En tant que victime moi même d'inceste, de pédophilie, ce roman m'a littéralement sauver la vie pour comprendre de tout ce qui n'allait pas. Ton analyse était tellement intéressante.
Un grand merci pour tes mots, et pour ce point si fort: Nabokov touche au réel quand il semble s'en éloigner… en cours, on nous avait dit qu'il avait peut-être eu un oncle (celui dont il a hérité) qui avait été victime au moins de maltraitances corporelles (châtiments), avec une mini allusion probable dans Autres rivages, et on retrouve peut-être aussi là une raison à sa détestation de Freud. Je ne l'explique pas, mais… punaise. (et courage, bien sûr, à toi).
On a dû s'enfiler Histoire d'une Grecque moderne pour l'agrég l'an dernier (bien moins intéressant littérairement que Nabokov, ce n'est pas du grand Prévost), et je n'ai pas pu m'empêcher de penser à Lolita, à la fois pour le thème, et (surtout) pour la réception. Le fait qu'une partie de la réception (y compris universitaire) ne pouvait s'empêcher de suspecter Théophé de lubricité plutôt que de prendre le récit pour ce qu'il était, à savoir l'aveu crypté d'un prédateur, m'a beaucoup marquée. C'est comme si les lecteurs qui font ce genre de compréhension sont, comme tu dis, des Matzneffs autocomplaisants qui veulent se donner le beau rôle, mais le nombre qu'ils sont rend cela très flippant
Merci ! Je n'ai pas lu (encore ?) l'Histoire d'une Grecque moderne, mais il en a été question au colloque de Bruxelles, pour une des interventions. On retrouve vraiment ce point pour Manon Lescaut (et d'autant quand on la replace dans les Mémoires et aventures d'un homme de qualité), il y a vraiment quelque chose de pourri qui m'interroge (et me révolte). J'avais fait un papier publié sur AOC, qui vient d'être rediffusé, je glisse le lien si jamais ça peut intéresser: aoc.media/analyse/2024/03/25/la-tache-de-la-critique-interpreter-la-litterature-pour-les-deux-moities-du-monde/
@@ungraindelettres Merci pour le partage ☺️ Ça ne m'avait pas marqué pour Manon Lescaut, mais il faut dire que je ne connais pas du tout la réception de cette œuvre, ceci explique sûrement cela. Pour HGM, je ne peux t'en conseiller la lecture que si tu as envie d'approfondir cette question, littérairement, c'est très répétitif, les ressorts sont toujours les mêmes, on s'ennuie franchement.
@@crlroser J'ai vraiment aimé les Mémoires et aventures (lues intégralement: je suis une dix-huitiémiste, à l'origine !), pas peur du vieux romanesque…
@@ungraindelettres Wow, j'ignorais complètement ce pan de ta formation. Pourquoi as-tu changé de voie ? J'imagine que c'est pourtant plus accessible, en terme de postes, le dix-huitième. Je n'ai lu que Manon et HGM, et j'ai amplement préféré Manon Lescaut. Mais ne te prive pas de cette découverte sur ma simple expérience de profane qui a de toute façon horreur du XVIIIe en général. Je sais qu'une de mes collègues Prévotiennes ne le trouvais pas non plus à la hauteur de Manon Lescaut, mais elle était bien moins sévère que moi, donc peut-être que ça te plaira, du coup
@@crlroser Eh bien, la voie du contrat doc était bouchée dans mon université (et elle allait le rester), quand ma DT est venue me chercher pour rejoindre une ANR… avant le poste, c'est bien, le contrat doc ! (je refusais de faire une thèse sur frais parentaux ou avec des jobs, je savais à quel point c'était dur, et me questionnais sur la possibilité de le faire à côté de l'enseignement quand j'ai fini par le décrocher). J'avais aussi bossé sur Cleveland (jamais abordé pourtant Prévost ici), c'était quand même palpitant !
