Une étoile nouvelle - Grégoire Roqueplo et Pascal Ruiz jouent Sacha Guitry

SACHA GUITRY.
Comment ?!?! Vous ne connaissez pas « Une étoile nouvelle », de Sacha Guitry !!!
Eh bien, rassurez-vous, c’est parfaitement normal…
La pièce fut créée à l’automne 1924 (il y a un siècle exactement !), connut un grand succès public, fit un triomphe critique, fut publiée (selon l’usage de l’époque) dans le supplément « La petite illustration » au tout début de l’année 1925… et disparut complètement ! Guitry ne la reprit jamais, ne la céda jamais à d’autres troupes, n’en fit pas un film et ne l’évoqua dans aucun de ses nombreux livres de souvenirs ou de réflexions. Elle ne fut jamais rééditée.
Pourquoi ? Sans doute par simple négligence. En homme surchargé de projets et qui visait avant tout au renouvellement, Guitry sans cesse faisait des choix, forcément subjectifs.
Reste que la pièce mériterait maintenant une résurrection. Les scènes cocasses s’y enchainent de façon surprenante, avec de belles pauses d’ironie ou d’amertume, voire quelques points d’orgue de vraie poésie. On peut imaginer l’impact sur le jeune Anouilh, futur auteur de « L’invitation au château » par exemple. Il y a très peu de « mots d’auteur » dans ce texte de Guitry (à la différence par exemple de « N’écoutez pas, Mesdames ! », très efficace par le scénario mais bien plus convenu, hélas, dans l’écriture). « Une étoile nouvelle » procède par avancées régulières et étrangement calmes, personne ne cherchant vraiment à faire de l’esprit et tout le monde finissant par être drôle. Une triple situation monte crescendo au sein d’une maison où le secrétaire particulier (que nous voyons ici avec un domestique) entreprend de séduire effrontément la maitresse de maison, tandis qu’une série incroyable de vols vise tous les occupants et que le maître des lieux, de son côté, va soudain s’avérer bien plus coureur et polygame que cocu ! Tout cela avec une élégance dont Guitry est spécialiste, dans une langue simple et volontairement surannée (même pour l’époque - il suffit pour cela de comparer avec les boulevardiers des années vingt qui, au même moment, jouent tous la carte de la modernité, « années folles » obligent !).
Bref, monter avec goût ce petit chef d’œuvre burlesque et raffiné pourrait bien être une urgence…
En voici en attendant un extrait, avec le talent du merveilleux Grégoire Roqueplo en renfort.
Et si vous nous sentez heureux à l’image, c’est parce que Guitry, comme Molière, écrivait pour combler autant ses interprètes que son public.

[@benoitabtey483]

Délectable, jubilatoire… le duo est exquis

[@parlecur5454]

Merci infiniment. Carmen Brown et moi avons eu le plaisir de rencontrer Grégoire sur un Shakespeare en 2018. Puis nous avons joué ensemble un hommage à Cocteau l'année dernière. C'est un acteur rare, passionné, sensible et drôle.

[@benoitabtey483]

@@parlecur5454 il n’est pour un auteur de meilleur ami qu’un fidèle interprète , respectueusement inventif… les morts doivent vous le faire sentir comme les vivants vous le faire savoir.