Content pour toi que ça grandisse à un rythme qui te convienne ! Et je crois en effet que le format des vidéos te préserve d’une hype « youtubesque » trop fulgurante… Le fait de dire « bienvenu aux nouveaux abonnés » au bout d’une demi-heure d’une vidéo non-scriptée par exemple, c’est très dans le ton de la chaîne, et pas vraiment efficace niveau marketing xD (je dis ça avec tendresse bien sûr, ce n’est pas un reproche). Moi je continue à rattraper les anciennes vidéos au fur et à mesure - au grand désespoir de mon larfeuille parce que ça me donne souvent envie - et je trouve toujours ce format aussi chouette ! Alors bonne insomnie à tous !
J'aime bien la série Alien mais vu les derniers films honnêtement j'ai même pas suivi l'actu de Romulus d'autant que je ne suis pas très film en général, mais après avoir écouté cet épisode (et vu quelque autres retours positif en ligne) ça me donne plutôt envie. Je pense que t'as du le faire en tant que fan mais au cas si tu l'as pas fait je te conseille Alien : Isolation qui je pense est non seulement un très bon jeu mais un des meilleur media Alien tout court, films inclus.
J'ai effectivement joué à Isolation, qui était clairement un très bon moment de la licence Alien :-) Et je confirme, Romulus est très au-dessus de Prometheus et Covenant, tu devrais lui donner sa chance !
Je suis un grand fan de la saga ALIEN, et de son univers étendu dans les comics. Je ne mets pas les AVP dans la saga -- d'ailleurs ils n'y sont pas et ont été ignorés par les cinéastes ayant repris le flambeau des ALIEN après ces daubes, dont les enjeux pour les personnages étaient juste autant aberrants que grotesques ("où sont les clés de bagnole?").A côté de ça, j'adore tout, j'ai vu et revu tous les films, et même celui qui est le plus faible à mes yeux, RESURRECTION, reste un très bon film de SF. J'ai beaucoup aimé ROMULUS également... Je ne vais donc pas m'appesantir sur ceux qu'on aime de concert, mais plutôt ceux que tu rejettes, particulièrement COVENANT... Je te cite : "Souvent les fans d'une licence vont avoir une vision bien gravée dans le marbre de ce que doit être leur licence / créature favorite, et dès qu'un réalisateur s'en éloigne un peu, ils ne sont pas contents. Et dans le même temps, les mêmes fans se plaignent quand on fait trop la même chose (....)"C'est exactement pourquoi j'ai adoré PROMETHEUS et surtout COVENANT. Il y a le cahier des charges de la saga, mais absolument pas comme on pourrait l'imaginer. Le film est impossible à anticiper et change encore de sous-registre. Depuis le début, les ALIEN ne sont pas que de la SF; ALIEN 1 = film d'horreur dans l'espace, ALIENS = film de guerre, ALIEN 3 = film funèbre de fin de trilogie et de tout, ALIEN 4 = typé comics avec Ripley en super-héroïne invincible, PROMETHEUS = film métaphysique "d'où vient-on et pourquoi?", et donc ce COVENANT... avec une réponse plus sombre, noire et misanthrope que jamais. Un film d'horreur nihiliste au plus haut point, finissant très méchamment dans la grande tradition des B d'horreur (mais en blockbuster et au cinéma !), envoyé pleine balle par un Scott encore meurtri du suicide de son frère Tony, mal-être qu'il avait déjà craché en partie dans son magnifiquement cafardeux CARTEL. Ce n'est pas l'endroit pour te sortir tout ce qui me fascine et me paraît brillantissime dans COVENANT, mais rien que le synthétique David et le traitement des humains mérite qu'on s'y arrête, le tout tournant autour de la thématique création/créateur. Le personnage de l'androïde David, ré-introduit dès une séquence d'ouverture pour le moins inattendue (un long dialogue dans une grande pièce immaculée), est le véritable personnage principal de COVENANT. Ce personnage érudit et très complexe (il se cherche "sexuellement" via le baiser à son "jumeau", via son rapport avec Shaw) a donc la fascination/répulsion de ses créateurs, ce qui le met dans une situation de grande frustration, lui qui ne peut procréer et n'est pas respecté en tant qu'être conscient par son