Je parlerais plutôt de complémentarité entre Brel et Brassens (Brel n'est pas l'anti-Brassens !) qui d'ailleurs étaient amis et s'admiraient mutuellement. Brel n'a jamais dit qu'il chantait "pour les belges" mais que toutes ses chansons étaient belges, ce qui n'est pas pareil. Il aimait son pays sans être nationaliste. D'ailleurs, il a chanté davantage à l'étranger qu'en Belgique, a vécu majoritairement sa vie d'adulte en France et a choisi d'être enterré loin de son plat pays, aux Marquises, sans jamais pour autant renoncer à sa "belgitude". Brel et Brassens ont tous deux un style très différent parce que ces deux artistes, aussi talentueux l'un que l'autre, n'avaient pas le même point de vu sur la chanson ni les mêmes objectifs. Brassens a clairement un style plus littéraire que Brel ; mais chez Brel, le langage plus direct, simple, populaire (dans le bon sens du terme) et parfois proche d'un tribun, n'exclut pas des fulgurances poétiques étonnantes ou bouleversantes et une richesse dans les textes et les mots choisis. Et puis, même s'il mettait longtemps à écrire, il y a sans doute aussi plus de spontanéité chez Brel (plus sanguin et instinctif) que chez Brassens (plus cérébrale), car ils avaient une façon totalement opposée d'embrasser leur carrière. Brel portait beaucoup d'importance à ses textes (beaucoup plus structurés que ce que vous en dites !), mais aussi à la musique et à l'interprétation. La scène compte énormément chez lui : il a fait une tournée de 11 ans à travers la France, l'Europe puis le monde avec seulement un mois et demi de pause par an, enchainant les concerts à un rythme infernal, parfois jusqu'à trois par jour et plus de 365 par an, jusqu’à arrêter d'un coup et définitivement ses tours de chant (mais pas l'écriture) en 1966 à 37 ans. Il allait chanter vraiment partout, même dans de touts petits villages paumés où aucun autre artiste n'allait, ce qui a sans doute aidé à sa popularisation. Il écrivait ses textes en étant en mouvement, n’importe où, n'importe quand, lors de ses tournées, et présentait ses œuvres directement sur scène au fur et à mesure de ses créations, où il les rôdait, les perfectionnait ainsi de représentation en représentation avant de les enregistrer en studio. Par ailleurs, rappelons que Brel est un belge flamand francophone ; cela se ressent souvent dans son œuvre. Il disait qu'il peignait ses chansons avec des mots plutôt que de les écrire. Du reste, on sait qu'il a dessiné certaines chansons avant de les mettre en mots. Ainsi, beaucoup de ses chansons sont comme des tableaux ou de mini-scénarios qui nous plongent dans des ambiances particulières. D'autre part, contrairement à ce que l'on croit, Brel a lui-même composé 80% de son œuvre. Jouannest a participé à 36 chansons, pas plus ; c'est lui-même qui l'a dit. François Rauber, l’orchestrateur de Brel, disait que Brel était un très grand mélodiste qui composait effectivement (au piano ou à la guitare) tout d'instinct et avec beaucoup de facilité, alors qu'il se donnait bien plus de mal pour écrire ses textes. Brassens lui, portait beaucoup plus d'importance au texte car, selon lui, c'est ce qui reste le plus dans le temps. Très sédentaire, il a fait beaucoup moins de tournées que Brel (très peu à l'étranger car il n'aimait pas voyager) et entre chaque tournée, il faisait une pose de trois ans durant lesquelles il se consacrait à l'écriture, chez lui à son bureau, et ne présentait ses chansons qu'une fois vraiment terminées. Certains reprochent à Brassens que sa musique est un peut trop ronronnante, ennuyeuse et simpliste, mais c'est voulu de la part de l'artiste : chez lui, la musique doit presque être oubliée, comme en sourdine, puisqu'elle sert avant tout à souligner le texte pour le mettre en valeur. D'ailleurs, on peut lire ses textes sens musique : ils ne perdront rien en force ni en esthétisme, ce qui n'est pas toujours le cas chez Brel. Mais cela ne veut pas dire que Brassens ne portait pas d'importance à la musique : ses compositions sont très subtiles, réfléchies