Le rêve de l’esclave en fuite ["Les marrons"] - Pascal Ruiz joue Louis-Timagène Houat

LOUIS-TIMAGÈNE HOUAT.
Houat n’écrit qu’un seul roman, bref et elliptique, mais sa vie en est un autre, vaste et dense. Cet habitant de l’île Bourbon (aujourd’hui La Réunion), fils d’esclave affranchi, petit-fils d’une princesse du Sénégal, neveu du premier ingénieur cartographe spécialiste du célèbre volcan Le Piton de la Fournaise, passionné et idéaliste, construit une école, est condamné pour un complot jamais prouvé, subi une peine d’exil alors qu’il est amnistié par le roi Louis-Philippe, se démène en métropole pour que soit un jour voté l’abolition de l’esclavage, devient médecin tout en poursuivant des recherches personnelles en spiritisme et en homéopathie, fait paraître trois ouvrages scientifiques aussi rigoureux que possibles pour tenter de joindre ces trois « disciplines » et meurt à Pau en 1883, à 73 ans.
« Les marrons » (le nom désigne les esclaves en fuite qui, comme c’est le cas dans l’extrait interprété ici, se cachaient dans l’extraordinaire végétation du Cirque de Salazie, au cœur de l’île), publié en 1844, est un livre de très belle facture pour une tentative aussi isolée. Il profite de la lecture d’Hugo (« Bug-Jargal ») et de Dumas (d’ailleurs lui aussi mulâtre), mais il emporte surtout par sa connaissance du terrain, au sens strict, et de la situation, dans toute l’acception tragique de ce terme.
Nous avons tourné cette page du livre dans un endroit de cache plausible pour son personnage, au moment où, séparé de Frême (le héros récemment abattu par les milices), et de son épouse blanche Marie, épuisé, découragé, il s’endort en contemplant les montagnes du Cirque de Salazie, et rêve.
[« Tourné sur les lieux du crime » est une playlist permettant d’accéder directement à quelques textes interprétés « in situ » : devant l’endroit précis dont on parle, dans le cadre géographique nommé et qui a servi d’écrin, ou bien sur le site où vivait et travaillait l’auteur.
« L’Océan Indien et la littérature » est une autre de nos playlists, tout aussi digne de rassembler des textes comme celui-ci.]

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