+Nicolae Ghita C'est un grand plaisir ! J'espérais bien que Laure Adler irait rendre une visite à George Steiner cette année : il y avait matière à dialogue et urgence à solliciter ce penseur brillant. Merci pour votre chaleureux commentaire !
*À force de détruire toute espérance en un monde et des hommes meilleurs, notre société a perdu son âme : elle est devenue recroquevillée, étriquée, veule et sans gloire. Steiner souligne avec justesse l'importance qu'il y a de pouvoir se tromper : certes, les différentes idéologies du XXème siècle ont fait beaucoup de torts à l'humanité, mais faut-il pour autant sombrer dans la désillusion la plus totale et le cynisme glacé de notre époque ? Je ne crois pas. Plus que jamais il convient de rallumer les grands alambics de la beauté, en faisant de l'art un socle pour permettre de s'élever et de ne plus patauger dans la fange du nihilisme. C'est notre regard vide et froid d'individus blasés, résignés qui attise les forces de mort à l'œuvre dans le terrorisme, d'où qu'il provienne. C'est notre absence d'élévation spirituelle (à comprendre ici dans un sens large de culture de l'esprit) qui nous conduit droit aux différents attentats qui éclatent un peu partout sur notre globe. Steiner n'est pas devenu gâteux, loin s'en faut. C'est nous qui sommes devenus des vieillards avant l'heure, à force de tout railler par d'insipides moqueries. Notre sourire mesquin a l'apparence d'un rictus de mort. En sapant petit à petit les élans de notre âme, nous nous sommes retrouvés coincés sous les gravats de nos temples de la consommation outrancière et racoleuse. La parole du poète Ossip Mandelstam devrait avoir aujourd'hui pour nous valeur d'exemple : « En me privant des mers, de l'élan, de l'envol, / Pour donner à mon pied l'appui forcé du sol, / Quel brillant résultat avez-vous obtenu : / Vous ne m'avez pas pris ces lèvres qui remuent ! » Tant que des lèvres remueront dans le temps de la nuit, rien ne sera tout à fait perdu.* *Thibault Marconnet* *le 8 janvier 2017*
Laure Adler, avec tout le sérieux du monde, parle d'une interprétation des textes coraniques. Ne sait-il pas encore que le texte en question est la parole de Dieu et que cette parole n'est pas sujette à interprétation? Quand donc cette dame prendra-t-elle le temps de lire le Coran et de se renseigner sur l'islam, au lieu d'ânonner la sempiternelle litanie du Pasdamalgame? Pense-t-elle vraiment que répéter les mêmes choses les rend plus vraies et que toujours poser les mêmes questions les rend plus pertinentes?
*Laure Adler s'entretient avec l'essayiste et philosophe du langage George Steiner. Diffusion de l'émission “Hors-champs” sur France Culture le 14 décembre 2015.* *Photographie : George Steiner, le 6 mai 2015, dans sa maison à Cambridge, au Royaume-Uni. © GREG FUNNELL POUR “LE MONDE”. Son site web : **www.gregfunnell.com/#!/index**. Intellectuel européen, spécialiste de littérature comparée et de traduction, critique littéraire, passionné de lettres et de langues, il est l'auteur de “Après Babel. Une poétique du dire et de la traduction” (1978), “Les Antigones” (1986), ou encore “Poésie de la pensée” (2011). George Steiner est né à Paris en 1929. Ses parents, d’origine autrichienne, ont fui leur pays face à la montée du nazisme. Les Steiner sont cultivés, font partie de l’élite. Le jeune George est donc initié très tôt aux lettres et langues : il parle l’anglais, le français, l’allemand et le grec ancien.*
*Cette enfance est bercée de musique, elle fait partie de sa vie. « Il paraît que certains chefs d’orchestre arrivent à lire une partition et l’entendent dans leur tête. C’est très rare. Moi je suis incapable de lire une partition. » Très jeune, ses parents l’emmènent au concert. « La musique peut m’apporter un grand bonheur. Elle peut accompagner. La musique est au-delà du bien et du mal. »*