et bien plus complexes qu'elles en ont l'air. C'est comme si chacune des compositions était un habillage sur-mesure pour mettre chaque mot en valeur. Chez Brassens, c'est toujours la musique qui est au service du texte, et jamais l'inverse. Bien que j'aime beaucoup les deux, Brel me touche plus car il excelle pour trouver des mots, des images, des expressions fortes qui nous frappent : il ne passe pas par des détours et va droit au cœur. Plus que Brassens, je trouve qu'il arrive à dire beaucoup avec très peu de mots et de manière simple de sorte que tout le monde comprenne, et ce n'est pas si facile d'être simple et créatif à la fois. Sa musique aussi, souvent indissociable de ses textes, m'emporte plus que celle de Brassens, bien que la richesse musicale de Brassens soit indiscutable ! En plus, Brel sera toujours pour moi un artiste plus complet que Brassens, à cause de cet aspect scénique : il est considéré par beaucoup comme une bête de scène. Il faisait plus que chanter ses chansons : il les vivait de tout son cœur et corps à s'en épuiser. Ses musiciens parlent même de transe et qu'elle était due notamment à la peur (il vomissait de trac avant chaque concert). Ses gestuels, ses mimiques, ses grands bras, ses mains et ses grimaces sont presque aussi célèbres que ses chansons. Un journaliste du New York Times a déclaré que Brel avait hissé l’interprétation au rang d'art, qu'on allait "voir Brel" autant qu'on allait l'écouter, et qu'il était un "spectacle hypnotique" à lui tout seul qui faisait osciller sans cesse le public du rire aux larmes. Qu'on aime ou pas, Brel est un grand interprète qui a inspiré de nombreux artistes, y compris outre Atlantique. Brassens, c'est plus intello et introverti. Il était quasi immobile sur scène. OK, il était sûrement pudique, mais je pense qu'un artiste sur scène doit dépasser ça pour faire preuve de générosité et pour donner plus que sur un disque ou, du moins, quelque chose d'un peu différent, sinon je ne vois pas trop l’intérêt. Ce n'est que mon humble avis. Mais l'œuvre toute entière de Brassens peut être abordée comme des poèmes. Il faut avouer que tout est bon chez lui, dès ses premières chansons ; il n'y a rien à jeter, ce qui est rare chez un auteur-compositeur ! Enfin, d'après Pierre Nicolas, le contrebassiste de Brassens, Brel était le seul auteur-compositeur de sa génération que Brassens considérait comme son égale et le seul qu'il ne critiquait jamais, car Brassens, en privé, avait la dent très dure avec ses confrères. Brel, de son côté, disait combien il admirait l'écriture de Brassens dont, parait-il, il connaissait toutes les chansons par cœur ;-)
@@Cemballo De toute façon, en musique, et encore plus en chanson, les ressentis et avis sont subjectifs. La perfection de Brassens me touche moins que les imperfections, les mots, l'interprétation et la voix de Brel ;-)
Commentaire très riche et intéressant ! Leur respect réciproque ne m’étonne pas tant leur œuvre est monumentale. Je ne me risquerais de mon côté pas à préférer l’un à l’autre 😃
@@piouchanson Ne vous y méprenez pas ; j'adore les deux. Mais l'un me touche plus et l'autre j’admire son génie d'auteur-compositeur. C'est vraiment de l'ordre du ressenti ; ce n'est pas forcément le meilleur qui me fait frissonner, voire verser une larme ;-)
👍Bravo ! Je suis absolument d'accord avec vous. Brel prend aux tripes, touche au cœur, écrit bien, musique bien, chante bien, bête de scène aussi. Autant j'avais de la sympathie pour le grand Jacques, autant Brassens m'agaçait et ne parvenait pas à parler à mon cœur, malgré son talent. Pierre Perret qui aussi, est un poète, avait beaucoup de sympathie pour Brassens. Ils firent connaissance. Mais il arriva que Pierre Perret eût plus de succès que Brassens. Ce dernier, par jalousie, rompit amitié, dixit Pierre Perret dans une interview. Le grand Jacques était très au dessus de ce genre de mesquinerie. ÉNORME différence et tellement PLUS de générosité ! Par rapport à la vidéo, vos propos remettent l'église au milieu du village. Merci !
