7:03 Objection, madame la professeure… C'est précisément en lisant un ouvrage dédié aux Stoïciens ("Les Stoïciens", Tome I, traduction par Emile Bréhier) que j'ai pris connaissance de l'anecdote suivante sur Socrate; voyez par vous-même combien celle-ci invite plus que jamais à nuancer le propos que vous semblez tenir à l'encontre des âmes vicieuses qui se tournent vers la philosophie. Cette anecdote, la voici: on avait, comme souvent, organisé un banquet auquel Socrate ainsi que certains autres de ses contemporains étaient conviés. On avait à cette occasion fait venir un physionomiste. Le rôle de ce dernier était assez simple: il devait, en dévisageant attentivement les invités, deviner les traits de caractère des uns et des autres et enfin se prononcer sur la bonne ou la mauvaise santé de l'âme de chacun, et cela de façon suffisamment précise pour être reconnu comme étant raisonnablement compétent dans l'exercice de son art. L'homme était un étranger et ne connaissait à priori personne. Il débuta par quelques invités sans grand intérêt et obtint rapidement des résultats assez encourageants. Puis vint le tour de Socrate. L'homme observa longuement le philosophe et, après une courte pause, il se lança brusquement dans une terrible diatribe contre la morale présumée du plus célèbre des Athéniens. En effet, il accusa Socrate des pires vices imaginables; selon lui, non seulement l'âme qu'il venait d'entrevoir était probablement corrompue, mais elle ne pouvait être que mauvaise jusque dans ses moindres inclinaisons. La réaction des invités présents, qui eux connaissaient tous Socrate, fut unanime et, immédiatement, l'homme devint la risée de toute la table. Paraît-il qu'était présent ce jour là l'amant du philosophe, ce qui ne fît qu'augmenter l'embarras de l'étranger. Pourtant, ce fut bien Socrate lui-même qui vint consoler l'homme et, plus surprenant encore, il ne se contenta pas de l'encourager poliment, comme chacun l'eut fait en pareille circonstance, mais il lui donna raison sur ce qu'il venait de deviner par la simple observation de son visage et de son allure… En toute simplicité, Socrate déclara devant tout le monde que l'homme avait vu juste et que, quelque honteux que furent ces vices qu'on l'accusait de posséder, il les sentait bel et bien en son âme. Il ajouta seulement, et ceci n'est pas de la moindre importance, qu'il avait réussi à les soigner grâce à la philosophie… Non seulement les âmes très fortement troublées ne sont pas incompatibles avec la philosophie mais, comme le sous-entend l'anecdote que je viens de rapporter, le fait de posséder accidentellement le vice peut aussi servir de moyen de le combattre plus efficacement que ceux qui, dans sa dimension véritablement abyssale, en auraient principalement connaissance par l'intellect. Il est cependant très clair qu'il s'agit là d'un combat très inégal, parfois fatal, que très peu de ces infortunés ayant hérité d'une âme mauvaise parviennent ne serait-ce qu'à mener. Les gens impropres à la philosophie comme les petits esprits ne saisissent que très rarement la portée d'une telle entreprise, et ce qu'elle implique réellement, tant au niveau de la morale que de la recherche intellectuelle (qui ne doivent et ne peuvent pas être, dans ce cas précis, l'ambition purement personnelle d'un homme cherchant à faire le bien tout en s'élevant parmi les siens, même quand cette inclinaison est honnête et bien menée). C'est très probablement pour cela que Socrate, tout autant voire plus encore que les Stoïciens, insistait sur le fait de maîtriser un savoir moindre avant de chercher à posséder absolument de nouvelles connaissances. Cette attitude est évidement incompatible avec ce que doit être celle d'un homme ayant de l'ambition, quelque bon qu'il fut, et quelque louable que fut son intelligence. Le Socrate que l'on découvre chez Platon est un vieillard, un maître de la dialectique ayant fait tout au long de son existence l'acquisition de connaissances qu'il a su mettre au service de la philosophie. Mais, personnellement, je n'ai jamais douté du fait qu'il ait pu, à certains moments de sa vie, être considéré comme un homme abject, attaqué à la fois par ses propres vices et par ses contemporains qui, en en devinant certains comme l'a fait l'étranger dans mon exemple, et les pensant éternels comme le font les imbéciles, se sont plu à le calomnier par intérêt ou par pure sottise, et n'ont pas vu que celui qu'on allait appeler plus tard le Père des philosophes était en réalité en train de combattre ce mal mieux que quiconque, tandis que son allure et son visage devaient continuer à le trahir jusque dans un âge très avancé - les changements dans le monde sensible n'étant pas toujours destinés à être comme les hôtes de la vertu des hommes… (Désolé pour cette très longue parenthèse).
