ENTRETIEN N° 8: MOHAMMED HARBI AU MINISTÈRE DES FORCES ARMÉES

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  • เผยแพร่เมื่อ 22 ต.ค. 2024
  • Le sommaire de tous les entretiens, et les liens avec chacune des 23 vidéos, est téléchargeable sur www.syllepse.n...
    MOHAMMED HARBI À TUNIS
    Directeur du cabinet civil au ministère des Forces armées, dirigé par K. Belkacem, y retrouve son oncle maternel, le colonel Ali Kafi, lié au clan Bentobbal-Boumediene. Rôle majeur des protections. Pour M. Harbi: Ali Kafi et les anciens centralistes, Yazid, Boulharouf, Ben Khedda, Dahlab. Puis il s’impos par son travail et sa pensée politique, malgré son étiquetage de marxiste et communiste. Les rapports de M. Harbi avec les partis communistes (pour les Algériens, le communisme, c’est le PCA et le PCF, rien d’autre) et avec les membres de ces formations. Sympathie pour Socialisme ou Barbarie.
    COMPOSITION ET NATURE DE L’ARMÉE AUX FRONTIÈRES
    La majorité des troupes viennent des régions montagneuses, vraiment paysannes. Elles ne sont pas intégrées les unes aux autres. Les chefs de région veulent en garder le contrôle. Elles sont largement encadrées par les DAF (déserteurs de l’armée française), très autoritaires, ce sont souvent des anciens des guerres coloniales, anticommunistes, formés à la guerre contre-révolutionnaire dans l’armée française, mais aussi de bons techniciens, fidèles à l’état-major, formés à la guerre contre-révolutionnaire dans l’armée française. Ils occupent les postes dans les bureaux techniques, ont pensé l’aprèsindépendance et ce sont eux qui décideront en 1962 de qui restera dans l’armée et qui sera démobilisé. Les DAF sont en opposition avec les autres officiers, ceux issus des maquis et ceux formés dans les académies militaires arabes ou du «bloc communiste». D’où de nombreux conflits, qui perdureront après l’indépendance. Cette armée est
    surtout le produit de la construction des barrages aux frontières. Les lignes Morice et Challe.
    À L’INTÉRIEUR
    Nécessité dintégrer des combattants formulée dès après congrès de la Soummam, mais la méfiance prédomine. Échec de l’initiative d’Amirouche pour l’intégration (fin 1958), faite en partie lorsque les contingents fuyant les opérations Challe sont allés dans les willayas voisines. Question de la centralisation des efforts militaires pour les rendre moins coûteux non pensée. Problème: manque d’armes, frontières bloquées. Nombreuses révoltes et dissidences, suivies d’exécutions. Réunion des dix colonels pour résoudre la crise et donner une direction unique à l’armée (fin 1959).
    BACKGROUND HISTORIQUE
    La nation n’est pas pensée par le nationalisme algérien. L’Algérie doit être pensée comme nation en formation (thèse M. Harbi) et non une nation née avec l’arrivée de l’islam. Une société pulvérisée par la colonisation française, contrairement aux Ottomans qui ne se sont pas attaqués à la cohésion des structures de base de la société. D’où la difficulté à unifier cette population dans la lutte, et de là les rapports très brutaux. Le parti communiste a pensé la nation indépendamment de la barrière coloniale. Toute la tradition tribale (allégeance) a été transférée dans les formations politiques. La conquête a été terrible, les révoltes n’ont jamais cessé. Dans les sociétés en formation, la question du pouvoir est primordiale. La formation de l’État se fait inévitablement dans la belligérance car la société est fracturée par la colonisation. En Algérie, la caste dominante était totalement étrangère. Le système capitaliste n’a pas rompu les attaches primordiales (parenté, appartenance régionale…) en Algérie. Population en majorité rurale, société précapitaliste où les groupes priment sur les individus. Deux sociétés en présence, l’une liée au secteur colonial moderne, l’autre traditionnelle. L’unité, entre ces deux composantes, est constituée par le statut de colonisé.
    CONTEXTE D’UNE LUTTE RÉVOLUTIONNAIRE NI PENSÉE NI DIRIGÉE
    Une guerre révolutionnaire non pensée politiquement: «Allumer la mèche et organiser après», une phrase des fondateurs. Une direction submergée par la mobilisation de masse. Une société très divisée: plus de harkis que de combattants, c’est un problème; une hostilité au FLN dans certaines régions, les notables humiliés, les étudiants rejetés, parfois assassinés car imposés de l’extérieur. Les groupements opposés au FLN se constituent dès 1956-1957. Les intellectuels pensent «français» et ignorent largement les réalités anthropologiques de leur pays (parenté, religion). Une direction trop brutale et trop autoritaire. D’où des dissidences qu’on ne contrôle pas. La cohésion n’existe que chez les scolarisés, les intellectuels qui acceptent les servitudes d’un État centralisé. Lutte permanente pour le pouvoir entre des militaires qui sont d’anciens politiques. Des ruraux anarchisants et collectivistes. La lutte terrible FLN/MNA était inscrite dans les fractures de la société. La France objet de fascination/répulsion. Beaucoup d’émigrés, en 1962, iront vers le secteur public, le secteur autogéré et les oppositions.

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