*Au début de la Seconde Guerre mondiale, la famille fuit à nouveau, quitte la France quelques mois avant l’invasion de Paris par les Allemands, et part pour New York où George Steiner poursuit ses études et obtient la nationalité américaine.* *Suivent de brillantes études qui le conduisent à enseigner dans les institutions universitaires les plus prestigieuses.*
*Dans son métier d’enseignant, il est confronté à des jeunes dont il déplore le manque de volonté de s’engager en politique : « Les jeunes ont un dégoût devant le processus politique lui-même, et ça c’est très grave. Aristote a dit que si on ne vient pas sur l’agora pour exercer la politique, il ne faut pas se plaindre que des bandits s’emparent du pouvoir. » Il raconte que quand il est venu travailler à Cambridge, la plupart de ses étudiants avaient l’ambition de faire de la politique à haut niveau, d’entrer au Parlement britannique, tandis qu’aujourd’hui, peu d'entre eux sont tentés par une carrière politique.*
*L’avenir devient de plus en plus complexe, estime George Steiner, et le cerveau humain ne serait pas assez grand pour répondre à tous les problèmes. « Nous sommes débordés de questions auxquelles nous ne sommes pas capables d’apporter des réponses. Le flot immense d’informations dépasse notre capacité limitée… »*
*Extrait musical :*
*Erik Satie, “Le Poisson rêveur - Esquisse”, interprété par Bojan Gorišek*
*Invité :*
*George Steiner*
*Thèmes : Essai| Poésie| Culture| Philosophie| Politique| Art| Musique| George Steiner*
*Source : France Culture*
#GeorgeSteiner #Culture #Politique #Poésie #Essai #Philosophie #Art #Musique #Paris #Mozart #ErikSatie #Islamisme #LaureAdler #Entretien #HorsChamps #FranceCulture
Merci beaucoup Thibault!
:) Quelle joie mystique c'est d'écouter Georges!
Nicolae Ghita
Laure Adler s'entretient avec l'essayiste et philosophe du langage George Steiner. Diffusion de l'émission “Hors-champs” sur France Culture le 14 décembre 2015. Photographie : George Steiner, le 6 mai 2015, dans sa maison à Cambridge, au Royaume-Uni. © GREG FUNNELL POUR “LE MONDE”. Son site web : www.gregfunnell.com/#!/index. Intellectuel européen, spécialiste de littérature comparée et de traduction, critique littéraire, passionné de lettres et de langues, il est l'auteur de “Après Babel. Une poétique du dire et de la traduction” (1978), “Les Antigones” (1986), ou encore “Poésie de la pensée” (2011). George Steiner est né à Paris en 1929. Ses parents, d’origine autrichienne, ont fui leur pays face à la montée du nazisme. Les Steiner sont cultivés, font partie de l’élite. Le jeune George est donc initié très tôt aux lettres et langues : il parle l’anglais, le français, l’allemand et le grec ancien.
Cette enfance est bercée de musique, elle fait partie de sa vie. « Il paraît que certains chefs d’orchestre arrivent à lire une partition et l’entendent dans leur tête. C’est très rare. Moi je suis incapable de lire une partition. » Très jeune, ses parents l’emmènent au concert. « La musique peut m’apporter un grand bonheur. Elle peut accompagner. La musique est au-delà du bien et du mal. »
Au début de la Seconde Guerre mondiale, la famille fuit à nouveau, quitte la France quelques mois avant l’invasion de Paris par les Allemands, et part pour New York où George Steiner poursuit ses études et obtient la nationalité américaine. Suivent de brillantes études qui le conduisent à enseigner dans les institutions universitaires les plus prestigieuses.
Dans son métier d’enseignant, il est confronté à des jeunes dont il déplore le manque de volonté de s’engager en politique : « Les jeunes ont un dégoût devant le processus politique lui-même, et ça c’est très grave. Aristote a dit que si on ne vient pas sur l’agora pour exercer la politique, il ne faut pas se plaindre que des bandits s’emparent du pouvoir. » Il raconte que quand il est venu travailler à Cambridge, la plupart de ses étudiants avaient l’ambition de faire de la politique à haut niveau, d’entrer au Parlement britannique, tandis qu’aujourd’hui, peu d'entre eux sont tentés par une carrière politique.
