16:53 " L'Amour créaturel est un feu qui consume les entrailles et le foie, égare l'intelligence, aveugle le regard, fait perdre l'oreille, fait prendre des risques à la légère, serre la gorge au point que ne passe plus le souffle, rassemble la concentration visionnaire sur l'objet de cet amour, fait penser en mal au bien-aimé par jalousie et va en augmentant; il chasse la mesure, fait durer la démesure, fait paraître la mort douce et entraîne l'oubli; l'union l'éteint, les reproches, les injures et les coups l'affaiblissent; l'amoureux préfère même que son bien-aimé ne soit pas afin que nul autre ne se joigne à lui; il atteint une telle extrémité dans la créature que celle-ci en vient à dire: " tu es mon seigneur, je n'ai pas d'autre seigneur que toi." Ces mots sont de l'impiété mais ils sont le produit de l'état et de la contrainte et non de l'estimation et du libre vouloir. Ces mots, ce n'est pas l'amant qui les prononce, mais seulement le feu de l'amour fervent car l'éducation du feu de l'amour vient du bien-aimé et ce n'est guère que par la langue de l'état spirituel que l'amant dit: " tu es ma perdition dans la religion et le bas-monde qui sont miens, tu es mon impiété et ma foi, mon voeu et le but de mon désir; toi c'est moi." 18:16
16:53 " L'Amour créaturel est un feu qui consume les entrailles et le foie, égare l'intelligence, aveugle le regard, fait perdre l'oreille, fait prendre des risques à la légère, serre la gorge au point que ne passe plus le souffle, rassemble la concentration visionnaire sur l'objet de cet amour, fait penser en mal au bien-aimé par jalousie et va en augmentant; il chasse la mesure, fait durer la démesure, fait paraître la mort douce et entraîne l'oubli; l'union l'éteint, les reproches, les injures et les coups l'affaiblissent; l'amoureux préfère même que son bien-aimé ne soit pas afin que nul autre ne se joigne à lui; il atteint une telle extrémité dans la créature que celle-ci en vient à dire: " tu es mon seigneur, je n'ai pas d'autre seigneur que toi." Ces mots sont de l'impiété mais ils sont le produit de l'état et de la contrainte et non de l'estimation et du libre vouloir. Ces mots, ce n'est pas l'amant qui les prononce, mais seulement le feu de l'amour fervent car l'éducation du feu de l'amour vient du bien-aimé et ce n'est guère que par la langue de l'état spirituel que l'amant dit: " tu es ma perdition dans la religion et le bas-monde qui sont miens, tu es mon impiété et ma foi, mon voeu et le but de mon désir; toi c'est moi." 18:16