créateur. Il va dès lors s'épanouir seul, jouir de la découverte des arts qui rendent libre et confiant (il essaye de passer ce savoir lors de la scène de la flûte avec son successeur Walter) et de la science, durant les 10 ans restés seul sur la planète des Ingénieurs. Lorsque David parvient à produire l'Alien caparaçonné noir tel qu'on le connait depuis 1979, grâce au piège qu'il a tendu à l'équipage du vaisseau colonisateur, il voit dans le xénomorphe sa création la plus poussée après cette décennie de recherches. Le personnage de l'Alien finalise donc son arc narratif : il représente sa progéniture parfaite en tant que Créateur ET sa vengeance ultime vis-à-vis de son complexe vis-à-vis de l'Homme Créateur, qu'il a déjà fortement ébranlé dès son arrivée sur la planète des Ingénieurs... les exterminant tous avec leur propre armement bactériologique, empêchant par la même occasion les humains d'apprendre un jour la raison de leur création ! Qu'on aime ou pas, COVENANT a l'énorme qualité pour lui d'enrichir thématiquement l'une des plus grosses franchises du cinéma. Et oui, en effet, Scott est misanthrope dans ce film : les humains sont à la ramasse, se ridiculisent régulièrement, subissent toute l'action générée par le robot David, vis-à-vis duquel ils sont nettement infériorisés... L'imbécilité des humains était déjà partiellement représentée dans PROMETHEUS, et par des scientifiques, ce qui est d'autant plus fort (ça forniquait pendant que les 2 cons de géologue / biologiste étaient perdus dans des couloirs... en forme de cercle, et plus tard, ça courait tout droit alors qu'un vaisseau s'écrasait en roulant en ligne droite sur soi). Le niveau intellectuel des humains de COVENANT est tellement bas qu'il n'y a même plus de débat à ce niveau-là. Du capitaine qui se penche sur l'œuf en passant par les abruties qui glissent sur la même marre de sang. Tous les humains sont stupides, dispensables, remplaçables... C'est mon interprétation, mais je me plais à apprécier ces deux films sous le prisme d'un cinglant bilan jugeant l'humain pas au niveau, juste bon à servir de terreau organique pour la suite. Le scientifique ultime est clairement David : froid comme aucun humain ne pourra l'être jamais... sauf en ce qui concerne son égo blessé à sa création -- quelque chose qu'il ne digérera jamais, qui est son trauma. Sa vengeance se mélange avec sa soif de savoir et de création. David est certainement l'antagoniste et le psychopathe le plus fascinant et mieux travaillé que j'ai jamais pu voir au cinéma depuis... Depuis je ne sais même pas quand.
J'accepte l'idée qu'on puisse aimer Covenant et lui trouver des qualités et des propos, mais franchement, j'ai beau essayer, je n'y arrive pas moi-même. Là où je vois parfaitement ce que Prometheus a voulu faire (même si, à mon sens, il a échoué), je trouve que Covenant tente très peu de choses nouvelles, et n'est, justement, comme on le reproche souvent à Romulus, qu'un agrégat de trucs déjà vus ici et là, assemblés les uns aux autres à la va-vite et avec une écriture complètement aux fraises. Et on peut s'en faire l'avocat, évidemment, mais c'est un exercice compliqué, qui peut mener à la mauvaise foi, je trouve... Par exemple, quand tu dis que la bêtise des persos du film serait un propos conscient de Ridley Scott, je trouve ça trop facile et d'une bienveillance coupable envers le scénario... Parce que ça peut autant, et même, beaucoup plus probablement, être simplement une écriture paresseuse et purement fonctionnelle, faite pour mener l'intrigue du point A au point B sans s'emmerder. L'autre truc que j'avais trouvé boursoufflé de prétention et, in fine, très creux dans Covenant, c'était la façon dont le xénomorphe "canal historique" était traité : avec la posture christique, quasiment les choeurs d'église lorsqu'il apparaît... Quand on sait que Ridley Scott a passé des décennies à chier (peut-être à raison, peu importe) sur toutes les oeuvres Alien qui n'étaient pas la sienne, c'est difficile de ne pas voir