Réflexions très intéressantes. Mais on pourrait aussi s'interroger sur les raisons qui font que nous sommes disponibles, à certains moments et moins à d'autres, pour nous immerger dans un contexte culturel et dans une langue qui ne sont plus les nôtres. Pourquoi "Le Rouge et le noir" peut-il m'enthousiasmer en avril et me lasser en octobre ? Pourquoi sommes-nous parfois d'humeur à partager les affres d'Andromaque et peu de temps après à considérer que seul de regard de Houellebecq sur le monde contemporain mérite notre attention ? Cela revient à poser la question de la nature du lecteur plus que celle du livre. La littérature est peut-être l'alchimie produite lorsque les deux parviennent à se rencontrer. Bien à vous.
Les romans que nous lisons aujourd'hui sont l'aboutissement d'une maturation collective du genre" " comme si tous les écrivains ensemble travaillent la même roche et créent une nouvelle exigence" Excellent!
J'ai adoré Les Hauts de Hurlevent... Mais je crois que j'aime bien les livres un peu "anciens" dans leur structure et leur façon de faire : Don Quichotte (les deux volumes) est l'un de mes livres préférés, tout en étant pourtant très daté avec son principe des récits enchâssés, la longueur de certains passages... Mais tant de modernité pourtant dans son ironie, ses personnages, sa grande mise en abyme aussi dans le second volume ! Et à côté de Don Quichotte et des Hauts de Hurlevent, je vais aussi adorer de la littérature jeunesse, de la fantasy, des mangas... Pas de raison de faire de l'"élitisme" en littérature alors qu'il y a tellement de merveilles à découvrir ! ♥
Ce sera sans doute le dernier épisode filmé de la saison 1 de Hiatus. Pour retrouver tous les épisodes sur Spotify & les autres plateformes >> anchor.fm/questcequonlit Et suite à un commentaire, je corrige ce que j'ai dit sur les "vieux films en noir et blanc", qui était une contrainte technique de l'époque et pas un genre de film. C'était un grossier raccourci de ma part et j'espère que vous trouverez en vous la force de me pardonner, que vous soyez cinéphile ou pas.
Les Jack London, des perles comme Tom Sawyer sont à mon avis invieillissables. Les grands livres "pour enfants" en general. J'ai relu il y a peu Le Pays oú on n'arrive jamais. En 5eme je n'arrivais pas, mais je savais qu'un jour j'y reviendrais. Tout comme Un Roi Sans Divertissement, je n'y arriva8s pas en 2nde. Mais je l'ai toujours gardé, je SENS que je le lirai un jour. J'ai 46 ans, et je viens de re-découvrir Nirvana. Ce ne sont pas les oeuvres, le probleme. Il faut que l'oeuvre résonne avec le lecteur/auditeur et l'époque.
Bon, les hauts de Hurlevent est un de mes livres préférés! Tout ce qui t'a déplu m'a plu ahah j'ai Nous autres dans ma bibliothèque et tu as attisé ma curiosité!
C'était un développement très logique et agréable ☺️ je pense aussi qu'il y a un énorme biais social dans la discipline littéraire, puisque l'on sépare les "grands", les auteurs "classiques" de tous les autres. Ainsi les écrivains s'attachent à se démarquer dans les thèmes et le style, afin d'espérer de la reconnaissance critique, quitte à oublier l'effet produit sur le lecteur. Le plaisir de lecture est un gage de qualité : il n'y a pas que le raffinement et la rareté de l'écriture.
C'est un livre qu'il faut replacer dans son époque, qui décrit une vie sauvage et difficile qui correspond à la vie menée par les Bronte, perdus sur la lande dans le froid et la misère. Émile rêvant de passion qu'elle ne vivait pas. J'ai lu ce livre vers l'âge de 14 ans et je l'ai adorée, j'ai vu le film et relu le roman. Ça reste l'un de mes livres favoris.
@@marie-evelynepophyllat9297 replacer un livre dans son époque permet de comprendre, et accepter les points de vue, mais en aucun cas, selon moi, de se faire au style.
Intéressant sur le fait du "faut-il se forcer à lire pour le plaisir ? " Se forcer et plaisir sont en effet deux termes assez contradictoires 😆. Des fois j'essaie de me forcer à lire des classiques en effet mais surtout pour avoir un sens plus aiguisé de l'évolution des thèmes et du style en littérature. Je pense que j'aurais aimé faire des études littéraires (en plus des études scientifiques)
J'ai vu les premières secondes de la vidéo, j'ai arrêté, j'ai relu la moitié du roman d'Emily Brontë que j'avais lu il y a très longtemps déjà, puis j'ai regardé la première partie de la vidéo 8 minutes environ. J'ai deux éditions. J'ai un livre de poche récent, mais là j'ai pris l'édition de 84 au Livre de poche avec la traduction de Frédéric Delebecque qui date des années 1920. Je sais qu'il y a une question de droits d'auteur sur le titre traduit ainsi : "Les Hauts de Hurle-Vent" et donc sur sa traduction, c'est pour ça que le titre varie dans les éditions plus récentes. Le titre anglais "Wuthering Heights" est particulier et on a toujours salué l'adaptation très réussie "Les Hauts de Hurle-Vent" par Delebecque. Pour le style, j'ai une idée un peu différente. Pour le début, je suis mille fois d'accord. C'est mal écrit et ça ne peut pas venir que de la traduction. Il y a une espèce d'emphase très datée, des circonlocutions qui sont complètement à côté de la plaque.Même les incises sont souvent immondes au milieu des propos rapportés. Page 26 "a-t-il interrompu en regimbant", à la limite, problème de traduction pour celle-là, mais après on a, très rapprochés, du "a-t-il demandé en me regardant d'un air que j'ai eu quelque peine à supporter après ce traitement inhospitalier", et du "a-t-il remarqué en posant la bouteille devant moi et remettant la table en place" (page 31). Puis : "lui criai-je en réponse" page 34, "dit l'aimable hôtesse d'un ton encore moins engageant que celui que Heathcliff lui-même aurait pu mettre à cette réponse" (page 35). Et là, c'est seulement des incises que je viens de chercher pour illustrer mon propos, ce n'est pas forcément celles qui m'ont le plus choqué. Il y a une façon affectée de se poser face au monde, face aux événements. Voici un extrait toujours pris au hasard des réflexions du narrateur : "Je saisissais la poignée du loquet pour faire un nouvel essai, quand un jeune homme sans veste, et portant une fourche sur l'épaule, apparut dans la cour derrière la maison." (page 34) C'est pédant, creux, mal venu. Ce problème est sensible quand le narrateur fait des réflexions personnelles au milieu d'un dialogue qu'il rapporte. "Je pensai que..." C'est très ampoulé et il y a une façon de se regarder et de se commenter en train de faire les choses qui n'a pas du tout efficace. En revanche, quand l'intrigue amoureuse s'installe, que Cathy déclare s'intéresser au Linton et que Hethcliff est jaloux, là, d'un coup, j'ai plus ressenti la même lourdeur. Mais je n'ai pas analysé, cherché à vérifier si le style avait vraiment changé. Instinctivement, je dirais que oui, et ça devient agréable donc après un tiers des chapitres. Cependant, il y a deux autres problèmes. Premièrement, oui, les récits enchâssés. Mrs Dean qui raconte le passé, puis on nous sort des explications pour justifier la longueur, oui, ils ne vont pas dormir, puis on nous fait une coupure, ils sont allés dormir et on reprend l'histoire. Mrs Dean revient raconter la suite. Elle sert à quoi la coupure au plan du roman à part à ménager la vraisemblance d'une femme lancée dans un récit de plusieurs heures ? J'ai trouvé ça complètement bidon. Autant ne pas inventer un récit par un personnage. Pire encore, à un moment, Brontë a dû en avoir marre et sans crier gare on a le narrateur qui nous raconte lui-même ce que lui a raconté Mrs Dean, comme ça plus de coupure. J'ai trouvé ça grotesque. Puis, Mrs Dean quand elle raconte, elle fait parler les gens au discours direct comme le narrateur et elle rend aussi les façons de parler incorrectes, populaires. C'est idiot de faire ça, le récit fait par Mrs Dean n'a aucune identité du coup. Le dernier défaut, c'est qu'Emily Brontë composerait d'excellents poèmes, de l'avis de l'autrice de Jane Eyre. Or, je ne trouve pas non plus le roman très poétique. Il a une poésie, mais pas dans le style. Le vent, c'est le vent, la pluie, c'est la pluie. Les descriptions des éléments naturels sont rudimentaires, ça souligne pas tant que ça le cadre passionnel. Ceci dit, je ne trouve pas que ce que je lis soit mauvais, j'aime bien, il y a des phrases bien pensées, mais c'est vrai que c'est absurde de dire que c'est un sommet de la Littérature. Pour l'intrigue, c'est difficile de bien évaluer certains faits, parce que les romans anglais du XVIII (Richardson, Fielding, etc.) sont peu diffusés en France malgré leur influence sur Diderot et Rousseau. Le truc, c'est que le roman est écrit par une femme célibataire de 27 ans, fille de pasteur, et elle écrit une histoire d'amour très sombre, où la passion se noue entre des gens mauvais et ce n'est pas comme dans Les Liaisons dangereuses où la réprobation morale permet de faire passer la pilule. Il y a un côté abandon à une histoire romanesque de gens méchants. Le Heathcliff est très problématique. Il est hideux moralement et il a la force physique qui soumet les autres qui contribue à lui donner un beau rôle. C'est facile de dire que les autres sont lâches (ce qu'il dit à Linton) quand on a une force athlétique qui en impose. Dans La Rabouilleuse, Balzac met en avant la séduction d'un tel personnage, mais il montre que les autres en sont victimes. Ici, je trouve qu'il y a une bascule bizarre où il serait légitime d'aimer cette brute, il aurait tant souffert du rejet initial (ce qui est vrai), mais on sent une complaisance de l'autrice en la faveur de Heathcliff et Catherine. Tous les personnages sont mauvais d'ailleurs. Mrs Dean, quand on regarde bien dans le détail, elle n'est pas du tout réjouissante dans le comportement. Je pense qu'Emily Brontë se complaît et en même temps elle a un fort degré de misanthropie. Elle va à Bruxelles et elle juge l'hypocrisie d'un pays où les gens sont catholiques, parce qu'elle est protestante elle n'est pas de la merde, les protestants ce n'est pas hypocrite, elle fait du communautarisme assez étriqué quand même. Je vais finir ma relecture et j'ai Jane Eyre dans mes cartons, je vais enchaîner pour voir. Le volume ne me tombe pas des mains, il reste plutôt bon. En revanche, pour les romans qui vieillissent, il y a des évidences, un roman de Balzac comme La Femme de trente ans, il parle d'une situation dont on n'a pas immédiatement les clefs.
