Auto-critique du médiateur sur la bonne mise en oeuvre du modèle ---> A - Orientation des participants vers une conversation constructive 1. Le médiateur définit la médiation comme une “conversation” dès le début, puis régulièrement pendant la séance. 2. Il soutient cette idée de conversation par son comportement non verbal pendant l’introduction, en particulier par ses va-et-vient du regard entre les 2 parties quand il s’adresse aux deux en même temps.. 3. Il mentionne diverses issues constructives possibles, notamment le fait que les participants pourraient gagner en clarté, mieux comprendre la perspective l’un de l’autre, identifier leurs propres objectifs et ceux de l’autre Axes d’amélioration : 1. Renforcer la métaphore de la conversation en l’utilisant davantage pendant la séance, par exemple au début d’un résumé, en disant “A ce stade de votre conversation, vous avez parlé de…. » B - Orientation des participants vers leur propre pouvoir d’agir 1. Le médiateur mentionne dès l’ouverture diverses opportunités pour les participants de prendre des décisions, notamment : les sujets abordés, l’ordre dans lequel les aborder, la façon de le faire, le temps consacré à chaque sujet, l’option de parler en aparté avec le médiateur s’ils le souhaitent. 2. Il minimise son rôle, en précisant qu’il est là pour écouter, accompagner, soutenir les participants dans leur conversation 3. Il s’adresse constamment aux participants par leurs noms lors de ses reflets et résumés 4. Il utilise un ton et des tournures hésitantes ou hypothétiques pour minimiser son propre pouvoir sur les choses, au bénéfice de celui des parties 5. Il reflète souvent le contenu et l’état émotionnel de celui qui parle et utilise les mots clés et métaphores des participants, de sorte qu’ils se sentent pleinement entendus. Axes d’amélioration : 1. Attention à bien garder les yeux sur le participant qui parle car le fait de regarder celui qui écoute peut être non intentionnellement directif car perçu comme une invitation à réagir/ répondre (4:48, 5:37, 6:06, 10:49, 12:14, 13:59, 20:17, 21:45, 24:30, 24:41, 26:10) 2. Attention à ne pas utiliser de pronoms qui incluent le médiateur (« nous », « on »). Cela a tendance à inclure le médiateur dans la conduite de la conversation (vers 0:44, 2:50, 3:10). C - Orientation des participants l’un vers l’autre 1. Le médiateur offre un résumé simple (un seul theme - 6:50) avec une identification claire du sujet et l’énoncé du point de vue de chaque partie. 2. Il choisit parfois de rester silencieux. 3. Il s’adresse aux participants par leurs noms lors de ses reflets et résumés Axes d’amélioration : 1. Utiliser davantage d’expressions du type “l’un …l’autre,” “tous les 2,” “ensemble”. Par exemple au moment de faire un résumé, avec quelque chose comme “Pendant cette dernière partie de conversation que vous avez eue l’un avec l’autre, vous avez discuté de…” 2. Attention à ne pas utiliser de pronoms qui incluent le médiateur (« nous », « on »). Cela a tendance à orienter les participants vers le médiateur et moins l’un vers l’autre (vers 0:44, 2:50, 3:10). 3. Toujours s’assurer que le sujet d’un résumé est bien identifié avant d’énoncer en quoi les participants diffèrent. A 9:35 le médiateur énonce les 2 points de vue sans préciser le sujet ; cela produit un “reflet en cascade », qui a tendance à éloigner les participants l’un de l’autre et à ne rien clarifie, voire introduire de la confusion. 4. Conclure les résumés par une vérification (si les participants en laissent la possibilité), pour « rendre » clairement la conversation aux parties, en disant par exemple “A partir de là, où souhaitez-vous aller ?” ou “Que souhaitez vous discuter maintenant ?” D - Soutien à la confrontation des participants 1. Le médiateur est intentionnellement silencieux (20:07, 25:45) 2. Il s’abstient de stopper l’échange même quand il devient plus émotionnel. 3. Ses reflets sont fidèles au contenu et aux émotions des participants 4. Il utilise le résumé pour souligner les différences (6:50, 9:35).
