je me disais la même chose
"...si je désire une eau d'Europe c'est la flache noire et froide où vers le crépuscule embaumé un enfant accroupi plein de tristesse lâche un bateau frêle comme un papillon de mai...". Rimbaud ne veut plus de l'ivresse toute puissante de la liberté déchainée.
grrrrrrrrand merci
20:13 Rimbaud s'est toujours méfié de la poétisation, il n'est pas sûr d'y échapper. Il sait que l'image est piège "l'humanité fraternelle par l'univers sans image" (Illuminations) mais en même temps il s'est rendu compte que les images ne sont pas si aisément congédiable.
Autrement dit lutter contre les représentations quelles soient édénique ou infernal, il le dit dans L'Impossible (dans la saison en enfer), il y'a tout une réflexion sur ce qu'est l'esprit et la fin de L'Impossible explique que "par l'esprit on va à Dieu / Déchirante infortune" - Rimbaud pensant s'être débarrassé de l'ordre de l'étreinte : toutes les contraintes, de tous les codes; il s'aperçoit que ceux-ci sont réapparu à son insu et qu'il n'arrive pas à s'en défaire.
Il y'a une analyse de ce qui dans la société et en lui comme comme freins psychiques, freins sociaux, freins politiques, l'empêchent d'être justement dans la liberté libre.
32:50 le Je de Rimbaud ("Je est un autre") se distingue du Je de la poésie romantique qui prend son âme pour un paysage choisi.
Aragon dans sa preface d'Une saison en enfer commentait un passage de L'Alchimie du berbe "cette famille est une nichée de chien" en disant qu'on ne repassera de la nichée de chien à la famille.
Le "Je est un autre" est quelque-chose mise en œuvre par Rimbaud comme quelque chose d'irrevocable et d'irreversible, donc une mort de Je dans l'altérité, ce qui fait que les choix qui ont été décidé par Rimbaud sont en quelques sortes définitifs et pourraient expliquer son silence.
Les dégâts sont faits dès lors qu'on se rue dans l'altérité sans pouvoir redevenir soi-même, cela évoque le Bateau Ivre : "Ô que ma quille éclate ! Ô que j’aille à la mer !".
37:35 "Je suis caché et je ne le suis pas"
Si Dieu, si l'enfer, si le paradis n'existent pas alors pourquoi vit-on avec des sensations paradisiaques et infernales en l'homme ? Il y'a un problème d'ubiquité, de bilocation permanente du sujet qui n'arrive pas à se ressaisir et l'identité paysanne et quand même une réintégration du sujet vers une certaine unité - finalement il retrouve la terre ferme et à partir de là on peut redéfinir l'action (aussi poétique que politique).
Il faut donc retrouver une certaine fermeté ontologique du réel pour pouvoir redéfinir la beauté. Rimbaud a été ici victime de son éducation chrétienne c'est-à-dire quil s'aperçoit que la métaphysique, la représentation n'est pas si facile congédiable.
39:56 Cette part de permanence et de transitoire (saisir l'éternel aussi sein du transitoire, le present dans l'actualité) - de chez Baudelaire - Rimbaud va la penser selon mode le mode de la crise dans une saison en enfer : dans Mauvais sang il dit "Je veux la liberté dans le salut" et dans Genie qui continue cette réflexion il parle de la recherche de la grâce croisée de violences nouvelles. Donc il s'agit toujours de faire ensemble une continuité et une discontinuité, une architecture et une labileté, un l'être fixe et le mouvement, - une science et une vigueur, une lucidité et une possibilité permanente de transformation pour pouvoir inventer quelque-chose de l'être univoque, un être pour les étangs.
45:06 chez Rimbaud il n'y a pas d'hypostase de la fonction poétique où le poète dirait nécessairement la poésie nécessaire au réel.
Rimbaud critique le cogito cartésien car il est fondé sur l'illusion d'une maîtrise de soi et Musset qui l'utilise, ajoute une dose de sensibilité.
Il va distinguer deux choses : l'individu (qui prend sa place dans une société moderne) et le sujet; et il va indiquer qu'il faut essayer d'objectiver le plus possible sujet pour devenir soi.
"Il faut être absolument moderne" il se pourrait qu'on soit face à une phrase ironique. Dans cette phrase celui qui parle est une voix du dehors qui donne une injonction contre lequel le sujet pourrait se rebéler en cherchant la solution non pas du côté de la modernité, de la force mais du côté de la vérité : c'est le retour de la valeur de vérité contre les valeurs d'intensité permanente, de progrès béat "rien n'est vanité, à la science et en avant"
47:07 on pourrait forger pour Rimbaud un néologisme : immoderne - Rimbaud est immoderne, c'est une façon d'être à la fois moderne et anti-moderne.
Rimbaud pense que la tache de la poésie est d'être actuelle et être actuel c'est essayer d'atteindre l'inconnu du monde, du soi, du sujet. Mais cet inconnu ça sera la dimension absolue et perpétuelle du nouveau - la poésie objective, c'est atteindre un dehors qui est pour finir le plus proche de soi, sa plus grande intériorité
Contemporain non d'Hegel mais de Nietzsche. A la fois tragique/comique et volontariste/referaiseur de réel. Et pas de mot de la fin. Le silence, c'est pour ça. Ciao !
Le Rimbe ? Quelques années de génie et le reste un trafiquant honteux
Qu'est ce qu'on en apprend en te lisant
"Selon vous"!!!!!!!!!!!!!,Qui peut juger Arthur,?????????? TAISEZ VOUS