L’avenir devient de plus en plus complexe, estime George Steiner, et le cerveau humain ne serait pas assez grand pour répondre à tous les problèmes. « Nous sommes débordés de questions auxquelles nous ne sommes pas capables d’apporter des réponses. Le flot immense d’informations dépasse notre capacité limitée… »
Extrait musical :
Erik Satie, “Le Poisson rêveur - Esquisse”, interprété par Bojan Gorišek
Invité :
George Steiner
Thèmes : Essai| Poésie| Culture| Philosophie| Politique| Art| Musique| George Steiner
Source : France Culture
#GeorgeSteiner #Culture #Politique #Poésie #Essai #Philosophie #Art #Musique #Paris #Mozart #ErikSatie #Islamisme #LaureAdler #Entretien #HorsChamps #FranceCulture
+Thibault Marconnet Merci!
+Nicolae Ghita
C'est un grand plaisir ! J'espérais bien que Laure Adler irait rendre une visite à George Steiner cette année : il y avait matière à dialogue et urgence à solliciter ce penseur brillant. Merci pour votre chaleureux commentaire !
*À force de détruire toute espérance en un monde et des hommes meilleurs, notre société a perdu son âme : elle est devenue recroquevillée, étriquée, veule et sans gloire. Steiner souligne avec justesse l'importance qu'il y a de pouvoir se tromper : certes, les différentes idéologies du XXème siècle ont fait beaucoup de torts à l'humanité, mais faut-il pour autant sombrer dans la désillusion la plus totale et le cynisme glacé de notre époque ? Je ne crois pas. Plus que jamais il convient de rallumer les grands alambics de la beauté, en faisant de l'art un socle pour permettre de s'élever et de ne plus patauger dans la fange du nihilisme. C'est notre regard vide et froid d'individus blasés, résignés qui attise les forces de mort à l'œuvre dans le terrorisme, d'où qu'il provienne. C'est notre absence d'élévation spirituelle (à comprendre ici dans un sens large de culture de l'esprit) qui nous conduit droit aux différents attentats qui éclatent un peu partout sur notre globe. Steiner n'est pas devenu gâteux, loin s'en faut. C'est nous qui sommes devenus des vieillards avant l'heure, à force de tout railler par d'insipides moqueries. Notre sourire mesquin a l'apparence d'un rictus de mort. En sapant petit à petit les élans de notre âme, nous nous sommes retrouvés coincés sous les gravats de nos temples de la consommation outrancière et racoleuse. La parole du poète Ossip Mandelstam devrait avoir aujourd'hui pour nous valeur d'exemple : « En me privant des mers, de l'élan, de l'envol, / Pour donner à mon pied l'appui forcé du sol, / Quel brillant résultat avez-vous obtenu : / Vous ne m'avez pas pris ces lèvres qui remuent ! » Tant que des lèvres remueront dans le temps de la nuit, rien ne sera tout à fait perdu.*
*Thibault Marconnet*
*le 8 janvier 2017*
Thibault Marconnet... merci infiniment.
Je vous en prie. Merci pour ce commentaire qui fait chaud au coeur.
Très beau texte, plein d'espoir. Merci.
Merci à vous, Amine, pour ce sympathique message.
Laure Adler, avec tout le sérieux du monde, parle d'une interprétation des textes coraniques.
Ne sait-il pas encore que le texte en question est la parole de Dieu et que cette parole n'est pas sujette à interprétation?
Quand donc cette dame prendra-t-elle le temps de lire le Coran et de se renseigner sur l'islam, au lieu d'ânonner la sempiternelle litanie du Pasdamalgame? Pense-t-elle vraiment que répéter les mêmes choses les rend plus vraies et que toujours poser les mêmes questions les rend plus pertinentes?