Merci de tout ! Vos analyses et votre très belle version de Ne me quitte pas. C'est un plaisir intellectuel intense que d'écouter quelqu'un qui sait ce dont il parle !
Bravo Pierre ! j'ai beaucoup aimé l'analyse que tu as faite de ces deux géants, pères modernes de ce 4e art qu'est la musique, ici plus spécifiquement la chanson. Les caractéristiques qui les distinguent et que tu as su brillamment analyser vont vraiment dans le sens pour sublimer la réalité de leur génie. Je voulais te féliciter pour la maîtrise, la sensibilité et l'art que tu as mis en oeuvre dans ton morceau de guitare que tu nous offres... Belle réinterprétation de "Ne me quitte pas", sur un mode différent, si je ne m'abuse, je ne prends pas le temps de savoir lequel c'est, je n'ai pas encore l'expertise suffisante pour le deviner instantanément. Ta prestation est tout simplement magnifique... merci pour ce superbe morceau......
Merci pour ce partage de savoir. Une idée de vidéo ? l'utilisation des changements de tonalité chez Brassens et Brel, trop fréquentes pour être dues au hasard et qui semblent ne pas avoir la même fonction chez l'un ou chez l'autre. J'aimerai bien en savoir plus... Sinon hier je suis allé à un concert "Brassens" et vos vidéos m'ont permis une oreille un peu plus aiguisée ! Donc un peu plus de plaisir...
Super vidéo ! D'ailleurs, Brel disait que les chansons de Brassens étaient tellement bien écrites qu'elles se suffisaient à elles-mêmes, alors que lui devait faire vivre les siennes (en emportant la contre-basse et les 146 violons et en t'arrachant le slip avec les dents, accessoirement ;) )
Alors là !!! Je suis scotché !!! Quelle analyse !!! J'ai 70 balais , je vénère ces deux "monstres" depuis mon enfance et je n'avais pas songé à poser des mots sur mes "ressentis" et tu l'as fait de façon magistrale ,très modestement, je "gratouille " un peu, c'est vrai ,surtout du Brassens car du "guitare/voix " sur du Brel je n'ai pas la puissance , j'ai voulu faire Amsterdam mais c'était pathétique😁! Encore BRAVO !!
C'est vrai qu'il y a quelque chose d'Andalou chez Brel, bien vu. Bravo et pourtant, vous partiez avec un handicap avec avec votre titre pour parler de mes deux ou presque seuls poètes préférés
Bonjour, j'adore votre analyse, celle aussi des chansons de Georges Brassens avec votre ami pianiste, pourriez vous nous faire une analyse de Léo Ferré ? J'aimerais bien aussi Barbara et Jean Ferrat ? En tout cas merci pour ce que vous faites.
Il me faudrait trouver un biais intéressant pour traiter l’œuvre de Ferré. Je suis bien sûr fan de Ferré, mais je n’en connais bien au final qu’une cinquantaine de chansons là où j’ai écouté et digéré l’œuvre entière de Brassens ou de Brel
Il serait bien de ne pas oublier Ferrat qui est de la même trempe qui était un mélodiste incroyable. Brassens on d'ailleurs eu l'occasion d'échanger BRASSENS, FERRAT- La rencontre - TH-cam
très cool! Si je peux me permettre un conseil tout bête, c'est de bien fixer l'objectif :) On a parfois l'impression d'un regard fuyant quand vous regardez votre retour vidéo :p
Bonjour Pierre Merci pour tes présentations dont la richesse des contenus, l'approche pédagogique et la pertinence des analyses n'ont d'égales que ta virtuosité à la guitare. Bref comme tu le vois je n'aime pas du tout ta chaîne, je suis FAN!!! Bonne continuation et merci d'exister :) Bien amicalement, Gilles.
Georges Brassens dans VSD en décembre 1979 : “S’il fallait faire un palmarès de mes chanteurs préférés, je dirais qu’en France il y a cinq grands : Charles Trenet, Tino Rossi, Jacques Brel, Jean Ferrat et Guy Béart. J’insiste sur Guy Béart, car on l’oublie toujours. Tous les autres sont mauvais ou me laissent plus ou moins indifférent ou ne restent que du simple divertissement qui finit généralement par m'ennuyer tôt ou tard”.