Choix très intéressants ! Je ne peux pas parler pour le Ziamatine, il m'est tombé des mains alors qu'il m'avait été très chaudement recommandé (tiens)... Je ne désespère pas, je le lirai peut-être un jour. Wuthering Heights est aisément l'un des tous meilleurs livres de fiction écrits en langue anglaise. Sa lecture en est très difficile, et je recommande de le lire en anglais (mais pour ça, il faut avoir un niveau d'anglais qui le permette, voire avoir fait des études littéraires en anglais). J'ai dû m'y prendre à 3 fois pour pouvoir enfin l'appréhender et le lire en entier. La première fois, vers 15-16 ans, il m'est tombé des mains et j'ai abandonné. La deuxième fois, j'avais 30 ans, même chose. Tout récemment, Penguin a ressorti certains de ses classiques avec des couvertures tout simplement magnifiques (design de Coralie Bickford-Smith), et j'ai craqué pour Wuthering Heights. C'est, je l'ai dit, un livre très difficile. La lecture en est ardue, les personnages sont horribles (tous). Mais la qualité littéraire, l'audace, la vérité psychologique, les thèmes abordés (dont le racisme !!) en valent très largement la chandelle. C'est un livre pour un lecteur expérimenté (j'entends qui a l'habitude de lire des classiques, de la poésie, Shakespeare...), il vaut très largement le voyage, mais il faut être prêt et ne pas se décourager. C'est un regard sans concession sur la nature humaine.
Les hauts de Hurlevent, je l’ai terminé mais sans plaisir… ou plutôt aussi en cherchant ce que je devais avoir manqué… Quand tu dis “cette histoire qui tourne sur elle même” je pense que tu décris parfaitement bien l’expérience de lecture.
Trop intéressant ! J'ai eu exactement le même ressenti avec Nous autres (sans me faire la réflexion sur l'adaptation cinématographique que je trouve hyper pertinente !). Et pour Hurlevent je n'avais pas non plus trop aimé, mais comme j'aime bien d'habitude les formes désuètes comme les récits enchâssés je ne pense pas que ce soit ça qui m'ait dérangée... Je penche plutôt pour l'animosité que j'éprouvais pour les personnages et sur l'ambiance très glauque du roman (du coup c'est plus un problème intrinsèque au roman qu'un problème de vieillissement je trouve). Merci pour ces podcasts, c'est vraiment cool !
J'ai personnellement adoré Zamiatine lors de ma lecture ! À tel point que je fais mon mémoire de master sur «Nous» justement ! Mais c'est vrai que la forme m'a parfois un peu rebuté également, et lorsque j'en parle autour de moi, ou lorsque mes professeurs en parlent, effectivement cette critique sur le style que tu fais ressort très souvent.
Excellente vidéo, merci beaucoup. Je trouve ton analyse très juste et pertinente et elle rejoint ce que je pense de l'opposition stérile anciens/nouveaux. J'ai eu exactement le même ressenti en lisant Nous de Zamiatine, que j'avais choisi pour les mêmes raisons. D'excellentes idées, surtout pour l'époque, mais terriblement âpre à suivre. J'avais eu les mêmes sensations avec Le dernier des Mohicans de Fenimore Cooper ou L'écume des jours de Boris Vian. A contrario, d'autres ouvrages, même si l'on ressent à certains moments le décalage temporel, réussissent à transmettre une réelle émotion qui dépasse les différences entre le monde de l'auteur et celui du lecteur. Je pense à Max Havelarr de Multatuli, Pêcheur d'Islande de Pierre Loti ou encore A l'ouest rien de nouveau d'Erich Maria Remarque.
Beaucoup de réflexions intéressantes, même si mon expérience ne me mène pas toujours aux mêmes conclusions. Je lis surtout de la fiction, du contemporain et des classiques, et depuis quelques années je préfère en général mes lectures de livres plus anciens, mais pas nécessairement les classiques du XIXe. Je me découvre un intérêt marqué pour les littératures des années 60, 70 du XXe, par exemple. Il y a la question de l’épreuve du temps, bien sûr. Parmi les romans qui sortent cette année, lesquels seront encore lus dans 50 ans. Dur à dire. La question de la difficulté de lecture et de sa valorisation (ou non) est aussi très vaste. Je dirais que certaines personnes peuvent trouver un certain plaisir à une certaine difficulté. Ça fait beaucoup de bémols tous ces certains 😉. On pourrait parler de complexité, d’abstraction ou d’autres qualificatifs qui peuvent aussi se traduire en plaisir. Et puis ça m’arrive aussi de me casser des dents (sans ne sentir coupable ou incompétente) sur un classique culte. Je viens d’abandonner La montagne magique après des mois d’efforts infructueux, mais je ne le regrette pas. Il y a aussi les livres qui ne nous plaisent pas tant que ça à la lecture, mais dont l’appréciation mûrie. Après des mois on y pense encore. Bon mes commentaires vont dans tous les sens, mais ta vidéo suscite beaucoup d’interrogations. Merci !