Axes d’amélioration : 1. Permettre parfois davantage à la confrontation de se poursuivre sans interruption. Refléter moins souvent laisse plus de place aux participants pour se parler l’un à l’autre. Cela leur permet de s’engager davantage dans leur confrontation et de développer davantage de themes. Ces themes peuvent ensuite être présentés dans un résumé plus complet, multi-thèmes. Cela aurait été particulièrement efficace à la fin de la séance (vers 20:47), quand les participants ont commencé à évoquer un certain nombre de points d’accord ; il aurait été puissant de conclure la médiation en les soulignant par un résumé : 1) sentiment partagé de se redécouvrir l’un l’autre 2) chacun éprouvant des regret sur la façon dont il/elle s’était comporté.e et présentant ses excuses à l’autre 3) sentiment partagé de ne pas vouloir renouveler une telle expérience 4) leurs solutions co-construites pour maintenir une relation de travail positive comme par exemple a) avoir des contacts plus fréquents à travers de courtes visios b) l’engagement de Stéphanette de parler à Georges pour rétablir une bonne image de John Peter. E - Soutien à la prise de décision des participants 1. Le médiateur est très clair dans ses remarques d’ouverture sur le fait que la conversation appartient aux participants et qu’il leur appartient de décider à la fois quoi discuter et comment le faire. 2. Il fait une vérification vers 2:50 et 29:00, donnant aux participant l’opportunité de décider respectivement de règles de fonctionnement, et de comment utiliser le temps qui reste. Axes d’amélioration : 1. Pendant l’introduction, Stéphanette dit faire confiance au médiateur s’agissant des règles de fonctionnement. En reflétant cela, le médiateur souligne son propre pouvoir plutôt que celui de Stéphanette. Cela aurait pu être plutôt pour le médiateur une opportunité de minimiser son rôle par une vérification qui lui offre plusieurs options et la laisser décider. Il aurait aussi pu dire quelque chose comme “Vous n’avez pas de règles à l’esprit pour le moment, mais si vous réaliser plus tard qu’une règle serait importante pour vous, n’hésitez pas à le faire savoir. Il n’est jamais trop tard pour ajouter une règle.” 2. Poser des questions de vérification à la fin des résumés, du type ““A partir de là, où souhaitez-vous aller ?”
Bonjour Jean-Pierre, Je vous prie d'excuser ma réponse un peu tardive. Cette "lourdeur" de ce que nous appelons des reflets est souvent ressentie par les observateurs, rarement par les participants à la médiation, qui apprécient généralement de se sentir ainsi entendus. Ce reflet est une technique centrale en médiation transformative; il permet à la personne reflétée de préciser/ compléter/ nuancer son propos si elle le souhaite ; il permet dans le même temps à l'autre personne d'entendre une seconde fois une chose qui est importante pour l'autre, et de décider comment elle veut répondre (ou non !). C'est un outil très puissant qui permet à chacun(e) de clarifier/ affirmer ses propos et potentiellement de s'ouvrir davantage à ceux de l'autre, ce qui favorise une conversation constructive. Il y aurait beaucoup d'autres choses à dire sur cette intervention... si vous voulez en savoir plus, je crois bien que j'en parle dans ce podcast ( smartlink.ausha.co/antidot/3-la-mediation-transformative-une-approche-non-directive-du-conflit-avec-olivier-chambert-loir-mediateur) ainsi que dans cette interview vidéo ( th-cam.com/video/dqyQWmSXlY8/w-d-xo.htmlsi=XKxj0nyYTSPKFsWd). A votre disposition pour plus de précisions, Olivier
J'ai vraiment aimé cette médiation en mode simulation. Stevie et Peta sont de nouveau sur une même longueur d'onde. WOW!
Merci très illustratif !