Le moment le plus ironique du roman est, à mon sens, lorsque Humbert Humbert dénigre le manque de culture de Dolores. Son narcissisme et son égocentrisme empêche cet homme d'accepter une réalité évidente : il ne risque pas d'avoir une discussion stimulante avec une fillette de 12 ans à son âge. L'unique moment où j'ai pu aperçevoir une forme de prévention est lorsque l'institutrice remarque la précocité en terme de sexualité de Dolores, ses connaissances et son air blasé à un très jeune âge. L'instit ne va pas au bout de son intuition. Grosse frustration. Pourquoi ? Comment ? Je me pose encore la question 5 ans après la lecture. La signification du prénom Dolores est douleur. Est ce un hasard ? Je crois pas. Humbert Humbert souffre d'une certaine façon de sa propre perversité , mais la véritable victime est bel et bien Dolores. À titre personnel, je ne suis pas parvenu a ressentir une once de compassion pour Humbert. L'attitude de la mère est particulière. Est ce une manipulation ? La rivalité malsaine entre Dolores et sa mère était elle réelle ou fantasmée par Humbert ? Amelie Nothomb traite ce sujet délicat dans une de ses œuvres. Prochaine lecture. Premier livre lu sans recourir au format audio. Un exploit étant donné mes troubles. Ce livre m'a bouleversé. Très belle vidéo, fantastique analyse, merci 🙏
Merci de ces nombreux compléments ! certains sont des oublis, d'autres des "ah mais c'est bien sûr !!". Je crois que c'est vraiment une des grandes forces de Nabokov de parvenir à nous faire entrer aussi dans ce vortex de signes - que lui semble maîtriser, mais la surabondance permet aussi de ramener certaines inconsciences dans le giron de prévu après coup ! La question de la mère ne se comprend (à mon avis) qu'avec la misogynie, d'Humbert comme la misogynie intériorisée: la rivalité mère/fille existe (c'est celle de Blanche-Neige, par la marâtre), mais c'est de toute façon aussi une objectification générale des femmes (qui en disqualifie beaucoup pour en retenir, très provisoirement, quelques-unes, comme élues illusoires). Autrement dit: réelle ou fantasmée, la rivalité entre de toute façon dans le système humbertien… Et merci pour ces mots !
@@ungraindelettres la bande son semble décalée d'une demi-seconde ! compte plutôt pour moi, à t'écouter, que j'ai toujours bloqué complètement mais complètement à lecture Nabokov malgré moult essais qui n'ont jamais dépassé la page, et crois pas que vais mieux y arriver après tes analyses, qui valent mieux que lui!
@@fbon_perso ah, ça vient donc d'un bug à l'enregistrement (je suis éclatée par le chantier, pas du tout métaphorique, en cours, j'ai pas regardé de plus près…). Je change vraiment à changer la caméra, je m'y pencherai davantage dans quelques temps (mais ça vient). Merci pour tes mots ! Je n'explique franchement pas ce qui fait que Nabokov marche comme ça sur moi, mais des rencontres à des âges qui heurtent, ça a sûrement joué. Tu m'as fait rougir !!
Quel régal ton analyse!! 👌
Merci ma chère Barbara !!
En tant que victime moi même d'inceste, de pédophilie, ce roman m'a littéralement sauver la vie pour comprendre de tout ce qui n'allait pas.
Ton analyse était tellement intéressante.
Le génie de Nabokov 🙇🏼♀️
Un grand merci pour tes mots, et pour ce point si fort: Nabokov touche au réel quand il semble s'en éloigner… en cours, on nous avait dit qu'il avait peut-être eu un oncle (celui dont il a hérité) qui avait été victime au moins de maltraitances corporelles (châtiments), avec une mini allusion probable dans Autres rivages, et on retrouve peut-être aussi là une raison à sa détestation de Freud. Je ne l'explique pas, mais… punaise. (et courage, bien sûr, à toi).
oula tu viens avec du très lourd en ce dimanche
Cette petite manie du léger…
Merci pour cette vidéo, Azélie !
Merci 🙏
Lolita de Nabokov, alors là vous nous régalez Azélie 😍
Ah, j'avoue, j'ai passé un bon moment aussi ! (et pas qu'en tournant)
On a dû s'enfiler Histoire d'une Grecque moderne pour l'agrég l'an dernier (bien moins intéressant littérairement que Nabokov, ce n'est pas du grand Prévost), et je n'ai pas pu m'empêcher de penser à Lolita, à la fois pour le thème, et (surtout) pour la réception. Le fait qu'une partie de la réception (y compris universitaire) ne pouvait s'empêcher de suspecter Théophé de lubricité plutôt que de prendre le récit pour ce qu'il était, à savoir l'aveu crypté d'un prédateur, m'a beaucoup marquée. C'est comme si les lecteurs qui font ce genre de compréhension sont, comme tu dis, des Matzneffs autocomplaisants qui veulent se donner le beau rôle, mais le nombre qu'ils sont rend cela très flippant
Merci ! Je n'ai pas lu (encore ?) l'Histoire d'une Grecque moderne, mais il en a été question au colloque de Bruxelles, pour une des interventions. On retrouve vraiment ce point pour Manon Lescaut (et d'autant quand on la replace dans les Mémoires et aventures d'un homme de qualité), il y a vraiment quelque chose de pourri qui m'interroge (et me révolte). J'avais fait un papier publié sur AOC, qui vient d'être rediffusé, je glisse le lien si jamais ça peut intéresser: aoc.media/analyse/2024/03/25/la-tache-de-la-critique-interpreter-la-litterature-pour-les-deux-moities-du-monde/
@@ungraindelettres Merci pour le partage ☺️
Ça ne m'avait pas marqué pour Manon Lescaut, mais il faut dire que je ne connais pas du tout la réception de cette œuvre, ceci explique sûrement cela. Pour HGM, je ne peux t'en conseiller la lecture que si tu as envie d'approfondir cette question, littérairement, c'est très répétitif, les ressorts sont toujours les mêmes, on s'ennuie franchement.