Autant j'ai des gouts tres semblables aux tiens autant Les hauts de hurlevent non, mais noooon :') il est trop parfaitement parfait ! Pour moi c'était une tempête, des cieux déchaînés, des batailles mythologiques ... Mon dieu mais c'ets mon archi préféré quoi xd Oui, chaque personnage est insupportable mais... les dieux de a mythologie aussi xd oui c'est lourd, l'écriture rend la tension de l'histoire et montre les ravages que l'histoire d'Heatchliff et Cathy provoque autour d'elle. Même en nous-même : comme des dieux. Ils n'évoluent pas : comme des dieux. Pour un fin qui laisse place à des cieux qui se dégagent, les rayons du soleil qui passent à travers les nuages qui s'cartent, le retour du cuicui des petits oiseaux, le vol des papillons... comme si rien ne s'était passé... rha j'aia doré xd
Chouette vidéo, chouette podcast ! Beaucoup de réflexions pertinentes, comme chaque fois. Il y a cependant une phrase qui me perturbe, parce que je la trouve profondément insensée : "vous pouvez être un cinéphile invétéré et ne pas aimer les vieux films en noir et blanc." J'ai comme un doute. Je m'explique : ça ne veut pour moi rien dire aimer ou ne pas aimer "les vieux films en noirs et blancs". Ce n'est pas un genre ou une école le noir et blanc ; ce n'est pas "un certain cinéma". Juste avant cette phrase vous parlez de romans "épreuves", de "lectures ardues" puis de "complexité ou difficulté de style". Vous dites qu'il n'y a "aucun mérite aucune gloire à lire un livre soi-disant difficile". Je suis 100% de votre avis, et évidemment la chose s'applique au cinéma, le parallèle pourrait se tenir : il n'y a aucun mérite à avoir tenu les 9h30 de Shoah ou à avoir vu la filmographie complète d'untel, d'unetelle. Le problème c'est que concernant "les vieux films en noir et blanc" ça ne fonctionne pas puisque tous les films passée une certaine date sont en noir et blanc. Certains super légers certains très lourds, certains très courts certains très longs ou qui le semblent, etc. Surtout : certains qui effectivement ont vieilli et puis d'autres dont le propos ou le ton ou le style ou la photographie sont tout actuels. Comme pour les livres, quoi. Qu'est-ce qui n'est pas aimé par notre cinéphile invétéré ? Sont-ce les (non)couleurs ? Du coup notre coco boudera The Lighthouse (par exemple) aussi ? C'est dommage, il est sympa ! Ou est-ce l'âge des films ? Auquel cas... Désolé pour les points de suspension mais rejeter des films UNIQUEMENT parce qu'ils sont vieux ou "moches" c'est faire preuve d'une triste fermeture d'esprit, je trouve. Je n'ai pas l'impression que votre podcast se résumait par la phrase "tous les livres seront forcément chiants à un moment" ("ce n'est pas sûr" sous-entend quand même "peut-être que ça n'arrivera pas", non ?), mais même si telle était votre conclusion : le cinéma est un bambin ; beaucoup de vieux films sont je crois trop jeunes pour être immédiatement catégorisés comme dépassés, et dès lors rejeté simplement du fait qu'ils sont de "vieux films en noir et blanc". J'ignore ce qu'est exactement un cinéphile, mais aimer le cinéma, ou la littérature, ou n'importe quel domaine d'ailleurs, c'est pour moi faire preuve de toujours plus d'ouverture d'esprit vis-à-vis dudit domaine. Et peut-être dis-je une bêtise ahurissante mais rejeter un demi-siècle de cinéma me parait carrément fermé.
C'est effectivement une expression hâtive de ma part : je voulais parler de films qui ont vieilli par leur forme brute, notamment quand le son n'a pas été retravaillé, ou certains plans qui ne sont plus la norme. Vous avez raison de me corriger en disant "tous les films ont été en noir et blanc à une époque". C'est très vrai, et mon propos simplificateur en une seule phrase. Loin de moi l'idée de faire preuve d'étroitesse d'esprit concernant le cinéma et merci d'avoir pris le temps de me faire réfléchir à cette phrase. D'autant plus que la conclusion peut donner l'impression que je recommande de se détourner entièrement des "classiques" (alors que tout livre passé n'est pas forcément un classique) au profit du contemporain alors que pas du tout. Mais valoriser la création contemporaine me semble plus qu'important : Zola était très lu à son époque, et est toujours extrêmement d'actualité. Donc en résumé : mon propos était caricatural avec ce parallèle, merci de l'avoir relevé et corrigé Merlin.
10:00 la transition entre les deux bouquins est marrante. Je connais pas Nous mais je sais que les Hauts de Hurlevent est un roman extrêmement novateur pour son époque. Le comparer à des œuvres écrites aujourd'hui n'a juste pas de sens. Il fait tout de même savoir s'imprégner du contexte d'écriture quand on lit un classique. D'ailleurs tu le rappelles très bien au début. Mais pour ce qui est des sources d'inspiration d'Emily Brontë, il paraît que encore assez mystérieux et que ça révèle justement un génie littéraire certain
votre commentaire est incroyable, vous avouez que vous ne connaissez pas les oeuvres citées par cette jeune femme formidable qui elle, les analyse en profondeur; qui voulez-vous que ce commentaire nul et plein de : "on dit , il parait" intéresse quelqu'un ?
@@sylviepodevin2520 bin je connais bien ce bouquin c'est tout. Après faire des vidéos TH-cam de critique littéraire c'est balèze et je salue le boulot de cette TH-camuse. Mais ses arguments pour descendre le bouquin ne résistent pas quand on connaît le bouquin et l'autrice
En troisième année de lettres, nous avions étudiés L'Homme Foudroyé de Cendrars. L'écriture était fluide, agréable à lire et le style très propre. Mais des opinions et une approche de la vie en générale extrêmement éloignée des réalités actuelles Sensation étrange que je n'ai pas ressenti avec un Rousseau, pourtant beaucoup plus vieux... 🤔
Étrange, en effet... quel rapport entre l'Emile et l'éducation actuelle des enfants de la classe moyenne, Les Rêveries et les réflexions du quidam lambda qui se promène ?
Hello ! Tu as lu en traduction ? Pour moi une traduction vieillit (d’ailleurs on retraduit) mais ps l’œuvre originale. La question se pose mais pour moi il n’y a pas de notion de progrès en littérature, enfin quand tu dis que ça a vieilli car depuis on a mieux écrit, dans ce cas-là je me dis que tout a vieilli depuis l’Odyssée ! Après je peux comprendre que des idées de l’époque puissent sembler vieillies et ça peut être lourd, notamment des considérations sur les femmes par exemple. Ça peut donc nous paraître lourd mais pour moi ça ne touche pas l’expérience littéraire. Ça peut gâcher l’expérience de lecture mais littérature et lecture sont, je pense, différentes :)
Salut ! J'ai lu Les Hauts de Hurlevent en anglais et je me retrouve totalement dans la critique de Qu'est-ce qu'on lit ?. J'ai trouvé la plume d'Emily Brontë belle mais les personnages sont abominables et l'histoire tourne en rond si bien que j'ai eu beaucoup de mal à terminer le livre. Dans le cas présent, je ne pense donc pas qu'il s'agisse d'un problème de traduction vieillit.
En parlant des "films noir et blanc", évidemment, ce n'est pas un genre, mais comme je me suis fixée comme objectif lors des confinements de regarder plus de vieux films, j'ai pu constater à quel point le ton est différent par rapport aux films d'aujourd'hui, peu importe le genre. Déjà, dans bien des films, jusque dans les années 1960, les acteurs jouent comme s'ils étaient au théâtre plutôt que de la façon plus naturelle que l'on connaît aujourd'hui. C'est d'ailleurs ce que Billy Wilder a voulu souligner avec le personnage de Norma Desmond (jouée par une célèbre actrice du film muet, Gloria Swanson), qui surjoue presque, surtout si on la compare aux autres personnages du film, qui sont plus représentatifs de leur temps. Ou encore, la fameuse scène où Marlon Brando hurle "STELLAAAA!" dans "Un tramway nommé désir", je peux comprendre pourquoi ça a marqué autant de gens à l'époque comme ils n'étaient pas habitués à voir des jeux d'acteur aussi intenses dans un film, mais si ça se faisait aujourd'hui, le mec gagnerait un Razzie Award, direct. (Et je pourrais râler sur le fait que personne ne parle de l'EXCELLENT jeu d'actrice de Kim Hunter dans cette scène, mais je me retiens.) Pour parler d'un livre qui n'a pas bien vieilli... je pourrais mentionner "Dune", de Frank Herbert. J'avoue que je l'ai beaucoup plus apprécié à ma 2e lecture, mais le fait qu'il n'explique pratiquement rien de la technologie ou des capacités mentales mentionnées et qu'il renvoie toute information à ce propos dans le glossaire à la fin me rendait complètement folle, surtout que tu passes beaucoup de temps dans la tête des personnages et qu'ils décrivent des facultés mentales qui sont franchement difficiles à comprendre à la première lecture. Et avant le film de Denis Villeneuve, la seule référence qu'on avait, c'était le film de David Lynch, et évidemment, comme c'est du Lynch, ça donne ce que ça donne et c'est un film qu'il a fait à contre-coeur, en plus. Je comprends évidemment pourquoi c'est une oeuvre importante dans le contexte de la science-fiction et du space opera, mais je doute fortement que ce serait publié tel quel s'il avait été écrit aujourd'hui. (Oui, je sais qu'il y a d'autres controverses par rapport à Dune, mais j'essaie de me concentrer davantage sur la forme plutôt que sur les idées, ici.)
Super intéressant, merci pour ton regard éclairé sur les films en noir et blanc (je m'excuse d'ailleurs du grossier raccourci que j'ai fait dans les commentaires ici). J'ai beaucoup entendu que Dune avait mal vieilli aussi mais je ne l'ai pas lu justement à cause de cette réputation, et du traumatisme que j'ai eu enfant face au film de Lynch qui m'a juste fait mourir d'ennui... J'ai hâte de regarder le film de Villeneuve !
@@Questcequonlit Pas besoin d'excuse pour le raccourci, je comprenais tout à fait ce que tu voulais dire ;) Pour ce qui est de Dune, ce que je vais dire est un sacrilège pour bien des fans du livre (ou même des rats de bibliothèque en général), mais si tu n'as pas envie de le lire, ou si tu as essayé et que tu as abandonné, le film de Denis Villeneuve est assez fidèle et résume quand même assez bien le tout sans rien sacrifier de la substance, donc si tu ne fais que regarder cette adaptation, tu auras une bonne idée du contenu.
