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Norman Ajari Séminaire EuroPhilo 2023 | Philosophie de la tradition radicale noire (1)

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  • เผยแพร่เมื่อ 16 เม.ย. 2023
  • Lundi 17 avril 2023 : Cedric Robinson et le concept de tradition radicale noire.
    Tout activisme politique est affaire d’attachements et d’hostilité. Il y a d’une part les êtres que l’on tient pour des interlocuteurs, et de l’autre ceux que l’on définit comme des adversaires. Tout dialogue politique suppose des exclus tout comme, à l’inverse, toute désignation de l’ennemi suppose tractations et accord entre des alliés. Dans la trajectoire des populations de l’Atlantique noir, cette double ontologie du politique est, peut-être davantage que nulle part ailleurs dans l’histoire moderne, objet d’investissements passionnels intenses. C’est que l’enjeu concernait l’appartenance ou non de millions d’individus à l’humanité.
    Ce cours prendra pour point de départ l’influent concept de tradition radicale noire développé par le politologue africain-américain Cedric Robinson, par lequel il désigne un ensemble de luttes et de réflexions théoriques contre le capitalisme et le racisme nés du choc fatal entre l’esclavagisme négrier et les traditions métaphysiques africaines. Pour la première fois, Robinson donne un nom, une dignité, une cohérence à un lignage intellectuel et militant généralement réduit à une succession de protestations déconnectées : révoltes d’esclaves à bord des navires ou à terre, marronnages, anticolonialisme, nationalismes noirs, panafricanisme, etc. À ses yeux, loin d’être sans lien, tous ces phénomènes historiques se sont nourris de la subsistance d’un esprit africain à même les pratiques de survie des populations embarquées de force dans les cales de la modernité capitaliste. La tradition radicale noire, écrit Robinson, veille à la préservation de la « totalité ontologique ». Le cours visera, d’une part à d’éclairer cette mystérieuse formule en présentant la pensée de Robinson et sa vaste influence au sein des débats des études noires actuelles, mais également à enrichir, voire parfois à critiquer ses conclusions.
    Le théoricien africain-américain Fred Moten parle du perpétuel balancement de la tradition radicale noire entre une tendance optimiste, en quête de réforme et de créativité, et une tendance pessimiste, désabusée quant aux possibilités de libération offertes par la modernité occidentale. La quête d’autodétermination et la souveraineté noires, revers du pessimisme, furent l’objectif principal de nombreuses tendances de l’histoire politique noire des deux derniers siècles. Pourtant, le discours actuel des études noires a effacé cette dimension au profit d’inoffensifs appels à l’invention et à la coalition qui cherchent à faire penser le désir d’autonomie et de souveraineté historiquement dominant au sein du radicalisme noir pour une tentation nihiliste. La réflexion que poursuivra ce cours est toute autre. La création d’institutions affirmatrices de la vie, l’inventivité culturelle et la créativité collective sont certes indispensables pour nous accrocher à ce à quoi nous tenons dans notre existence en commun. L’histoire des esclaves noirs des Amériques est bien celle d’une réinvention vitale dans des conditions d’abjection sans précédent. Mais rien de tout cela n’est décisif si fait défaut la résolution d’éradiquer purement et simplement les forces qui nous figent dans l’impouvoir, voire nous déshumanisent. Se réinventer constamment dans un monde qui les broie, c’est ainsi que les Noirs sont parvenus à survivre ; ce n’était pas encore la vie.

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