J'ai écouté Brel à treize ans, puis je me suis très vite lassé. Je reconnais qu'il a du talent mais je suis vite revenu à Brassens dont la Nostalgie était plus vrais, plus authentique, me parlait plus et qui allait traverser les siècles dont ses chansons allaient être reprises dans le monde entier (USA, Amérique du Sud, Espagne, les jeunes générations françaises, Afrique, Québec ...) Il a une composition et une écriture universelle. Je pense que le guitariste qui accompagnait Brassens était Joël Favreau. Et puis les belges n'aiment pas Brassens sauf les textes. J'avais beau clamer que Brassens me fait danser et qu'il était d'abord un musicien (ce que Fugain pensait). Les personnes me regardaient sans me comprendre. Ce qui est drôle c'est que quand j'étais à l'école je gardai l'argent du repas de midi et lorsque j'avais 325 francs belges j'allais m'acheter un vinyle de Brassens. C'est grâce à lui que j'ai acheté ma première guitare pour jouer ses chansons, une guitare à 2.50 €. Autant dire une planche en bois. J'en ai acheté d'autres par la suite. Puis je me suis mis à écrire mes propres chansons. J'ai une question. Où Brassens a appris à jouer de la guitare et connu si bien les tonalités ?
Je n'en peux plus des abrutis qui passent leur temps à comparer deux artistes incomparables et qui s'admiraient beaucoup l'un et l'autre! Pour moi, ils sont complémentaires. On peut aimer les deux autant, mais pas pour les mêmes raisons, car il n'ont pas les mêmes talents ni le même tempérament, et heureusement ! Mais ils ont aussi énormément de points communs et partagent quasiment les mêmes valeurs, bien qu'ils ne les expriment pas du tout de la même façon. Que c'est crétin que de vouloir sans arrêt en dénigrer un pour montré oh combien son préféré est meilleur. Cette démarche stupide pousse à la mauvaise fois absolue et à dire énormément de conneries ! Mais aucun de ses deux est meilleur ! Ils sont si différents, avec chacun leurs points forts et leurs poins faibles... Après, c'est juste une question de goût et de ressenti. Alors stop !
Tout un roman ! Si je trouve des choses intéressantes à dire sur lui, pourquoi pas. Pour l’instant je ne trouve pas de biais pour aborder son style, sachant que je previlegie une approche musicale à chaque fois plus que littéraire.
@@piouchanson J'ai eu la chance de le voir en concert. Je pense que Brassens se méfiait de son anarchisme. Mais même si le personnage est agaçant, il a écrit des pépites dont "avec le temps".
C'est quoi ce truc? Pour moi chaque chanteur se suffit à lui-même et n'a pas besoin d'être comparé à un autre. Vouloir le faire c'est aller droit dans le mur.
Je parlerais plutôt de complémentarité entre Brel et Brassens (Brel n'est pas l'anti-Brassens !) qui d'ailleurs étaient amis et s'admiraient mutuellement. Brel n'a jamais dit qu'il chantait "pour les belges" mais que toutes ses chansons étaient belges, ce qui n'est pas pareil. Il aimait son pays sans être nationaliste. D'ailleurs, il a chanté davantage à l'étranger qu'en Belgique, a vécu majoritairement sa vie d'adulte en France et a choisi d'être enterré loin de son plat pays, aux Marquises, sans jamais pour autant renoncer à sa "belgitude".
Brel et Brassens ont tous deux un style très différent parce que ces deux artistes, aussi talentueux l'un que l'autre, n'avaient pas le même point de vu sur la chanson ni les mêmes objectifs. Brassens a clairement un style plus littéraire que Brel ; mais chez Brel, le langage plus direct, simple, populaire (dans le bon sens du terme) et parfois proche d'un tribun, n'exclut pas des fulgurances poétiques étonnantes ou bouleversantes et une richesse dans les textes et les mots choisis. Et puis, même s'il mettait longtemps à écrire, il y a sans doute aussi plus de spontanéité chez Brel (plus sanguin et instinctif) que chez Brassens (plus cérébrale), car ils avaient une façon totalement opposée d'embrasser leur carrière.