dans ce passage une tentative de réappropriation en force de la créature, en mode "ce monstre est A MOI, et je vais vous montrer comment il faut le filmer". Ce qui pose deux problèmes, à mon sens : d'une part, bah, que ça lui plaise ou non, si, il existe bien plusieurs films Alien avec lesquels il n'a rien à voir, et ce n'est pas d'un claquement de doigts et d'un froncement de sourcils autoritaire qu'il les effacera. Alien est devenu une licence tentaculaire, avec du bon, du passable et de l'ignoble, et c'est ainsi, passer derrière pour décider ce qui appartient ou non "réellement" à la licence est trop facile, je trouve. Et d'autre part, bah, s'il voulait réellement se réapproprier la créature (qui n'est d'ailleurs pas plus à lui qu'à Giger, par exemple), il aurait peut-être fallu faire un dernier acte à Covenant qui aurait été autre chose qu'un banal remake de n'importe quelle fin de n'importe quel Alien. De manière générale, j'ai l'impression que Prometheus et Covenant ne sont "sauvables" que par le propos : pour montrer que ce sont de bons films, il faut faire une explication de texte point par point, et essayer de décrypter chaque intention scénaristique, symbolique et métatextuelle de Ridley Scott... Mais si on pose simplement la question "passe-t-on on bon moment devant ?", bah tout de suite, ça toussote un peu, je trouve. Après, encore une fois, j'accepte complètement qu'on puisse les aimer bien plus que je ne le fais, c'est le jeu avec l'art, chacun y trouvera ou non quelque chose pour lui.
@@SurvivreLaNuit on ne va pas te forcer avec un flingue à dire que tu adores ce film, je te rassure! Je voulais juste remettre à plat les qualités du film, selon moi, qui ne sont jamais citées. Le niveau limite des actions des personnages, sur le papier, ne date pas de PROMETHEUS et COVENANT, mais carrément directement du film séminal, quand Ripley décide de risquer sa vie une dernière fois... pour sauver le chat. Même si ça a du enjailler ton chat Ronny quand il a découvert le film. Ca reste une action plutôt débile (qui nous a bien fait rire dans X films pour beaufs américains), transcendée par l'ambiance autant stressante qu'hypnotisante du 1er film. Donc c'était déjà quelque part en germe, même si le traitement de Ripley n'a rien à voir avec celle de COVENANT, pour moi voulu fade, subissant les choses, victimaire. Elle n'a pas été voulue comme une Ripley (contrairement à Noomi Rapace, pour le coup), mais plus dans ce que moi j'y vois : pas traitée comme une personne, mais comme une entité dispensable (sauf pour faire plus tard d'excitantes expériences avec les oeufs régurgités et mis au congélo, bien sûr !). Mais en tout cas, en cobaye oui mais pas du tout pour son intellect ni sa personnalité. Je ne pense pas que Scott ait particulièrement cet état d'esprit que tu cites, même s'il n'a jamais été dithyrambique sur les suites. Tout simplement, ses 2 derniers films se passent avant dans la chronologie, et on assiste à la naissance du 1er alien caparaçonné noir. C'est une date dans la saga, et il le montre comme "le sauveur", encore une fois en raccord avec la haine contre l'humain, matinée de soif scientifique / créatrice sans fin de David. J'aime énormément PROMETHEUS et COVENANT pour moult raisons, encore une fois je ne vais pas écrire des pavés ici -- même si c'est déjà en partie le cas! A nouveau, je ne cherche pas à te faire changer d'avis. Mais ce qui est pour toi une faiblesse est une force de mon point de vue, dans COVENANT. Avoir autant envie de parler de la mythologie d'un film après visionnage, ça ne m'arrive pas souvent, ces dernières années. C'est tellement riche au niveau de David, il y a un vrai travail. Après, en amont ils ont sans doute du se dire qu'il y aurait 2 niveaux de lecture : le film d'horreur en niveau 1 qui satisferait la majorité du public, et tout le pendant psychologique vicié de David en niveau 2. Dommage que le 1er ne suffise pas à une partie du public dont tu fais partie, et surtout dommage que le 2e ne te parle pas.