Auto-critique du médiateur sur la bonne mise en oeuvre du modèle --->
A - Orientation des participants vers une conversation constructive
1. Le médiateur définit la médiation comme une “conversation” dès le début, puis régulièrement pendant la séance.
2. Il soutient cette idée de conversation par son comportement non verbal pendant l’introduction, en particulier par ses va-et-vient du regard entre les 2 parties quand il s’adresse aux deux en même temps..
3. Il mentionne diverses issues constructives possibles, notamment le fait que les participants pourraient gagner en clarté, mieux comprendre la perspective l’un de l’autre, identifier leurs propres objectifs et ceux de l’autre
Axes d’amélioration :
1. Renforcer la métaphore de la conversation en l’utilisant davantage pendant la séance, par exemple au début d’un résumé, en disant “A ce stade de votre conversation, vous avez parlé de…. »
B - Orientation des participants vers leur propre pouvoir d’agir
1. Le médiateur mentionne dès l’ouverture diverses opportunités pour les participants de prendre des décisions, notamment : les sujets abordés, l’ordre dans lequel les aborder, la façon de le faire, le temps consacré à chaque sujet, l’option de parler en aparté avec le médiateur s’ils le souhaitent.
2. Il minimise son rôle, en précisant qu’il est là pour écouter, accompagner, soutenir les participants dans leur conversation
3. Il s’adresse constamment aux participants par leurs noms lors de ses reflets et résumés
4. Il utilise un ton et des tournures hésitantes ou hypothétiques pour minimiser son propre pouvoir sur les choses, au bénéfice de celui des parties
5. Il reflète souvent le contenu et l’état émotionnel de celui qui parle et utilise les mots clés et métaphores des participants, de sorte qu’ils se sentent pleinement entendus.
Axes d’amélioration :
1. Attention à bien garder les yeux sur le participant qui parle car le fait de regarder celui qui écoute peut être non intentionnellement directif car perçu comme une invitation à réagir/ répondre (4:48, 5:37, 6:06, 10:49, 12:14, 13:59, 20:17, 21:45, 24:30, 24:41, 26:10)
2. Attention à ne pas utiliser de pronoms qui incluent le médiateur (« nous », « on »). Cela a tendance à inclure le médiateur dans la conduite de la conversation (vers 0:44, 2:50, 3:10).
C - Orientation des participants l’un vers l’autre
1. Le médiateur offre un résumé simple (un seul theme - 6:50) avec une identification claire du sujet et l’énoncé du point de vue de chaque partie.
2. Il choisit parfois de rester silencieux.
3. Il s’adresse aux participants par leurs noms lors de ses reflets et résumés
Axes d’amélioration :
1. Utiliser davantage d’expressions du type “l’un …l’autre,” “tous les 2,” “ensemble”. Par exemple au moment de faire un résumé, avec quelque chose comme “Pendant cette dernière partie de conversation que vous avez eue l’un avec l’autre, vous avez discuté de…”
2. Attention à ne pas utiliser de pronoms qui incluent le médiateur (« nous », « on »). Cela a tendance à orienter les participants vers le médiateur et moins l’un vers l’autre (vers 0:44, 2:50, 3:10).
3. Toujours s’assurer que le sujet d’un résumé est bien identifié avant d’énoncer en quoi les participants diffèrent. A 9:35 le médiateur énonce les 2 points de vue sans préciser le sujet ; cela produit un “reflet en cascade », qui a tendance à éloigner les participants l’un de l’autre et à ne rien clarifie, voire introduire de la confusion.
4. Conclure les résumés par une vérification (si les participants en laissent la possibilité), pour « rendre » clairement la conversation aux parties, en disant par exemple “A partir de là, où souhaitez-vous aller ?” ou “Que souhaitez vous discuter maintenant ?”