Brel portait beaucoup d'importance à ses textes (beaucoup plus structurés que ce que vous en dites !), mais aussi à la musique et à l'interprétation. La scène compte énormément chez lui : il a fait une tournée de 11 ans à travers la France, l'Europe puis le monde avec seulement un mois et demi de pause par an, enchainant les concerts à un rythme infernal, parfois jusqu'à trois
par jour et plus de 365 par an, jusqu’à arrêter d'un coup et définitivement ses tours de chant (mais pas l'écriture) en 1966 à 37 ans. Il allait chanter vraiment partout, même dans de touts petits villages paumés où aucun autre artiste n'allait, ce qui a sans doute aidé à sa popularisation. Il écrivait ses textes en étant en mouvement, n’importe où, n'importe quand, lors de ses tournées, et présentait ses œuvres directement sur scène au fur et à mesure de ses créations, où il les rôdait, les perfectionnait ainsi de représentation en représentation avant de les enregistrer en studio.
Par ailleurs, rappelons que Brel est un belge flamand francophone ; cela se ressent souvent dans son œuvre. Il disait qu'il peignait ses chansons avec des mots plutôt que de les écrire. Du reste, on sait qu'il a dessiné certaines chansons avant de les mettre en mots. Ainsi, beaucoup de ses chansons sont comme des tableaux ou de mini-scénarios qui nous plongent dans des ambiances particulières.
D'autre part, contrairement à ce que l'on croit, Brel a lui-même composé 80% de son œuvre. Jouannest a participé à 36 chansons, pas plus ; c'est lui-même qui l'a dit. François Rauber, l’orchestrateur de Brel, disait que Brel était un très grand mélodiste qui composait effectivement (au piano ou à la guitare) tout d'instinct et avec beaucoup de facilité, alors qu'il se donnait bien plus de mal pour écrire ses textes.
Brassens lui, portait beaucoup plus d'importance au texte car, selon lui, c'est ce qui reste le plus dans le temps. Très sédentaire, il a fait beaucoup moins de tournées que Brel (très peu à l'étranger car il n'aimait pas voyager) et entre chaque tournée, il faisait une pose de trois ans durant lesquelles il se consacrait à l'écriture, chez lui à son bureau, et ne présentait ses chansons qu'une fois vraiment terminées.
Certains reprochent à Brassens que sa musique est un peut trop ronronnante, ennuyeuse et simpliste, mais c'est voulu de la part de l'artiste : chez lui, la musique doit presque être oubliée, comme en sourdine, puisqu'elle sert avant tout à souligner le texte pour le mettre en valeur. D'ailleurs, on peut lire ses textes sens musique : ils ne perdront rien en force ni en esthétisme, ce qui n'est pas toujours le cas chez Brel. Mais cela ne veut pas dire que Brassens ne portait pas d'importance à la musique : ses compositions sont très subtiles, réfléchies et bien plus complexes qu'elles en ont l'air. C'est comme si chacune des compositions était un habillage sur-mesure pour mettre chaque mot en valeur. Chez Brassens, c'est toujours la musique qui est au service du texte, et jamais l'inverse.
Bien que j'aime beaucoup les deux, Brel me touche plus car il excelle pour trouver des mots, des images, des expressions fortes qui nous frappent : il ne passe pas par des détours et va droit au cœur. Plus que Brassens, je trouve qu'il arrive à dire beaucoup avec très peu de mots et de manière simple de sorte que tout le monde comprenne, et ce n'est pas si facile d'être simple et créatif à la fois. Sa musique aussi, souvent indissociable de ses textes, m'emporte plus que celle de Brassens, bien que la richesse musicale de Brassens soit indiscutable !
En plus, Brel sera toujours pour moi un artiste plus complet que Brassens, à cause de cet aspect scénique : il est considéré par beaucoup comme une bête de scène. Il faisait plus que chanter ses chansons : il les vivait de tout son cœur et corps à s'en épuiser. Ses musiciens parlent même de transe et qu'elle était due notamment à la peur (il vomissait de trac avant chaque concert). Ses gestuels, ses mimiques, ses grands bras, ses mains et ses grimaces sont presque aussi célèbres que ses chansons. Un journaliste du New York Times a déclaré que Brel avait hissé l’interprétation au rang d'art, qu'on allait "voir Brel" autant qu'on allait l'écouter, et qu'il était un "spectacle hypnotique" à lui tout seul qui faisait osciller sans cesse le public du rire aux larmes. Qu'on aime ou pas, Brel est un grand interprète qui a inspiré de nombreux artistes, y compris outre Atlantique.
