Depuis 1894, l’usine Altéo Gardanne, anciennement Pechiney, transforme la bauxite en alumine, d'abord à partir des gisements du Var, puis, à partir des années 1970, des mines de Boké, en Guinée. Ce processus génère des résidus appelés boues rouges et des poussières, riches en métaux lourds (arsenic, cadmium, fer, titane), qui ont des impacts environnementaux majeurs, notamment sur la Méditerranée, les Calanques et les nappes phréatiques. Ces problématiques ont donné lieu à des mobilisations des écologistes et des riverains, particulièrement autour des sites de stockage de Mange Garri. Pourtant, les conditions de travail et l’exposition des ouvriers, notamment les plus précaires, aux poussières rouges et aux substances chimiques restent largement absentes des débats publics et peu étudiées par les sciences sociales, qui se concentrent souvent sur les mobilisations environnementales et sanitaires. En mobilisant le concept de justice environnementale, cette intervention proposera d’explorer, dans un premier temps, les enjeux environnementaux et sanitaires liés à la trajectoire de la bauxite, et dans un second temps, les inégalités d’exposition aux risques pour les ouvriers, de Gardanne à Boké, en analysant les facteurs à l’origine de ces disparités.
Mody Diaw est docteur en sociologie du travail et de l’environnement. Rattaché à l’unité de recherche Environnement, Territoires en Transition, Infrastructures, Sociétés (ETTIS), sa thèse soutenue en novembre 2024 porte sur les expériences au travail des ouvriers de la bauxite au prisme de la justice environnementale, depuis les mines de Boké en Guinée jusqu’à l’usine d’alumine de Gardanne. Il est titulaire aussi de deux masters en sociologie et a étudié, dans le cadre de ses mémoires de recherche, les conflits d’usage dans le parc national de La Réunion (2017), et les mobilisations et enjeux de justice environnementale autour de l’exploitation des mines de phosphate au Sénégal (2018). De 2021 à 2024, il a assuré plusieurs enseignements à la faculté de sociologie de l’université de Bordeaux, en tant que vacataire, puis attaché temporaire d’enseignements et de recherches. Par ailleurs, il co-coordonne, depuis 2020, le réseau de justice environnemental francophone (EJJE) - justiceenvironnementale.inrae.fr/.