Bon bah c'est parti pour continuer l'insomnie. On va voir ce que tu as pensé d'Alien :) Je vais dire ce que j'en ai pensé en deux lignes : j'ai trouvé le film plutôt ok dans son ensemble, visuellement (à part la dernière bête à laquelle je n'ai pas accrochée) c'est vraiment cool, et le scénario se tient plutôt pas mal. En revanche les protagonistes ados, ce n'est plus pour moi... Ils pouvaient mourir ou vivre je n'en avais rien à faire.... Impossible de s'identifier avec aucune personnalité qui sort du lot (à part le robot... Mdr)
Le robot est le perso le plus intéressant du film, c'est clair ! Par contre, je me suis bien attaché à l'héroïne aussi, et j'ai trouvé que, en bien comme en mal, on en avait peut-être fait beaucoup sur le côté "héros adolescents", et qu'au final, c'est quand même loin d'être un teen movie ! Même réserve que toi, sinon, sur la créature finale, dont le design m'a vraiment paru très laid.
J'ai vu Romulus au cinéma récemment. J'ai trouvé que les personnages étaient un peu trop jeunes, ce qui donnait l'impression que le film perdait en sérieux, en le transformant un peu en un film pour adolescents, à la manière de Hunger Games, etc même si ce sentiment se dissipe au fur et à mesure que le film avance
Après la politique, le truc qui, à mon avis, polarise plus encore que les films, c'est probablement les séries. Quand à la saga Alien, peut-être te l'ai-je déjà dit, mais Résurrection, c'est un peu le Batman & Robin dans le fabuleux cycle des films du sombre chevalier : une sorte de pas de côté singulier et provocateur, possiblement involontaire. Ah et aussi, bravo pour les 2k abonnés: le compteur grimpe :)
Merci :-) Et oui, je suis d'accord, Resurrection, c'est un cas assez singulier dans la saga, un film parfois à la limite du burlesque, qui donne un effet vraiment super bizarre après les trois premiers qui sont tous sombres, désespérés et premier degré... En vrai, foncièrement, ce n'est pas un mauvais film, mais je pense quand même que c'est lui qui a ouvert la porte à ce qu'on puisse faire n'importe quoi (et jusqu'ici pas avec grand succès) de la saga.
Très sympa cet épisode insomniac club ! Merci !
Toujours très agréable à écouter, merci pour tes vidéos !
Super timing ˆˆ
Content pour toi que ça grandisse à un rythme qui te convienne !
Et je crois en effet que le format des vidéos te préserve d’une hype « youtubesque » trop fulgurante… Le fait de dire « bienvenu aux nouveaux abonnés » au bout d’une demi-heure d’une vidéo non-scriptée par exemple, c’est très dans le ton de la chaîne, et pas vraiment efficace niveau marketing xD (je dis ça avec tendresse bien sûr, ce n’est pas un reproche).
Moi je continue à rattraper les anciennes vidéos au fur et à mesure - au grand désespoir de mon larfeuille parce que ça me donne souvent envie - et je trouve toujours ce format aussi chouette !
Alors bonne insomnie à tous !
J'aime bien la série Alien mais vu les derniers films honnêtement j'ai même pas suivi l'actu de Romulus d'autant que je ne suis pas très film en général, mais après avoir écouté cet épisode (et vu quelque autres retours positif en ligne) ça me donne plutôt envie. Je pense que t'as du le faire en tant que fan mais au cas si tu l'as pas fait je te conseille Alien : Isolation qui je pense est non seulement un très bon jeu mais un des meilleur media Alien tout court, films inclus.
J'ai effectivement joué à Isolation, qui était clairement un très bon moment de la licence Alien :-)
Et je confirme, Romulus est très au-dessus de Prometheus et Covenant, tu devrais lui donner sa chance !
Je suis un grand fan de la saga ALIEN, et de son univers étendu dans les comics. Je ne mets pas les AVP dans la saga -- d'ailleurs ils n'y sont pas et ont été ignorés par les cinéastes ayant repris le flambeau des ALIEN après ces daubes, dont les enjeux pour les personnages étaient juste autant aberrants que grotesques ("où sont les clés de bagnole?").A côté de ça, j'adore tout, j'ai vu et revu tous les films, et même celui qui est le plus faible à mes yeux, RESURRECTION, reste un très bon film de SF. J'ai beaucoup aimé ROMULUS également... Je ne vais donc pas m'appesantir sur ceux qu'on aime de concert, mais plutôt ceux que tu rejettes, particulièrement COVENANT...