Brassens, c'est plus intello et introverti. Il était quasi immobile sur scène. OK, il était sûrement pudique, mais je pense qu'un artiste sur scène doit dépasser ça pour faire preuve de générosité et pour donner plus que sur un disque ou, du moins, quelque chose d'un peu différent, sinon je ne vois pas trop l’intérêt. Ce n'est que mon humble avis. Mais l'œuvre toute entière de Brassens peut être abordée comme des poèmes. Il faut avouer que tout est bon chez lui, dès ses premières chansons ; il n'y a rien à jeter, ce qui est rare chez un auteur-compositeur !
Enfin, d'après Pierre Nicolas, le contrebassiste de Brassens, Brel était le seul auteur-compositeur de sa génération que Brassens considérait comme son égale et le seul qu'il ne critiquait jamais, car Brassens, en privé, avait la dent très dure avec ses confrères. Brel, de son côté, disait combien il admirait l'écriture de Brassens dont, parait-il, il connaissait toutes les chansons par cœur ;-)
Perso , et avis de musicien (belge de plus est) aucun chanteur compositeur arrive à la cheville de Brassens.
@@Cemballo De toute façon, en musique, et encore plus en chanson, les ressentis et avis sont subjectifs. La perfection de Brassens me touche moins que les imperfections, les mots, l'interprétation et la voix de Brel ;-)
Commentaire très riche et intéressant ! Leur respect réciproque ne m’étonne pas tant leur œuvre est monumentale. Je ne me risquerais de mon côté pas à préférer l’un à l’autre 😃
@@piouchanson Ne vous y méprenez pas ; j'adore les deux. Mais l'un me touche plus et l'autre j’admire son génie d'auteur-compositeur. C'est vraiment de l'ordre du ressenti ; ce n'est pas forcément le meilleur qui me fait frissonner, voire verser une larme ;-)
👍Bravo !
Je suis absolument d'accord avec vous.
Brel prend aux tripes, touche au cœur, écrit bien, musique bien, chante bien, bête de scène aussi.
Autant j'avais de la sympathie pour le grand Jacques, autant Brassens m'agaçait et ne parvenait pas à parler à mon cœur, malgré son talent.
Pierre Perret qui aussi, est un poète, avait beaucoup de sympathie pour Brassens. Ils firent connaissance. Mais il arriva que Pierre Perret eût plus de succès que Brassens. Ce dernier, par jalousie, rompit amitié, dixit Pierre Perret dans une interview.
Le grand Jacques était très au dessus de ce genre de mesquinerie.
ÉNORME différence et tellement PLUS de générosité !
Par rapport à la vidéo, vos propos remettent l'église au milieu du village.
Merci !
Merci de tout ! Vos analyses et votre très belle version de Ne me quitte pas. C'est un plaisir intellectuel intense que d'écouter quelqu'un qui sait ce dont il parle !
Excellente et claire analyse de ces deux grands artistes, accompagnée d'une vision juste de la chanson
Je trouve aussi 😅 merci pour votre gentil commentaire
Bravo Pierre !
j'ai beaucoup aimé l'analyse que tu as faite de ces deux géants, pères modernes de ce 4e art qu'est la musique, ici plus spécifiquement la chanson.
Les caractéristiques qui les distinguent et que tu as su brillamment analyser vont vraiment dans le sens pour sublimer la réalité de leur génie.
Je voulais te féliciter pour la maîtrise, la sensibilité et l'art que tu as mis en oeuvre dans ton morceau de guitare que tu nous offres...
Belle réinterprétation de "Ne me quitte pas", sur un mode différent, si je ne m'abuse, je ne prends pas le temps de savoir lequel c'est, je n'ai pas encore l'expertise suffisante pour le deviner instantanément. Ta prestation est tout simplement magnifique... merci pour ce superbe morceau......