D - Soutien à la confrontation des participants
1. Le médiateur est intentionnellement silencieux (20:07, 25:45)
2. Il s’abstient de stopper l’échange même quand il devient plus émotionnel.
3. Ses reflets sont fidèles au contenu et aux émotions des participants
4. Il utilise le résumé pour souligner les différences (6:50, 9:35).
Axes d’amélioration :
1. Permettre parfois davantage à la confrontation de se poursuivre sans interruption. Refléter moins souvent laisse plus de place aux participants pour se parler l’un à l’autre. Cela leur permet de s’engager davantage dans leur confrontation et de développer davantage de themes. Ces themes peuvent ensuite être présentés dans un résumé plus complet, multi-thèmes.
Cela aurait été particulièrement efficace à la fin de la séance (vers 20:47), quand les participants ont commencé à évoquer un certain nombre de points d’accord ; il aurait été puissant de conclure la médiation en les soulignant par un résumé :
1) sentiment partagé de se redécouvrir l’un l’autre
2) chacun éprouvant des regret sur la façon dont il/elle s’était comporté.e et présentant ses excuses à l’autre
3) sentiment partagé de ne pas vouloir renouveler une telle expérience
4) leurs solutions co-construites pour maintenir une relation de travail positive comme par exemple a) avoir des contacts plus fréquents à travers de courtes visios b) l’engagement de Stéphanette de parler à Georges pour rétablir une bonne image de John Peter.
E - Soutien à la prise de décision des participants
1. Le médiateur est très clair dans ses remarques d’ouverture sur le fait que la conversation appartient aux participants et qu’il leur appartient de décider à la fois quoi discuter et comment le faire.
2. Il fait une vérification vers 2:50 et 29:00, donnant aux participant l’opportunité de décider respectivement de règles de fonctionnement, et de comment utiliser le temps qui reste.
Axes d’amélioration :
1. Pendant l’introduction, Stéphanette dit faire confiance au médiateur s’agissant des règles de fonctionnement. En reflétant cela, le médiateur souligne son propre pouvoir plutôt que celui de Stéphanette. Cela aurait pu être plutôt pour le médiateur une opportunité de minimiser son rôle par une vérification qui lui offre plusieurs options et la laisser décider. Il aurait aussi pu dire quelque chose comme “Vous n’avez pas de règles à l’esprit pour le moment, mais si vous réaliser plus tard qu’une règle serait importante pour vous, n’hésitez pas à le faire savoir. Il n’est jamais trop tard pour ajouter une règle.”
2. Poser des questions de vérification à la fin des résumés, du type ““A partir de là, où souhaitez-vous aller ?”
Je trouve un peu "lourd" de répéter systématiquement ce que dit chaque protagoniste. Est-ce vraiment nécessaire ? Cela apporte-t-il vraiment un plus ?
Bonjour Jean-Pierre,
Je vous prie d'excuser ma réponse un peu tardive.
Cette "lourdeur" de ce que nous appelons des reflets est souvent ressentie par les observateurs, rarement par les participants à la médiation, qui apprécient généralement de se sentir ainsi entendus. Ce reflet est une technique centrale en médiation transformative; il permet à la personne reflétée de préciser/ compléter/ nuancer son propos si elle le souhaite ; il permet dans le même temps à l'autre personne d'entendre une seconde fois une chose qui est importante pour l'autre, et de décider comment elle veut répondre (ou non !).
C'est un outil très puissant qui permet à chacun(e) de clarifier/ affirmer ses propos et potentiellement de s'ouvrir davantage à ceux de l'autre, ce qui favorise une conversation constructive.
Il y aurait beaucoup d'autres choses à dire sur cette intervention... si vous voulez en savoir plus, je crois bien que j'en parle dans ce podcast ( smartlink.ausha.co/antidot/3-la-mediation-transformative-une-approche-non-directive-du-conflit-avec-olivier-chambert-loir-mediateur) ainsi que dans cette interview vidéo ( th-cam.com/video/dqyQWmSXlY8/w-d-xo.htmlsi=XKxj0nyYTSPKFsWd).
A votre disposition pour plus de précisions,
Olivier