Mon mémoire portait le titre "Les points de suspension. Le signe de ponctuation mal aimé" et s'attachait à ce signe comme procédé littéraire. ;-) Sinon, j'ai aimé "Les hauts de Hurlevent" il y a déjà environ 15 ans et l'avais bien aimé. Aujourd'hui, je lis très peu de livres "anciens" (du siècle dernier). Je ne suis pas sûre que je lui ferais le même accueil car c'est devenu beaucoup plus éloigné de mes habitudes!
C'est marrant, j'ai vécu la même chose à la première lecture des Hauts de Hurlevent, j'ai retenté dix ans plus tard et là j'ai adoré. Du coup, c'est moi qui ai mal vieilli ? :D
Je ne pense pas vraiment qu'un livre vieillisse mal, je pense qu'il nous plonge dans une époque différente, avec un rythme différent. Dans le cas de "les hauts de Hurlevent" par exemple le fait que le livre soit le récit fait par un étranger à la famille du récit d'une domestique est emblématique d'une époque où le linge sale se lave en famille et où les ragots circulent par les domestiques, et pour moi la non évolution des personnages montre à quel point les "gens du monde" étaient prisonniers de leurs images publiques, images qui ne pouvaient changer que par le scandale, scandale qui devait justement être évité à tout prix (de toute façon il ne faisait que vous figer dans une nouvelle image moins valorisante) ce qui les poussait à adopter un comportement figé et invariable. Après je pense que la lecture doit rester un plaisir donc si un livre ne te parle pas, laisses tomber ! Par contre rien ne dit que ce qui te déplaît aujourd'hui ne te plaira pas demain et aucun snobisme, on peut s'éclater et se cultiver autant avec des BD, des polars ou autres qu'avec des classiques. Oh et les descriptions hyper détaillées n'étaient déjà pas utiles pour l'histoire à l'époque de Balzac mais ces histoires étaient publiées en roman-feuilleton dans la presse et payée au mot, ça explique à la fois la nécessité de tenir le lecteur en haleine pour le pousser à acheter le journal suivant mais aussi les descriptions infinies pour rendre l'histoire plus rentable pour l'auteur.
j'adore réellement votre travail même si je finis par avoir honte d'etre un homme blanc de 54 ans.... Sérieux vous donnez envie de partager mes lectures sur ma chaine TH-cam... Mais je n'ai pas votre voix et surtout je n'ai pas votre talent ni le temps de bosser autant que vous le faite. Vivement la prochaine video, car là je suis en manque.
Oh non, surtout pas de honte ! Mon exaspération avec certaines catégories de personnes vient non pas de qui ils sont mais de leur incapacité à penser et reconnaître leurs privilèges. Je n'ai aucune morale supérieure à quiconque, mais j'essaie d'être une bonne personne et je suis férocement énervée contre les inégalités. Maintenant, sur la deuxième partie de votre message : vous avez une voix et même si vous avez moins de temps (et encore tout est relatif, mon rythme de publication est très aléatoire), si vous en avez l'envie, allez-y !
et bien justement : je trouve 1984 daté, lourdeau et sur côté, plein de théories sociales fumeuses que ma suspension d’incrédulité n’arrive plus à dépasser. alors que brave new world est juste devenu un reportage à peine exagéré 😎
Reproché aux Hauts de Hurlevent d'utiliser des processus narratifs qui sont devenus des clichés, c'est complètement injuste. C'est justement parce que le bouquin a eu un succès phénoménal qui a ensuite été pillé. Si on a une impression de déjà lu, il faut savoir reconnaître le rôle de pionnière de l'autrice. Avant elle, en épopée romanesque sur des gens du peuple il y avait qui ?
Je commente au fur et à mesure de la vidéo, sur les Hauts de Hurlevent car j'ai pas lu l'autre. Je ne suis pas d'accord avec cette idée de huis clos oppressant. À côté des Hauts, en bas, il y a Thushrow Grange, le cottage bourgeois bien tenu et rassurant. Ensuite entre les deux il y a la lande et ces paysages fantomatiques, le royaume de Catherine et Heathcliff jeunes.
Dans l'intrigue des hauts de Hurlevent le détail qui tue : Le jeune Heathcliff ne disparaît pas de façon mystérieuse. Il voit Catherine au bras d'Edgar Linton (ils ne sont pas encore fiancés mais déjà bon ami). C'est parce jalousie que Heathcliff part. Il a le cœur meurtri par la trahison, à ses yeux, de Catherine. D'ailleurs à son retour les deux se reprocheront l'un l'autre de s'être abandonné réciproquement. Décidément ce roman est bien ficelé car on voit le drame se dérouler et pourtant à aucun moment on peut dire que c'est surfait ou gratuit. Tous les actes, d'amour ou de haine sont motivés
8:53 Aucun d'entre eux n'évolue ? Faux pour moi encore 😂. Catherine est folle de Heathcliff et n'aime pas les Linton au début. Isabelle méprise Heathcliff au début. Mais le twist le plus flagrant et bien sûr le dernier c'est la relation de Cathy avec Earnshaw son cousin. Du mépris réciproque à la réconciliation
L'intérêt de la narration par la servante au visiteur c'est de donner une sensation de boucle bouclé à la fin. Le récit de la servante finit au moment où il arrive et son arrivée à Hurlevent va provoquer, malgré lui, une happy end, enfin !!!! Qui m'a déchiré le cœur de plaisir. Jane Eyre avait déjà une happy end larmoyante (l'amour et la paix retrouvées après tant de souffrance) bien réussi mais moi je trouve que le dénouement permet in fine de racheter les malheurs et les méfaits de deux à trois générations.
Emilie Brontë n'aimait pas ses personnages ?!? Et Hélène ? Appelée affectueusement Nelly par ses maîtres aimant. Ou encore Edgar, plein de compassion pour sa femme mourante et pour sa fille amoureuse. Ou le petit Earnshaw, un vaurien rustre qui crache sur les étrangers au début mais qui révèle son bon fond avec sa soif d'éducation et son amour pour Cathy. Et Cathy elle même qui veille sur le pauvre Linton jusqu'au dernier instant. Et comment ne pas prendre en pitié ce pauvre Linton, ce sufreuteux que Heatcliff à exploiter jusqu'à son dernier souffle. Sans parler des personnages secondaires partis trop top comme la mère et la femme de Hindley. Le seul personnage vraiment détestable bien sûr c'est Heathcliff. Et encore son obsession pour Catherine est poignante.
Je suis complètement d'accord ! Et je pense (conviction personnelle) qu'il est plus important de lire et faire connaître des auteurs et autrices contemporains. Beaucoup de mes lectures contemporaines m'ont davantage aidé à avoir un esprit critique sur la société ainsi qu'à mieux comprendre mes contemporains. De plus, la majorité des œuvres considérées comme des classiques, ont été écrit par des hommes. Car les femmes avaient moins accès à l'écriture, mais aussi et surtout, car les œuvres (tout art confondu) des femmes, sont tombées dans les oubliettes, car non-étudiées. Et enfin, quand on sait la difficulté que c'est pour les auteurs et autrices d'en vivre, il me semble plus important de les soutenir maintenant et non dans un siècle !
Quand on voit ce qu’elles écrivent aujourd’hui, cette profusion de vide intersidéral et de bêtise, on se dit que c’était peut-être mieux. Parole de femme lectrice : je n’ai jamais lue un livre écrit par une femme qui soit transcendant, ou au moins aussi intéressant, brillant, immersif que ce soit par la forme ou le fond que les meilleurs écrits par des hommes.
@@madameelodie Ça m’est assez égal à vrai dire, il serait temps de savoir prendre sur soi et d’accepter de pouvoir être heurté par l’avis des autres. Puisque ces autres ne se priveront pas de le penser pour vous faire plaisir. Je crois en votre capacité à vous en remettre 👍
Flaubert, Zola et Maupassant ça a très mal vieilli. C'est déjà cramoisi à l'époque, enfin comme la quasi totalité de la littérature réaliste, naturaliste et pessimiste de l'époque. Mais avec le temps, ça sent pire !
Réflexions très intéressantes.
Mais on pourrait aussi s'interroger sur les raisons qui font que nous sommes disponibles, à certains moments et moins à d'autres, pour nous immerger dans un contexte culturel et dans une langue qui ne sont plus les nôtres. Pourquoi "Le Rouge et le noir" peut-il m'enthousiasmer en avril et me lasser en octobre ? Pourquoi sommes-nous parfois d'humeur à partager les affres d'Andromaque et peu de temps après à considérer que seul de regard de Houellebecq sur le monde contemporain mérite notre attention ?