Bonjour,
Je découvre votre chaîne à l’instant. Déjà deux vidéos je sens que je vais dévorer ce contenu ! Merci pour le travail accompli c’est précieux
MERCI ! Excellente analyse des deux maitres 👍 et magnifique adaptation/interpretation sur "Ne Me Quitte Pas" 👍
Merci ! Bon pour l’adaptation c’était de l’impro un peu d’oreille, content que ça vous ait plu
Merci pour ton “cadeau” ! Que du plaisir! 🙏
Quelle belle analyse ! Argumentée, pertinente et accessible ! Bravo !!!
Belle analyse et superbe version de "ne me quitte pas" Merci :-)
Superbe arrangement de la chanson de Brel, bravo et merci
Magnifique Ne me quitte pas à la fin... Bravo
Merci pour votre analyse enthousiaste et bravo pour votre cadeau de la fin! Tres classe!
Merci pour votre intérêt et vos mots de soutien !!! 😃 ça fait chaud au cœur ♥️
Merci pour ce partage de savoir. Une idée de vidéo ? l'utilisation des changements de tonalité chez Brassens et Brel, trop fréquentes pour être dues au hasard et qui semblent ne pas avoir la même fonction chez l'un ou chez l'autre. J'aimerai bien en savoir plus... Sinon hier je suis allé à un concert "Brassens" et vos vidéos m'ont permis une oreille un peu plus aiguisée ! Donc un peu plus de plaisir...
Super vidéo ! D'ailleurs, Brel disait que les chansons de Brassens étaient tellement bien écrites qu'elles se suffisaient à elles-mêmes, alors que lui devait faire vivre les siennes (en emportant la contre-basse et les 146 violons et en t'arrachant le slip avec les dents, accessoirement ;) )
Tu as encore des bouts de tissus entre les dents 🤣
Alors là !!! Je suis scotché !!! Quelle analyse !!! J'ai 70 balais , je vénère ces deux "monstres" depuis mon enfance et je n'avais pas songé à poser des mots sur mes "ressentis" et tu l'as fait de façon magistrale ,très modestement, je "gratouille " un peu, c'est vrai ,surtout du Brassens car du "guitare/voix " sur du Brel je n'ai pas la puissance , j'ai voulu faire Amsterdam mais c'était pathétique😁!
Encore BRAVO !!
Bravissimo ! quelle performance !
Merci pour cette analyse et pour la version de " ne me quitte pas" ...j'aurais envie de dire. ..Olé
Merci beaucoup !
C'est vrai qu'il y a quelque chose d'Andalou chez Brel, bien vu. Bravo et pourtant, vous partiez avec un handicap avec avec votre titre pour parler de mes deux ou presque seuls poètes préférés
Comparaison super intéressante!!!
À quand l'analyse de Ferré? X)
Bonjour, j'adore votre analyse, celle aussi des chansons de Georges Brassens avec votre ami pianiste, pourriez vous nous faire une analyse de Léo Ferré ?
J'aimerais bien aussi Barbara et Jean Ferrat ?
En tout cas merci pour ce que vous faites.
Il me faudrait trouver un biais intéressant pour traiter l’œuvre de Ferré. Je suis bien sûr fan de Ferré, mais je n’en connais bien au final qu’une cinquantaine de chansons là où j’ai écouté et digéré l’œuvre entière de Brassens ou de Brel
@@piouchanson En tout cas merci de la réponse, bonne continuation.
Il serait bien de ne pas oublier Ferrat qui est de la même trempe qui était un mélodiste incroyable. Brassens on d'ailleurs eu l'occasion d'échanger BRASSENS, FERRAT- La rencontre - TH-cam
Super, j’écouterai ça. J’aime beaucoup Ferrat, je parle juste plus de Brassens et Brel parceque je les ai écoutés tellement qu’ils m’habitent.
très cool! Si je peux me permettre un conseil tout bête, c'est de bien fixer l'objectif :) On a parfois l'impression d'un regard fuyant quand vous regardez votre retour vidéo :p
Merci !!! Non je regarde pas le retour vidéo, je m’initie aux joies du prompteur... 😅
Bien vu ! Et très jolie la fin...
Très bonne analyse et , en bouquet final , la guitare qui "chante " la chanson , toute seule ....