@@crlroser J'ai vraiment aimé les Mémoires et aventures (lues intégralement: je suis une dix-huitiémiste, à l'origine !), pas peur du vieux romanesque…
@@ungraindelettres Wow, j'ignorais complètement ce pan de ta formation. Pourquoi as-tu changé de voie ? J'imagine que c'est pourtant plus accessible, en terme de postes, le dix-huitième.
Je n'ai lu que Manon et HGM, et j'ai amplement préféré Manon Lescaut. Mais ne te prive pas de cette découverte sur ma simple expérience de profane qui a de toute façon horreur du XVIIIe en général. Je sais qu'une de mes collègues Prévotiennes ne le trouvais pas non plus à la hauteur de Manon Lescaut, mais elle était bien moins sévère que moi, donc peut-être que ça te plaira, du coup
@@crlroser Eh bien, la voie du contrat doc était bouchée dans mon université (et elle allait le rester), quand ma DT est venue me chercher pour rejoindre une ANR… avant le poste, c'est bien, le contrat doc ! (je refusais de faire une thèse sur frais parentaux ou avec des jobs, je savais à quel point c'était dur, et me questionnais sur la possibilité de le faire à côté de l'enseignement quand j'ai fini par le décrocher). J'avais aussi bossé sur Cleveland (jamais abordé pourtant Prévost ici), c'était quand même palpitant !
Le moment le plus ironique du roman est, à mon sens, lorsque Humbert Humbert dénigre le manque de culture de Dolores. Son narcissisme et son égocentrisme empêche cet homme d'accepter une réalité évidente : il ne risque pas d'avoir une discussion stimulante avec une fillette de 12 ans à son âge.
L'unique moment où j'ai pu aperçevoir une forme de prévention est lorsque l'institutrice remarque la précocité en terme de sexualité de Dolores, ses connaissances et son air blasé à un très jeune âge. L'instit ne va pas au bout de son intuition. Grosse frustration. Pourquoi ? Comment ? Je me pose encore la question 5 ans après la lecture.
La signification du prénom Dolores est douleur. Est ce un hasard ? Je crois pas. Humbert Humbert souffre d'une certaine façon de sa propre perversité , mais la véritable victime est bel et bien Dolores. À titre personnel, je ne suis pas parvenu a ressentir une once de compassion pour Humbert.
L'attitude de la mère est particulière. Est ce une manipulation ? La rivalité malsaine entre Dolores et sa mère était elle réelle ou fantasmée par Humbert ? Amelie Nothomb traite ce sujet délicat dans une de ses œuvres. Prochaine lecture.
Premier livre lu sans recourir au format audio. Un exploit étant donné mes troubles. Ce livre m'a bouleversé. Très belle vidéo, fantastique analyse, merci 🙏
Merci de ces nombreux compléments ! certains sont des oublis, d'autres des "ah mais c'est bien sûr !!". Je crois que c'est vraiment une des grandes forces de Nabokov de parvenir à nous faire entrer aussi dans ce vortex de signes - que lui semble maîtriser, mais la surabondance permet aussi de ramener certaines inconsciences dans le giron de prévu après coup ! La question de la mère ne se comprend (à mon avis) qu'avec la misogynie, d'Humbert comme la misogynie intériorisée: la rivalité mère/fille existe (c'est celle de Blanche-Neige, par la marâtre), mais c'est de toute façon aussi une objectification générale des femmes (qui en disqualifie beaucoup pour en retenir, très provisoirement, quelques-unes, comme élues illusoires). Autrement dit: réelle ou fantasmée, la rivalité entre de toute façon dans le système humbertien…
Et merci pour ces mots !
bizarre dé-synchro ? (pas grave, suis mode podcast !)
me suis demandé, tiens, au montage, pourtant c'est filmé toujours avec la seule caméra ? (c'est tourné pour le podcast !)
@@ungraindelettres la bande son semble décalée d'une demi-seconde ! compte plutôt pour moi, à t'écouter, que j'ai toujours bloqué complètement mais complètement à lecture Nabokov malgré moult essais qui n'ont jamais dépassé la page, et crois pas que vais mieux y arriver après tes analyses, qui valent mieux que lui!
le pb cesse d'un coup à 27:38 quand tu dis pb de carte SD !
@@fbon_perso ah, ça vient donc d'un bug à l'enregistrement (je suis éclatée par le chantier, pas du tout métaphorique, en cours, j'ai pas regardé de plus près…). Je change vraiment à changer la caméra, je m'y pencherai davantage dans quelques temps (mais ça vient).
Merci pour tes mots ! Je n'explique franchement pas ce qui fait que Nabokov marche comme ça sur moi, mais des rencontres à des âges qui heurtent, ça a sûrement joué. Tu m'as fait rougir !!
@@ungraindelettres elle est assez rapide, ta carte SD ? (genre 130 MHz ?)