Cela revient à poser la question de la nature du lecteur plus que celle du livre. La littérature est peut-être l'alchimie produite lorsque les deux parviennent à se rencontrer.
Bien à vous.
Les romans que nous lisons aujourd'hui sont l'aboutissement d'une maturation collective du genre"
" comme si tous les écrivains ensemble travaillent la même roche et créent une nouvelle exigence" Excellent!
J'ai adoré Les Hauts de Hurlevent... Mais je crois que j'aime bien les livres un peu "anciens" dans leur structure et leur façon de faire : Don Quichotte (les deux volumes) est l'un de mes livres préférés, tout en étant pourtant très daté avec son principe des récits enchâssés, la longueur de certains passages... Mais tant de modernité pourtant dans son ironie, ses personnages, sa grande mise en abyme aussi dans le second volume !
Et à côté de Don Quichotte et des Hauts de Hurlevent, je vais aussi adorer de la littérature jeunesse, de la fantasy, des mangas... Pas de raison de faire de l'"élitisme" en littérature alors qu'il y a tellement de merveilles à découvrir ! ♥
Ce sera sans doute le dernier épisode filmé de la saison 1 de Hiatus. Pour retrouver tous les épisodes sur Spotify & les autres plateformes >> anchor.fm/questcequonlit
Et suite à un commentaire, je corrige ce que j'ai dit sur les "vieux films en noir et blanc", qui était une contrainte technique de l'époque et pas un genre de film. C'était un grossier raccourci de ma part et j'espère que vous trouverez en vous la force de me pardonner, que vous soyez cinéphile ou pas.
Les Jack London, des perles comme Tom Sawyer sont à mon avis invieillissables. Les grands livres "pour enfants" en general.
J'ai relu il y a peu Le Pays oú on n'arrive jamais. En 5eme je n'arrivais pas, mais je savais qu'un jour j'y reviendrais. Tout comme Un Roi Sans Divertissement, je n'y arriva8s pas en 2nde. Mais je l'ai toujours gardé, je SENS que je le lirai un jour.
J'ai 46 ans, et je viens de re-découvrir Nirvana. Ce ne sont pas les oeuvres, le probleme. Il faut que l'oeuvre résonne avec le lecteur/auditeur et l'époque.
Bon, les hauts de Hurlevent est un de mes livres préférés! Tout ce qui t'a déplu m'a plu ahah j'ai Nous autres dans ma bibliothèque et tu as attisé ma curiosité!
C'était un développement très logique et agréable ☺️ je pense aussi qu'il y a un énorme biais social dans la discipline littéraire, puisque l'on sépare les "grands", les auteurs "classiques" de tous les autres. Ainsi les écrivains s'attachent à se démarquer dans les thèmes et le style, afin d'espérer de la reconnaissance critique, quitte à oublier l'effet produit sur le lecteur. Le plaisir de lecture est un gage de qualité : il n'y a pas que le raffinement et la rareté de l'écriture.
C'est un livre qu'il faut replacer dans son époque, qui décrit une vie sauvage et difficile qui correspond à la vie menée par les Bronte, perdus sur la lande dans le froid et la misère. Émile rêvant de passion qu'elle ne vivait pas. J'ai lu ce livre vers l'âge de 14 ans et je l'ai adorée, j'ai vu le film et relu le roman. Ça reste l'un de mes livres favoris.
@@marie-evelynepophyllat9297 replacer un livre dans son époque permet de comprendre, et accepter les points de vue, mais en aucun cas, selon moi, de se faire au style.
Intéressant sur le fait du "faut-il se forcer à lire pour le plaisir ? " Se forcer et plaisir sont en effet deux termes assez contradictoires 😆. Des fois j'essaie de me forcer à lire des classiques en effet mais surtout pour avoir un sens plus aiguisé de l'évolution des thèmes et du style en littérature. Je pense que j'aurais aimé faire des études littéraires (en plus des études scientifiques)
J'ai vu les premières secondes de la vidéo, j'ai arrêté, j'ai relu la moitié du roman d'Emily Brontë que j'avais lu il y a très longtemps déjà, puis j'ai regardé la première partie de la vidéo 8 minutes environ.
J'ai deux éditions. J'ai un livre de poche récent, mais là j'ai pris l'édition de 84 au Livre de poche avec la traduction de Frédéric Delebecque qui date des années 1920. Je sais qu'il y a une question de droits d'auteur sur le titre traduit ainsi : "Les Hauts de Hurle-Vent" et donc sur sa traduction, c'est pour ça que le titre varie dans les éditions plus récentes. Le titre anglais "Wuthering Heights" est particulier et on a toujours salué l'adaptation très réussie "Les Hauts de Hurle-Vent" par Delebecque.
Pour le style, j'ai une idée un peu différente. Pour le début, je suis mille fois d'accord. C'est mal écrit et ça ne peut pas venir que de la traduction. Il y a une espèce d'emphase très datée, des circonlocutions qui sont complètement à côté de la plaque.Même les incises sont souvent immondes au milieu des propos rapportés. Page 26 "a-t-il interrompu en regimbant", à la limite, problème de traduction pour celle-là, mais après on a, très rapprochés, du "a-t-il demandé en me regardant d'un air que j'ai eu quelque peine à supporter après ce traitement inhospitalier", et du "a-t-il remarqué en posant la bouteille devant moi et remettant la table en place" (page 31). Puis : "lui criai-je en réponse" page 34, "dit l'aimable hôtesse d'un ton encore moins engageant que celui que Heathcliff lui-même aurait pu mettre à cette réponse" (page 35). Et là, c'est seulement des incises que je viens de chercher pour illustrer mon propos, ce n'est pas forcément celles qui m'ont le plus choqué. Il y a une façon affectée de se poser face au monde, face aux événements. Voici un extrait toujours pris au hasard des réflexions du narrateur : "Je saisissais la poignée du loquet pour faire un nouvel essai, quand un jeune homme sans veste, et portant une fourche sur l'épaule, apparut dans la cour derrière la maison." (page 34) C'est pédant, creux, mal venu. Ce problème est sensible quand le narrateur fait des réflexions personnelles au milieu d'un dialogue qu'il rapporte. "Je pensai que..." C'est très ampoulé et il y a une façon de se regarder et de se commenter en train de faire les choses qui n'a pas du tout efficace.
En revanche, quand l'intrigue amoureuse s'installe, que Cathy déclare s'intéresser au Linton et que Hethcliff est jaloux, là, d'un coup, j'ai plus ressenti la même lourdeur. Mais je n'ai pas analysé, cherché à vérifier si le style avait vraiment changé. Instinctivement, je dirais que oui, et ça devient agréable donc après un tiers des chapitres.
Cependant, il y a deux autres problèmes. Premièrement, oui, les récits enchâssés. Mrs Dean qui raconte le passé, puis on nous sort des explications pour justifier la longueur, oui, ils ne vont pas dormir, puis on nous fait une coupure, ils sont allés dormir et on reprend l'histoire. Mrs Dean revient raconter la suite. Elle sert à quoi la coupure au plan du roman à part à ménager la vraisemblance d'une femme lancée dans un récit de plusieurs heures ? J'ai trouvé ça complètement bidon. Autant ne pas inventer un récit par un personnage. Pire encore, à un moment, Brontë a dû en avoir marre et sans crier gare on a le narrateur qui nous raconte lui-même ce que lui a raconté Mrs Dean, comme ça plus de coupure. J'ai trouvé ça grotesque. Puis, Mrs Dean quand elle raconte, elle fait parler les gens au discours direct comme le narrateur et elle rend aussi les façons de parler incorrectes, populaires. C'est idiot de faire ça, le récit fait par Mrs Dean n'a aucune identité du coup.
Le dernier défaut, c'est qu'Emily Brontë composerait d'excellents poèmes, de l'avis de l'autrice de Jane Eyre. Or, je ne trouve pas non plus le roman très poétique. Il a une poésie, mais pas dans le style. Le vent, c'est le vent, la pluie, c'est la pluie. Les descriptions des éléments naturels sont rudimentaires, ça souligne pas tant que ça le cadre passionnel.
Ceci dit, je ne trouve pas que ce que je lis soit mauvais, j'aime bien, il y a des phrases bien pensées, mais c'est vrai que c'est absurde de dire que c'est un sommet de la Littérature.
