Zabana ! - L'exécution de Zabana et de Ferradj

"Zabana !", un film de Saïd Ould Khelifa (2012).
Hommage à Ahmed ben Mohamed Zahana, dit Zabana (Imad Benchenni), et à Abdelkader ben Moussa Ferradj (Abel Jafri), premiers indépendantistes guillotinés durant la Guerre d'Algérie, le 19 juin 1956 à la prison Barberousse (Serkadji) d'Alger.
Le film, et notamment cette séquence, est très politiquement orienté - mais à juste titre, puisqu'on assiste là une forme d'hypocrisie totale de la part de la France colonialiste.
De 1941 à 1943, le régime de Vichy laissa exécuter une vingtaine de résistants et de communistes s'opposant à l'Occupation allemande, assimilés à des criminels de droit commun pour avoir perpétré des meurtres et des attentats. A la Libération, ils furent reconnus comme martyrs morts pour la France, et leur mémoire saluée.
De 1956 à 1961, en Algérie puis en France, plus de deux cents Algériens auteurs de faits semblables à ceux résistants quinze ans plus tôt, et dans la même optique, subissent à leur tour la peine de mort par décapitation.
Dans les faits, l'exécution de Zabana connut de fait un retard - la prière n'avait pas été accomplie et il fallut ramener les condamnés dans une pièce de la prison pour satisfaire aux derniers rites.
Mais comme dans toute exécution classique, les condamnés ne sont pas conduits au pied de l'échafaud pour entendre un magistrat lire la sentence ; les exécuteurs ne réclamèrent pas une prime pour accomplir leur besogne ; il ne fallut pas tenter à trois reprises de faire tomber le couperet - qui n'est jamais attaché et ne peut donc se bloquer dans la machine, tout particulièrement sur un modèle Berger.
La scène demeure très authentique, car tournée comme pour le film "La bataille d'Alger" dans l'enceinte de la prison Serkadji (fermée définitivement en 2014, mais servant souvent de lieu de tournage), à l'emplacement précis où les exécutions d'Alger avaient lieu, et avec l'authentique guillotine prototype Berger-Desmorest 1868 qui servit réellement à supplicier Zabana et Ferradj (la machine est conservée et exposée au musée central de l'Armée à Alger).