Je te cite : "Souvent les fans d'une licence vont avoir une vision bien gravée dans le marbre de ce que doit être leur licence / créature favorite, et dès qu'un réalisateur s'en éloigne un peu, ils ne sont pas contents. Et dans le même temps, les mêmes fans se plaignent quand on fait trop la même chose (....)"C'est exactement pourquoi j'ai adoré PROMETHEUS et surtout COVENANT. Il y a le cahier des charges de la saga, mais absolument pas comme on pourrait l'imaginer. Le film est impossible à anticiper et change encore de sous-registre. Depuis le début, les ALIEN ne sont pas que de la SF; ALIEN 1 = film d'horreur dans l'espace, ALIENS = film de guerre, ALIEN 3 = film funèbre de fin de trilogie et de tout, ALIEN 4 = typé comics avec Ripley en super-héroïne invincible, PROMETHEUS = film métaphysique "d'où vient-on et pourquoi?", et donc ce COVENANT... avec une réponse plus sombre, noire et misanthrope que jamais. Un film d'horreur nihiliste au plus haut point, finissant très méchamment dans la grande tradition des B d'horreur (mais en blockbuster et au cinéma !), envoyé pleine balle par un Scott encore meurtri du suicide de son frère Tony, mal-être qu'il avait déjà craché en partie dans son magnifiquement cafardeux CARTEL.
Ce n'est pas l'endroit pour te sortir tout ce qui me fascine et me paraît brillantissime dans COVENANT, mais rien que le synthétique David et le traitement des humains mérite qu'on s'y arrête, le tout tournant autour de la thématique création/créateur. Le personnage de l'androïde David, ré-introduit dès une séquence d'ouverture pour le moins inattendue (un long dialogue dans une grande pièce immaculée), est le véritable personnage principal de COVENANT.
Ce personnage érudit et très complexe (il se cherche "sexuellement" via le baiser à son "jumeau", via son rapport avec Shaw) a donc la fascination/répulsion de ses créateurs, ce qui le met dans une situation de grande frustration, lui qui ne peut procréer et n'est pas respecté en tant qu'être conscient par son créateur. Il va dès lors s'épanouir seul, jouir de la découverte des arts qui rendent libre et confiant (il essaye de passer ce savoir lors de la scène de la flûte avec son successeur Walter) et de la science, durant les 10 ans restés seul sur la planète des Ingénieurs.
Lorsque David parvient à produire l'Alien caparaçonné noir tel qu'on le connait depuis 1979, grâce au piège qu'il a tendu à l'équipage du vaisseau colonisateur, il voit dans le xénomorphe sa création la plus poussée après cette décennie de recherches. Le personnage de l'Alien finalise donc son arc narratif : il représente sa progéniture parfaite en tant que Créateur ET sa vengeance ultime vis-à-vis de son complexe vis-à-vis de l'Homme Créateur, qu'il a déjà fortement ébranlé dès son arrivée sur la planète des Ingénieurs... les exterminant tous avec leur propre armement bactériologique, empêchant par la même occasion les humains d'apprendre un jour la raison de leur création !
Qu'on aime ou pas, COVENANT a l'énorme qualité pour lui d'enrichir thématiquement l'une des plus grosses franchises du cinéma. Et oui, en effet, Scott est misanthrope dans ce film : les humains sont à la ramasse, se ridiculisent régulièrement, subissent toute l'action générée par le robot David, vis-à-vis duquel ils sont nettement infériorisés...
L'imbécilité des humains était déjà partiellement représentée dans PROMETHEUS, et par des scientifiques, ce qui est d'autant plus fort (ça forniquait pendant que les 2 cons de géologue / biologiste étaient perdus dans des couloirs... en forme de cercle, et plus tard, ça courait tout droit alors qu'un vaisseau s'écrasait en roulant en ligne droite sur soi). Le niveau intellectuel des humains de COVENANT est tellement bas qu'il n'y a même plus de débat à ce niveau-là. Du capitaine qui se penche sur l'œuf en passant par les abruties qui glissent sur la même marre de sang. Tous les humains sont stupides, dispensables, remplaçables... C'est mon interprétation, mais je me plais à apprécier ces deux films sous le prisme d'un cinglant bilan jugeant l'humain pas au niveau, juste bon à servir de terreau organique pour la suite. Le scientifique ultime est clairement David : froid comme aucun humain ne pourra l'être jamais... sauf en ce qui concerne son égo blessé à sa création -- quelque chose qu'il ne digérera jamais, qui est son trauma. Sa vengeance se mélange avec sa soif de savoir et de création.