Pour l'intrigue, c'est difficile de bien évaluer certains faits, parce que les romans anglais du XVIII (Richardson, Fielding, etc.) sont peu diffusés en France malgré leur influence sur Diderot et Rousseau. Le truc, c'est que le roman est écrit par une femme célibataire de 27 ans, fille de pasteur, et elle écrit une histoire d'amour très sombre, où la passion se noue entre des gens mauvais et ce n'est pas comme dans Les Liaisons dangereuses où la réprobation morale permet de faire passer la pilule. Il y a un côté abandon à une histoire romanesque de gens méchants. Le Heathcliff est très problématique. Il est hideux moralement et il a la force physique qui soumet les autres qui contribue à lui donner un beau rôle. C'est facile de dire que les autres sont lâches (ce qu'il dit à Linton) quand on a une force athlétique qui en impose. Dans La Rabouilleuse, Balzac met en avant la séduction d'un tel personnage, mais il montre que les autres en sont victimes. Ici, je trouve qu'il y a une bascule bizarre où il serait légitime d'aimer cette brute, il aurait tant souffert du rejet initial (ce qui est vrai), mais on sent une complaisance de l'autrice en la faveur de Heathcliff et Catherine. Tous les personnages sont mauvais d'ailleurs. Mrs Dean, quand on regarde bien dans le détail, elle n'est pas du tout réjouissante dans le comportement. Je pense qu'Emily Brontë se complaît et en même temps elle a un fort degré de misanthropie. Elle va à Bruxelles et elle juge l'hypocrisie d'un pays où les gens sont catholiques, parce qu'elle est protestante elle n'est pas de la merde, les protestants ce n'est pas hypocrite, elle fait du communautarisme assez étriqué quand même.
Je vais finir ma relecture et j'ai Jane Eyre dans mes cartons, je vais enchaîner pour voir. Le volume ne me tombe pas des mains, il reste plutôt bon.
En revanche, pour les romans qui vieillissent, il y a des évidences, un roman de Balzac comme La Femme de trente ans, il parle d'une situation dont on n'a pas immédiatement les clefs.
Choix très intéressants ! Je ne peux pas parler pour le Ziamatine, il m'est tombé des mains alors qu'il m'avait été très chaudement recommandé (tiens)... Je ne désespère pas, je le lirai peut-être un jour. Wuthering Heights est aisément l'un des tous meilleurs livres de fiction écrits en langue anglaise. Sa lecture en est très difficile, et je recommande de le lire en anglais (mais pour ça, il faut avoir un niveau d'anglais qui le permette, voire avoir fait des études littéraires en anglais). J'ai dû m'y prendre à 3 fois pour pouvoir enfin l'appréhender et le lire en entier. La première fois, vers 15-16 ans, il m'est tombé des mains et j'ai abandonné. La deuxième fois, j'avais 30 ans, même chose. Tout récemment, Penguin a ressorti certains de ses classiques avec des couvertures tout simplement magnifiques (design de Coralie Bickford-Smith), et j'ai craqué pour Wuthering Heights. C'est, je l'ai dit, un livre très difficile. La lecture en est ardue, les personnages sont horribles (tous). Mais la qualité littéraire, l'audace, la vérité psychologique, les thèmes abordés (dont le racisme !!) en valent très largement la chandelle. C'est un livre pour un lecteur expérimenté (j'entends qui a l'habitude de lire des classiques, de la poésie, Shakespeare...), il vaut très largement le voyage, mais il faut être prêt et ne pas se décourager. C'est un regard sans concession sur la nature humaine.
Les hauts de Hurlevent, je l’ai terminé mais sans plaisir… ou plutôt aussi en cherchant ce que je devais avoir manqué… Quand tu dis “cette histoire qui tourne sur elle même” je pense que tu décris parfaitement bien l’expérience de lecture.
Trop intéressant ! J'ai eu exactement le même ressenti avec Nous autres (sans me faire la réflexion sur l'adaptation cinématographique que je trouve hyper pertinente !). Et pour Hurlevent je n'avais pas non plus trop aimé, mais comme j'aime bien d'habitude les formes désuètes comme les récits enchâssés je ne pense pas que ce soit ça qui m'ait dérangée... Je penche plutôt pour l'animosité que j'éprouvais pour les personnages et sur l'ambiance très glauque du roman (du coup c'est plus un problème intrinsèque au roman qu'un problème de vieillissement je trouve). Merci pour ces podcasts, c'est vraiment cool !
J'ai personnellement adoré Zamiatine lors de ma lecture ! À tel point que je fais mon mémoire de master sur «Nous» justement ! Mais c'est vrai que la forme m'a parfois un peu rebuté également, et lorsque j'en parle autour de moi, ou lorsque mes professeurs en parlent, effectivement cette critique sur le style que tu fais ressort très souvent.
Excellente vidéo, merci beaucoup. Je trouve ton analyse très juste et pertinente et elle rejoint ce que je pense de l'opposition stérile anciens/nouveaux.
J'ai eu exactement le même ressenti en lisant Nous de Zamiatine, que j'avais choisi pour les mêmes raisons. D'excellentes idées, surtout pour l'époque, mais terriblement âpre à suivre.
J'avais eu les mêmes sensations avec Le dernier des Mohicans de Fenimore Cooper ou L'écume des jours de Boris Vian. A contrario, d'autres ouvrages, même si l'on ressent à certains moments le décalage temporel, réussissent à transmettre une réelle émotion qui dépasse les différences entre le monde de l'auteur et celui du lecteur. Je pense à Max Havelarr de Multatuli, Pêcheur d'Islande de Pierre Loti ou encore A l'ouest rien de nouveau d'Erich Maria Remarque.
Beaucoup de réflexions intéressantes, même si mon expérience ne me mène pas toujours aux mêmes conclusions. Je lis surtout de la fiction, du contemporain et des classiques, et depuis quelques années je préfère en général mes lectures de livres plus anciens, mais pas nécessairement les classiques du XIXe. Je me découvre un intérêt marqué pour les littératures des années 60, 70 du XXe, par exemple. Il y a la question de l’épreuve du temps, bien sûr. Parmi les romans qui sortent cette année, lesquels seront encore lus dans 50 ans. Dur à dire. La question de la difficulté de lecture et de sa valorisation (ou non) est aussi très vaste. Je dirais que certaines personnes peuvent trouver un certain plaisir à une certaine difficulté. Ça fait beaucoup de bémols tous ces certains 😉. On pourrait parler de complexité, d’abstraction ou d’autres qualificatifs qui peuvent aussi se traduire en plaisir. Et puis ça m’arrive aussi de me casser des dents (sans ne sentir coupable ou incompétente) sur un classique culte. Je viens d’abandonner La montagne magique après des mois d’efforts infructueux, mais je ne le regrette pas. Il y a aussi les livres qui ne nous plaisent pas tant que ça à la lecture, mais dont l’appréciation mûrie. Après des mois on y pense encore. Bon mes commentaires vont dans tous les sens, mais ta vidéo suscite beaucoup d’interrogations. Merci !
Autant j'ai des gouts tres semblables aux tiens autant Les hauts de hurlevent non, mais noooon :') il est trop parfaitement parfait ! Pour moi c'était une tempête, des cieux déchaînés, des batailles mythologiques ... Mon dieu mais c'ets mon archi préféré quoi xd Oui, chaque personnage est insupportable mais... les dieux de a mythologie aussi xd oui c'est lourd, l'écriture rend la tension de l'histoire et montre les ravages que l'histoire d'Heatchliff et Cathy provoque autour d'elle. Même en nous-même : comme des dieux. Ils n'évoluent pas : comme des dieux. Pour un fin qui laisse place à des cieux qui se dégagent, les rayons du soleil qui passent à travers les nuages qui s'cartent, le retour du cuicui des petits oiseaux, le vol des papillons... comme si rien ne s'était passé... rha j'aia doré xd
Chouette vidéo, chouette podcast ! Beaucoup de réflexions pertinentes, comme chaque fois.
Il y a cependant une phrase qui me perturbe, parce que je la trouve profondément insensée : "vous pouvez être un cinéphile invétéré et ne pas aimer les vieux films en noir et blanc."
J'ai comme un doute. Je m'explique : ça ne veut pour moi rien dire aimer ou ne pas aimer "les vieux films en noirs et blancs". Ce n'est pas un genre ou une école le noir et blanc ; ce n'est pas "un certain cinéma". Juste avant cette phrase vous parlez de romans "épreuves", de "lectures ardues" puis de "complexité ou difficulté de style". Vous dites qu'il n'y a "aucun mérite aucune gloire à lire un livre soi-disant difficile". Je suis 100% de votre avis, et évidemment la chose s'applique au cinéma, le parallèle pourrait se tenir : il n'y a aucun mérite à avoir tenu les 9h30 de Shoah ou à avoir vu la filmographie complète d'untel, d'unetelle. Le problème c'est que concernant "les vieux films en noir et blanc" ça ne fonctionne pas puisque tous les films passée une certaine date sont en noir et blanc. Certains super légers certains très lourds, certains très courts certains très longs ou qui le semblent, etc. Surtout : certains qui effectivement ont vieilli et puis d'autres dont le propos ou le ton ou le style ou la photographie sont tout actuels. Comme pour les livres, quoi. Qu'est-ce qui n'est pas aimé par notre cinéphile invétéré ? Sont-ce les (non)couleurs ? Du coup notre coco boudera The Lighthouse (par exemple) aussi ? C'est dommage, il est sympa ! Ou est-ce l'âge des films ? Auquel cas...