Pour adopter cette philosophie de vie qui est le stoïcisme, il est préférable d’être une personne calme, posée et réfléchie, pas donné à tout le monde…
je ne suis pas d'accord, qu'elle intérêt aurait cette personne que vous décrivez d'appliquer voir même de s'intéresser à cette discipline philosophique alors? Pour moi, c'est comme dire à une une personne en très bonne santé de prendre un remède. C'est mon avis.
Interrompre la vidéo✔ Lui dire que je n'ai pas vu d'alliance✔ La demander en mariage✔ ^^ Vous êtes ou serez une couronne pour votre mari... Bravo pour votre travail.
Le bouddhisme m'avait ouvert les yeux .
Le stoïcisme a changé ma vie.
Merci Marc Aurele
Une video concentree ; bien expliquee ; sublime .merci pour le partage Christine .
7:03 Objection, madame la professeure… C'est précisément en lisant un ouvrage dédié aux Stoïciens ("Les Stoïciens", Tome I, traduction par Emile Bréhier) que j'ai pris connaissance de l'anecdote suivante sur Socrate; voyez par vous-même combien celle-ci invite plus que jamais à nuancer le propos que vous semblez tenir à l'encontre des âmes vicieuses qui se tournent vers la philosophie.
Cette anecdote, la voici: on avait, comme souvent, organisé un banquet auquel Socrate ainsi que certains autres de ses contemporains étaient conviés. On avait à cette occasion fait venir un physionomiste. Le rôle de ce dernier était assez simple: il devait, en dévisageant attentivement les invités, deviner les traits de caractère des uns et des autres et enfin se prononcer sur la bonne ou la mauvaise santé de l'âme de chacun, et cela de façon suffisamment précise pour être reconnu comme étant raisonnablement compétent dans l'exercice de son art. L'homme était un étranger et ne connaissait à priori personne.
Il débuta par quelques invités sans grand intérêt et obtint rapidement des résultats assez encourageants. Puis vint le tour de Socrate. L'homme observa longuement le philosophe et, après une courte pause, il se lança brusquement dans une terrible diatribe contre la morale présumée du plus célèbre des Athéniens. En effet, il accusa Socrate des pires vices imaginables; selon lui, non seulement l'âme qu'il venait d'entrevoir était probablement corrompue, mais elle ne pouvait être que mauvaise jusque dans ses moindres inclinaisons. La réaction des invités présents, qui eux connaissaient tous Socrate, fut unanime et, immédiatement, l'homme devint la risée de toute la table. Paraît-il qu'était présent ce jour là l'amant du philosophe, ce qui ne fît qu'augmenter l'embarras de l'étranger.
Pourtant, ce fut bien Socrate lui-même qui vint consoler l'homme et, plus surprenant encore, il ne se contenta pas de l'encourager poliment, comme chacun l'eut fait en pareille circonstance, mais il lui donna raison sur ce qu'il venait de deviner par la simple observation de son visage et de son allure… En toute simplicité, Socrate déclara devant tout le monde que l'homme avait vu juste et que, quelque honteux que furent ces vices qu'on l'accusait de posséder, il les sentait bel et bien en son âme. Il ajouta seulement, et ceci n'est pas de la moindre importance, qu'il avait réussi à les soigner grâce à la philosophie…
Non seulement les âmes très fortement troublées ne sont pas incompatibles avec la philosophie mais, comme le sous-entend l'anecdote que je viens de rapporter, le fait de posséder accidentellement le vice peut aussi servir de moyen de le combattre plus efficacement que ceux qui, dans sa dimension véritablement abyssale, en auraient principalement connaissance par l'intellect. Il est cependant très clair qu'il s'agit là d'un combat très inégal, parfois fatal, que très peu de ces infortunés ayant hérité d'une âme mauvaise parviennent ne serait-ce qu'à mener. Les gens impropres à la philosophie comme les petits esprits ne saisissent que très rarement la portée d'une telle entreprise, et ce qu'elle implique réellement, tant au niveau de la morale que de la recherche intellectuelle (qui ne doivent et ne peuvent pas être, dans ce cas précis, l'ambition purement personnelle d'un homme cherchant à faire le bien tout en s'élevant parmi les siens, même quand cette inclinaison est honnête et bien menée). C'est très probablement pour cela que Socrate, tout autant voire plus encore que les Stoïciens, insistait sur le fait de maîtriser un savoir moindre avant de chercher à posséder absolument de nouvelles connaissances. Cette attitude est évidement incompatible avec ce que doit être celle d'un homme ayant de l'ambition, quelque bon qu'il fut, et quelque louable que fut son intelligence.