David est certainement l'antagoniste et le psychopathe le plus fascinant et mieux travaillé que j'ai jamais pu voir au cinéma depuis... Depuis je ne sais même pas quand.
J'accepte l'idée qu'on puisse aimer Covenant et lui trouver des qualités et des propos, mais franchement, j'ai beau essayer, je n'y arrive pas moi-même.
Là où je vois parfaitement ce que Prometheus a voulu faire (même si, à mon sens, il a échoué), je trouve que Covenant tente très peu de choses nouvelles, et n'est, justement, comme on le reproche souvent à Romulus, qu'un agrégat de trucs déjà vus ici et là, assemblés les uns aux autres à la va-vite et avec une écriture complètement aux fraises.
Et on peut s'en faire l'avocat, évidemment, mais c'est un exercice compliqué, qui peut mener à la mauvaise foi, je trouve... Par exemple, quand tu dis que la bêtise des persos du film serait un propos conscient de Ridley Scott, je trouve ça trop facile et d'une bienveillance coupable envers le scénario... Parce que ça peut autant, et même, beaucoup plus probablement, être simplement une écriture paresseuse et purement fonctionnelle, faite pour mener l'intrigue du point A au point B sans s'emmerder.
L'autre truc que j'avais trouvé boursoufflé de prétention et, in fine, très creux dans Covenant, c'était la façon dont le xénomorphe "canal historique" était traité : avec la posture christique, quasiment les choeurs d'église lorsqu'il apparaît... Quand on sait que Ridley Scott a passé des décennies à chier (peut-être à raison, peu importe) sur toutes les oeuvres Alien qui n'étaient pas la sienne, c'est difficile de ne pas voir dans ce passage une tentative de réappropriation en force de la créature, en mode "ce monstre est A MOI, et je vais vous montrer comment il faut le filmer".
Ce qui pose deux problèmes, à mon sens : d'une part, bah, que ça lui plaise ou non, si, il existe bien plusieurs films Alien avec lesquels il n'a rien à voir, et ce n'est pas d'un claquement de doigts et d'un froncement de sourcils autoritaire qu'il les effacera. Alien est devenu une licence tentaculaire, avec du bon, du passable et de l'ignoble, et c'est ainsi, passer derrière pour décider ce qui appartient ou non "réellement" à la licence est trop facile, je trouve.
Et d'autre part, bah, s'il voulait réellement se réapproprier la créature (qui n'est d'ailleurs pas plus à lui qu'à Giger, par exemple), il aurait peut-être fallu faire un dernier acte à Covenant qui aurait été autre chose qu'un banal remake de n'importe quelle fin de n'importe quel Alien.
De manière générale, j'ai l'impression que Prometheus et Covenant ne sont "sauvables" que par le propos : pour montrer que ce sont de bons films, il faut faire une explication de texte point par point, et essayer de décrypter chaque intention scénaristique, symbolique et métatextuelle de Ridley Scott... Mais si on pose simplement la question "passe-t-on on bon moment devant ?", bah tout de suite, ça toussote un peu, je trouve.
Après, encore une fois, j'accepte complètement qu'on puisse les aimer bien plus que je ne le fais, c'est le jeu avec l'art, chacun y trouvera ou non quelque chose pour lui.
@@SurvivreLaNuit on ne va pas te forcer avec un flingue à dire que tu adores ce film, je te rassure! Je voulais juste remettre à plat les qualités du film, selon moi, qui ne sont jamais citées.
Le niveau limite des actions des personnages, sur le papier, ne date pas de PROMETHEUS et COVENANT, mais carrément directement du film séminal, quand Ripley décide de risquer sa vie une dernière fois... pour sauver le chat. Même si ça a du enjailler ton chat Ronny quand il a découvert le film. Ca reste une action plutôt débile (qui nous a bien fait rire dans X films pour beaufs américains), transcendée par l'ambiance autant stressante qu'hypnotisante du 1er film.