Désolé pour les points de suspension mais rejeter des films UNIQUEMENT parce qu'ils sont vieux ou "moches" c'est faire preuve d'une triste fermeture d'esprit, je trouve. Je n'ai pas l'impression que votre podcast se résumait par la phrase "tous les livres seront forcément chiants à un moment" ("ce n'est pas sûr" sous-entend quand même "peut-être que ça n'arrivera pas", non ?), mais même si telle était votre conclusion : le cinéma est un bambin ; beaucoup de vieux films sont je crois trop jeunes pour être immédiatement catégorisés comme dépassés, et dès lors rejeté simplement du fait qu'ils sont de "vieux films en noir et blanc". J'ignore ce qu'est exactement un cinéphile, mais aimer le cinéma, ou la littérature, ou n'importe quel domaine d'ailleurs, c'est pour moi faire preuve de toujours plus d'ouverture d'esprit vis-à-vis dudit domaine. Et peut-être dis-je une bêtise ahurissante mais rejeter un demi-siècle de cinéma me parait carrément fermé.
C'est effectivement une expression hâtive de ma part : je voulais parler de films qui ont vieilli par leur forme brute, notamment quand le son n'a pas été retravaillé, ou certains plans qui ne sont plus la norme. Vous avez raison de me corriger en disant "tous les films ont été en noir et blanc à une époque". C'est très vrai, et mon propos simplificateur en une seule phrase. Loin de moi l'idée de faire preuve d'étroitesse d'esprit concernant le cinéma et merci d'avoir pris le temps de me faire réfléchir à cette phrase. D'autant plus que la conclusion peut donner l'impression que je recommande de se détourner entièrement des "classiques" (alors que tout livre passé n'est pas forcément un classique) au profit du contemporain alors que pas du tout. Mais valoriser la création contemporaine me semble plus qu'important : Zola était très lu à son époque, et est toujours extrêmement d'actualité.
Donc en résumé : mon propos était caricatural avec ce parallèle, merci de l'avoir relevé et corrigé Merlin.
10:00 la transition entre les deux bouquins est marrante. Je connais pas Nous mais je sais que les Hauts de Hurlevent est un roman extrêmement novateur pour son époque. Le comparer à des œuvres écrites aujourd'hui n'a juste pas de sens. Il fait tout de même savoir s'imprégner du contexte d'écriture quand on lit un classique. D'ailleurs tu le rappelles très bien au début. Mais pour ce qui est des sources d'inspiration d'Emily Brontë, il paraît que encore assez mystérieux et que ça révèle justement un génie littéraire certain
votre commentaire est incroyable, vous avouez que vous ne connaissez pas les oeuvres citées par cette jeune femme formidable qui elle, les analyse en profondeur; qui voulez-vous que ce commentaire nul et plein de : "on dit , il parait" intéresse quelqu'un ?
@@sylviepodevin2520 bin je connais bien ce bouquin c'est tout. Après faire des vidéos TH-cam de critique littéraire c'est balèze et je salue le boulot de cette TH-camuse. Mais ses arguments pour descendre le bouquin ne résistent pas quand on connaît le bouquin et l'autrice
Les hauts de Hurlevent m'a littéralement tapé sur les nerfs. J'adhère à tous tes arguments. Je n'ai pas (encore) lu Zamiatine. Merci pour la vidéo.
excellente chaine bravo!!
Le progrès dans l'art progresse.
Très bien.
Pareil pour les Hauts de Hurlevents, grosse déception comparé à la hype 😂
En troisième année de lettres, nous avions étudiés L'Homme Foudroyé de Cendrars. L'écriture était fluide, agréable à lire et le style très propre. Mais des opinions et une approche de la vie en générale extrêmement éloignée des réalités actuelles
Sensation étrange que je n'ai pas ressenti avec un Rousseau, pourtant beaucoup plus vieux... 🤔
Étrange, en effet... quel rapport entre l'Emile et l'éducation actuelle des enfants de la classe moyenne, Les Rêveries et les réflexions du quidam lambda qui se promène ?
Quelle intelligence d'esprit ! ❤Bravo à toi !
Hello ! Tu as lu en traduction ? Pour moi une traduction vieillit (d’ailleurs on retraduit) mais ps l’œuvre originale.
La question se pose mais pour moi il n’y a pas de notion de progrès en littérature, enfin quand tu dis que ça a vieilli car depuis on a mieux écrit, dans ce cas-là je me dis que tout a vieilli depuis l’Odyssée !
Après je peux comprendre que des idées de l’époque puissent sembler vieillies et ça peut être lourd, notamment des considérations sur les femmes par exemple. Ça peut donc nous paraître lourd mais pour moi ça ne touche pas l’expérience littéraire. Ça peut gâcher l’expérience de lecture mais littérature et lecture sont, je pense, différentes :)
Salut ! J'ai lu Les Hauts de Hurlevent en anglais et je me retrouve totalement dans la critique de Qu'est-ce qu'on lit ?. J'ai trouvé la plume d'Emily Brontë belle mais les personnages sont abominables et l'histoire tourne en rond si bien que j'ai eu beaucoup de mal à terminer le livre. Dans le cas présent, je ne pense donc pas qu'il s'agisse d'un problème de traduction vieillit.
En parlant des "films noir et blanc", évidemment, ce n'est pas un genre, mais comme je me suis fixée comme objectif lors des confinements de regarder plus de vieux films, j'ai pu constater à quel point le ton est différent par rapport aux films d'aujourd'hui, peu importe le genre. Déjà, dans bien des films, jusque dans les années 1960, les acteurs jouent comme s'ils étaient au théâtre plutôt que de la façon plus naturelle que l'on connaît aujourd'hui. C'est d'ailleurs ce que Billy Wilder a voulu souligner avec le personnage de Norma Desmond (jouée par une célèbre actrice du film muet, Gloria Swanson), qui surjoue presque, surtout si on la compare aux autres personnages du film, qui sont plus représentatifs de leur temps. Ou encore, la fameuse scène où Marlon Brando hurle "STELLAAAA!" dans "Un tramway nommé désir", je peux comprendre pourquoi ça a marqué autant de gens à l'époque comme ils n'étaient pas habitués à voir des jeux d'acteur aussi intenses dans un film, mais si ça se faisait aujourd'hui, le mec gagnerait un Razzie Award, direct. (Et je pourrais râler sur le fait que personne ne parle de l'EXCELLENT jeu d'actrice de Kim Hunter dans cette scène, mais je me retiens.)
Pour parler d'un livre qui n'a pas bien vieilli... je pourrais mentionner "Dune", de Frank Herbert. J'avoue que je l'ai beaucoup plus apprécié à ma 2e lecture, mais le fait qu'il n'explique pratiquement rien de la technologie ou des capacités mentales mentionnées et qu'il renvoie toute information à ce propos dans le glossaire à la fin me rendait complètement folle, surtout que tu passes beaucoup de temps dans la tête des personnages et qu'ils décrivent des facultés mentales qui sont franchement difficiles à comprendre à la première lecture. Et avant le film de Denis Villeneuve, la seule référence qu'on avait, c'était le film de David Lynch, et évidemment, comme c'est du Lynch, ça donne ce que ça donne et c'est un film qu'il a fait à contre-coeur, en plus. Je comprends évidemment pourquoi c'est une oeuvre importante dans le contexte de la science-fiction et du space opera, mais je doute fortement que ce serait publié tel quel s'il avait été écrit aujourd'hui.
(Oui, je sais qu'il y a d'autres controverses par rapport à Dune, mais j'essaie de me concentrer davantage sur la forme plutôt que sur les idées, ici.)
Super intéressant, merci pour ton regard éclairé sur les films en noir et blanc (je m'excuse d'ailleurs du grossier raccourci que j'ai fait dans les commentaires ici).
J'ai beaucoup entendu que Dune avait mal vieilli aussi mais je ne l'ai pas lu justement à cause de cette réputation, et du traumatisme que j'ai eu enfant face au film de Lynch qui m'a juste fait mourir d'ennui... J'ai hâte de regarder le film de Villeneuve !
@@Questcequonlit Pas besoin d'excuse pour le raccourci, je comprenais tout à fait ce que tu voulais dire ;)
Pour ce qui est de Dune, ce que je vais dire est un sacrilège pour bien des fans du livre (ou même des rats de bibliothèque en général), mais si tu n'as pas envie de le lire, ou si tu as essayé et que tu as abandonné, le film de Denis Villeneuve est assez fidèle et résume quand même assez bien le tout sans rien sacrifier de la substance, donc si tu ne fais que regarder cette adaptation, tu auras une bonne idée du contenu.