Le Socrate que l'on découvre chez Platon est un vieillard, un maître de la dialectique ayant fait tout au long de son existence l'acquisition de connaissances qu'il a su mettre au service de la philosophie. Mais, personnellement, je n'ai jamais douté du fait qu'il ait pu, à certains moments de sa vie, être considéré comme un homme abject, attaqué à la fois par ses propres vices et par ses contemporains qui, en en devinant certains comme l'a fait l'étranger dans mon exemple, et les pensant éternels comme le font les imbéciles, se sont plu à le calomnier par intérêt ou par pure sottise, et n'ont pas vu que celui qu'on allait appeler plus tard le Père des philosophes était en réalité en train de combattre ce mal mieux que quiconque, tandis que son allure et son visage devaient continuer à le trahir jusque dans un âge très avancé - les changements dans le monde sensible n'étant pas toujours destinés à être comme les hôtes de la vertu des hommes…
(Désolé pour cette très longue parenthèse).
Tout le monde est philosophe, il y a ceux qui le savent et ceux qui ne le savent pas.
Pour adopter cette philosophie de vie qui est le stoïcisme, il est préférable d’être une personne calme, posée et réfléchie, pas donné à tout le monde…
je ne suis pas d'accord, qu'elle intérêt aurait cette personne que vous décrivez d'appliquer voir même de s'intéresser à cette discipline philosophique alors?
Pour moi, c'est comme dire à une une personne en très bonne santé de prendre un remède. C'est mon avis.
Un bon prof calme et serein merci maitre philosophe
Clair, lumineux et exempt de jargon. Merci pour cette vidéo !
L'exemple avec la mort d'un enfant est puissant et résume bien la nature de cette discipline philosophique.
Où sont les "commentaires" dont parlent la vidéo et qui servent à approfondir ?
Ces vidéos sont sans doute tirées d'une plateforme d'E-learning
Merci et bravo pour cette passionnante et instructive vidéo👏👏
Quelle est cette musique en introduction ?
merci. c est magniquement bien explique.
stoicisme appliqué= mode de vie au top! ce qui ne dépend pas de moi, ne m'affecte pas:
ataraxie garantie...
c'est beau mais.. si jeunesse savait si vieillesse pouvait :)
@2bzM%C2%A0 ce lien nous parle d'une nouvelle philosophie qui a certains points communs , mais aussi une démarche complètement opposée !
Très digestif parce que bien expliqué
C'est très clair, bravo!
merci
Un exposé qui ne sombre ni dans le pedantisme ni dans la vulgarisation simpliste. Où trouve-t-on les commentaires mentionnés en surimpression ??
vraiment beau.
Peut-être que Socrate n’avait autre choix que de faire tout le contraire du mal qu’il pensé .
Socrate n'avait donc que ce choix là ou en avait-il d'autres encore?
Je suis stoïque en voyant voir vidéo je ne regarderai plus jamais
LA probleme
Interrompre la vidéo✔
Lui dire que je n'ai pas vu d'alliance✔
La demander en mariage✔
^^
Vous êtes ou serez une couronne pour votre mari...
Bravo pour votre travail.
Genre un objet que le gus se mettrait sur la tête histoire de montrer qui est le patron? T'es bien atteint toi aussi
Merci
merci