Donc c'était déjà quelque part en germe, même si le traitement de Ripley n'a rien à voir avec celle de COVENANT, pour moi voulu fade, subissant les choses, victimaire. Elle n'a pas été voulue comme une Ripley (contrairement à Noomi Rapace, pour le coup), mais plus dans ce que moi j'y vois : pas traitée comme une personne, mais comme une entité dispensable (sauf pour faire plus tard d'excitantes expériences avec les oeufs régurgités et mis au congélo, bien sûr !). Mais en tout cas, en cobaye oui mais pas du tout pour son intellect ni sa personnalité.
Je ne pense pas que Scott ait particulièrement cet état d'esprit que tu cites, même s'il n'a jamais été dithyrambique sur les suites. Tout simplement, ses 2 derniers films se passent avant dans la chronologie, et on assiste à la naissance du 1er alien caparaçonné noir. C'est une date dans la saga, et il le montre comme "le sauveur", encore une fois en raccord avec la haine contre l'humain, matinée de soif scientifique / créatrice sans fin de David.
J'aime énormément PROMETHEUS et COVENANT pour moult raisons, encore une fois je ne vais pas écrire des pavés ici -- même si c'est déjà en partie le cas!
A nouveau, je ne cherche pas à te faire changer d'avis. Mais ce qui est pour toi une faiblesse est une force de mon point de vue, dans COVENANT. Avoir autant envie de parler de la mythologie d'un film après visionnage, ça ne m'arrive pas souvent, ces dernières années. C'est tellement riche au niveau de David, il y a un vrai travail. Après, en amont ils ont sans doute du se dire qu'il y aurait 2 niveaux de lecture : le film d'horreur en niveau 1 qui satisferait la majorité du public, et tout le pendant psychologique vicié de David en niveau 2. Dommage que le 1er ne suffise pas à une partie du public dont tu fais partie, et surtout dommage que le 2e ne te parle pas.
Bon bah c'est parti pour continuer l'insomnie. On va voir ce que tu as pensé d'Alien :)
Je vais dire ce que j'en ai pensé en deux lignes : j'ai trouvé le film plutôt ok dans son ensemble, visuellement (à part la dernière bête à laquelle je n'ai pas accrochée) c'est vraiment cool, et le scénario se tient plutôt pas mal.
En revanche les protagonistes ados, ce n'est plus pour moi... Ils pouvaient mourir ou vivre je n'en avais rien à faire.... Impossible de s'identifier avec aucune personnalité qui sort du lot (à part le robot... Mdr)
Le robot est le perso le plus intéressant du film, c'est clair ! Par contre, je me suis bien attaché à l'héroïne aussi, et j'ai trouvé que, en bien comme en mal, on en avait peut-être fait beaucoup sur le côté "héros adolescents", et qu'au final, c'est quand même loin d'être un teen movie !
Même réserve que toi, sinon, sur la créature finale, dont le design m'a vraiment paru très laid.
@@SurvivreLaNuit ce n'est pas un teen movie MAIS difficile d'être dedans quand tu as plus de 25 ans je trouve...
J'ai vu Romulus au cinéma récemment. J'ai trouvé que les personnages étaient un peu trop jeunes, ce qui donnait l'impression que le film perdait en sérieux, en le transformant un peu en un film pour adolescents, à la manière de Hunger Games, etc même si ce sentiment se dissipe au fur et à mesure que le film avance
Après la politique, le truc qui, à mon avis, polarise plus encore que les films, c'est probablement les séries. Quand à la saga Alien, peut-être te l'ai-je déjà dit, mais Résurrection, c'est un peu le Batman & Robin dans le fabuleux cycle des films du sombre chevalier : une sorte de pas de côté singulier et provocateur, possiblement involontaire. Ah et aussi, bravo pour les 2k abonnés: le compteur grimpe :)
Merci :-)
Et oui, je suis d'accord, Resurrection, c'est un cas assez singulier dans la saga, un film parfois à la limite du burlesque, qui donne un effet vraiment super bizarre après les trois premiers qui sont tous sombres, désespérés et premier degré...
En vrai, foncièrement, ce n'est pas un mauvais film, mais je pense quand même que c'est lui qui a ouvert la porte à ce qu'on puisse faire n'importe quoi (et jusqu'ici pas avec grand succès) de la saga.
J'aime ce format de vidéo. Je m'intéresse moins au manga.