Mon mémoire portait le titre "Les points de suspension. Le signe de ponctuation mal aimé" et s'attachait à ce signe comme procédé littéraire. ;-)
Sinon, j'ai aimé "Les hauts de Hurlevent" il y a déjà environ 15 ans et l'avais bien aimé. Aujourd'hui, je lis très peu de livres "anciens" (du siècle dernier). Je ne suis pas sûre que je lui ferais le même accueil car c'est devenu beaucoup plus éloigné de mes habitudes!
On peut constater le même vieillissement au niveau des films, déjà nous ne supportons plus l'absence de rythme.
Merci d'avoir si bien dit ce que je pense à part moi ❤
Chacune de vos videos est un muffin de culture aux pépites d'humour
C'est marrant, j'ai vécu la même chose à la première lecture des Hauts de Hurlevent, j'ai retenté dix ans plus tard et là j'ai adoré. Du coup, c'est moi qui ai mal vieilli ? :D
Haha, je ne saurai te dire, mais je retenterai ma lecture dans quelques années alors !
Je ne pense pas vraiment qu'un livre vieillisse mal, je pense qu'il nous plonge dans une époque différente, avec un rythme différent. Dans le cas de "les hauts de Hurlevent" par exemple le fait que le livre soit le récit fait par un étranger à la famille du récit d'une domestique est emblématique d'une époque où le linge sale se lave en famille et où les ragots circulent par les domestiques, et pour moi la non évolution des personnages montre à quel point les "gens du monde" étaient prisonniers de leurs images publiques, images qui ne pouvaient changer que par le scandale, scandale qui devait justement être évité à tout prix (de toute façon il ne faisait que vous figer dans une nouvelle image moins valorisante) ce qui les poussait à adopter un comportement figé et invariable.
Après je pense que la lecture doit rester un plaisir donc si un livre ne te parle pas, laisses tomber ! Par contre rien ne dit que ce qui te déplaît aujourd'hui ne te plaira pas demain et aucun snobisme, on peut s'éclater et se cultiver autant avec des BD, des polars ou autres qu'avec des classiques.
Oh et les descriptions hyper détaillées n'étaient déjà pas utiles pour l'histoire à l'époque de Balzac mais ces histoires étaient publiées en roman-feuilleton dans la presse et payée au mot, ça explique à la fois la nécessité de tenir le lecteur en haleine pour le pousser à acheter le journal suivant mais aussi les descriptions infinies pour rendre l'histoire plus rentable pour l'auteur.
j'adore réellement votre travail même si je finis par avoir honte d'etre un homme blanc de 54 ans.... Sérieux vous donnez envie de partager mes lectures sur ma chaine TH-cam... Mais je n'ai pas votre voix et surtout je n'ai pas votre talent ni le temps de bosser autant que vous le faite. Vivement la prochaine video, car là je suis en manque.
Oh non, surtout pas de honte ! Mon exaspération avec certaines catégories de personnes vient non pas de qui ils sont mais de leur incapacité à penser et reconnaître leurs privilèges. Je n'ai aucune morale supérieure à quiconque, mais j'essaie d'être une bonne personne et je suis férocement énervée contre les inégalités.
Maintenant, sur la deuxième partie de votre message : vous avez une voix et même si vous avez moins de temps (et encore tout est relatif, mon rythme de publication est très aléatoire), si vous en avez l'envie, allez-y !
et bien justement : je trouve 1984 daté, lourdeau et sur côté, plein de théories sociales fumeuses que ma suspension d’incrédulité n’arrive plus à dépasser. alors que brave new world est juste devenu un reportage à peine exagéré 😎
Super
Stop by again..See the review, we are friends.
Reproché aux Hauts de Hurlevent d'utiliser des processus narratifs qui sont devenus des clichés, c'est complètement injuste. C'est justement parce que le bouquin a eu un succès phénoménal qui a ensuite été pillé. Si on a une impression de déjà lu, il faut savoir reconnaître le rôle de pionnière de l'autrice. Avant elle, en épopée romanesque sur des gens du peuple il y avait qui ?
Je commente au fur et à mesure de la vidéo, sur les Hauts de Hurlevent car j'ai pas lu l'autre. Je ne suis pas d'accord avec cette idée de huis clos oppressant. À côté des Hauts, en bas, il y a Thushrow Grange, le cottage bourgeois bien tenu et rassurant. Ensuite entre les deux il y a la lande et ces paysages fantomatiques, le royaume de Catherine et Heathcliff jeunes.
Dans l'intrigue des hauts de Hurlevent le détail qui tue : Le jeune Heathcliff ne disparaît pas de façon mystérieuse. Il voit Catherine au bras d'Edgar Linton (ils ne sont pas encore fiancés mais déjà bon ami). C'est parce jalousie que Heathcliff part. Il a le cœur meurtri par la trahison, à ses yeux, de Catherine. D'ailleurs à son retour les deux se reprocheront l'un l'autre de s'être abandonné réciproquement. Décidément ce roman est bien ficelé car on voit le drame se dérouler et pourtant à aucun moment on peut dire que c'est surfait ou gratuit. Tous les actes, d'amour ou de haine sont motivés
8:53 Aucun d'entre eux n'évolue ? Faux pour moi encore 😂. Catherine est folle de Heathcliff et n'aime pas les Linton au début. Isabelle méprise Heathcliff au début. Mais le twist le plus flagrant et bien sûr le dernier c'est la relation de Cathy avec Earnshaw son cousin. Du mépris réciproque à la réconciliation
L'intérêt de la narration par la servante au visiteur c'est de donner une sensation de boucle bouclé à la fin. Le récit de la servante finit au moment où il arrive et son arrivée à Hurlevent va provoquer, malgré lui, une happy end, enfin !!!! Qui m'a déchiré le cœur de plaisir. Jane Eyre avait déjà une happy end larmoyante (l'amour et la paix retrouvées après tant de souffrance) bien réussi mais moi je trouve que le dénouement permet in fine de racheter les malheurs et les méfaits de deux à trois générations.
L'entretien.
Étrangement moderne ? : l'Adolescent, de Dostoïevski.
C'est marrant moi dans ma tête je prononce Émilie Bronté mais Edgar Linnedonne.😊
Emilie Brontë n'aimait pas ses personnages ?!? Et Hélène ? Appelée affectueusement Nelly par ses maîtres aimant. Ou encore Edgar, plein de compassion pour sa femme mourante et pour sa fille amoureuse. Ou le petit Earnshaw, un vaurien rustre qui crache sur les étrangers au début mais qui révèle son bon fond avec sa soif d'éducation et son amour pour Cathy. Et Cathy elle même qui veille sur le pauvre Linton jusqu'au dernier instant. Et comment ne pas prendre en pitié ce pauvre Linton, ce sufreuteux que Heatcliff à exploiter jusqu'à son dernier souffle. Sans parler des personnages secondaires partis trop top comme la mère et la femme de Hindley. Le seul personnage vraiment détestable bien sûr c'est Heathcliff. Et encore son obsession pour Catherine est poignante.
Je suis complètement d'accord ! Et je pense (conviction personnelle) qu'il est plus important de lire et faire connaître des auteurs et autrices contemporains. Beaucoup de mes lectures contemporaines m'ont davantage aidé à avoir un esprit critique sur la société ainsi qu'à mieux comprendre mes contemporains. De plus, la majorité des œuvres considérées comme des classiques, ont été écrit par des hommes. Car les femmes avaient moins accès à l'écriture, mais aussi et surtout, car les œuvres (tout art confondu) des femmes, sont tombées dans les oubliettes, car non-étudiées. Et enfin, quand on sait la difficulté que c'est pour les auteurs et autrices d'en vivre, il me semble plus important de les soutenir maintenant et non dans un siècle !
Quand on voit ce qu’elles écrivent aujourd’hui, cette profusion de vide intersidéral et de bêtise, on se dit que c’était peut-être mieux.
Parole de femme lectrice : je n’ai jamais lue un livre écrit par une femme qui soit transcendant, ou au moins aussi intéressant, brillant, immersif que ce soit par la forme ou le fond que les meilleurs écrits par des hommes.
@@megai1068 est ce que vous avez conscience de la violence de vos propos ?!
@@madameelodie Ça m’est assez égal à vrai dire, il serait temps de savoir prendre sur soi et d’accepter de pouvoir être heurté par l’avis des autres. Puisque ces autres ne se priveront pas de le penser pour vous faire plaisir.
Je crois en votre capacité à vous en remettre 👍
Flaubert, Zola et Maupassant ça a très mal vieilli. C'est déjà cramoisi à l'époque, enfin comme la quasi totalité de la littérature réaliste, naturaliste et pessimiste de l'époque. Mais avec le temps, ça sent pire !