Bonjour Pierre Merci pour tes présentations dont la richesse des contenus, l'approche pédagogique et la pertinence des analyses n'ont d'égales que ta virtuosité à la guitare. Bref comme tu le vois je n'aime pas du tout ta chaîne, je suis FAN!!! Bonne continuation et merci d'exister :) Bien amicalement, Gilles.
Commentaire de référencement (excellente vidéo au passage, comme d'habitude :))
Merci de ton soutien 😃
Georges Brassens dans VSD en décembre 1979 : “S’il fallait faire un palmarès de mes chanteurs préférés, je dirais qu’en France il y a cinq grands : Charles Trenet, Tino Rossi, Jacques Brel, Jean Ferrat et Guy Béart. J’insiste sur Guy Béart, car on l’oublie toujours. Tous les autres sont mauvais ou me laissent plus ou moins indifférent ou ne restent que du simple divertissement qui finit généralement par m'ennuyer tôt ou tard”.
C'est vrai que l'on caricature Guy Béart alors qu'Henry Salvador lui a rendu hommage dans son dernier album en reprenant une de ses chansons.
Bravo 👏 Il manque plus que Ferré !
au top tes vidéos!
Superbe l’interprétation à la guitare de l’oeuvre de Jacques Brel : ne me quitte pas pas
Excellent - Bravo !
Trop fort !!!! J'adore !
Beau commentaire intelligent!
J'ai écouté Brel à treize ans, puis je me suis très vite lassé. Je reconnais qu'il a du talent mais je suis vite revenu à Brassens dont la Nostalgie était plus vrais, plus authentique, me parlait plus et qui allait traverser les siècles dont ses chansons allaient être reprises dans le monde entier (USA, Amérique du Sud, Espagne, les jeunes générations françaises, Afrique, Québec ...) Il a une composition et une écriture universelle. Je pense que le guitariste qui accompagnait Brassens était Joël Favreau. Et puis les belges n'aiment pas Brassens sauf les textes. J'avais beau clamer que Brassens me fait danser et qu'il était d'abord un musicien (ce que Fugain pensait). Les personnes me regardaient sans me comprendre. Ce qui est drôle c'est que quand j'étais à l'école je gardai l'argent du repas de midi et lorsque j'avais 325 francs belges j'allais m'acheter un vinyle de Brassens. C'est grâce à lui que j'ai acheté ma première guitare pour jouer ses chansons, une guitare à 2.50 €. Autant dire une planche en bois. J'en ai acheté d'autres par la suite. Puis je me suis mis à écrire mes propres chansons. J'ai une question. Où Brassens a appris à jouer de la guitare et connu si bien les tonalités ?
Merci !
Je n'en peux plus des abrutis qui passent leur temps à comparer deux artistes incomparables et qui s'admiraient beaucoup l'un et l'autre! Pour moi, ils sont complémentaires. On peut aimer les deux autant, mais pas pour les mêmes raisons, car il n'ont pas les mêmes talents ni le même tempérament, et heureusement ! Mais ils ont aussi énormément de points communs et partagent quasiment les mêmes valeurs, bien qu'ils ne les expriment pas du tout de la même façon.
Que c'est crétin que de vouloir sans arrêt en dénigrer un pour montré oh combien son préféré est meilleur. Cette démarche stupide pousse à la mauvaise fois absolue et à dire énormément de conneries ! Mais aucun de ses deux est meilleur ! Ils sont si différents, avec chacun leurs points forts et leurs poins faibles... Après, c'est juste une question de goût et de ressenti.
Alors stop !
C'est un vrai. Polémique
super jte kiff
Leo Ferre
Et Léo Ferré ?
Tout un roman ! Si je trouve des choses intéressantes à dire sur lui, pourquoi pas. Pour l’instant je ne trouve pas de biais pour aborder son style, sachant que je previlegie une approche musicale à chaque fois plus que littéraire.
@@piouchanson J'ai eu la chance de le voir en concert. Je pense que Brassens se méfiait de son anarchisme. Mais même si le personnage est agaçant, il a écrit des pépites dont "avec le temps".
C'est quoi ce truc? Pour moi chaque chanteur se suffit à lui-même et n'a pas besoin d'être comparé à un autre. Vouloir le faire c'est aller droit dans le mur.
Pas forcément ! Écoutez la conclusion !
@@piouchanson Le petit Jacques n'a pas bien regardé/écouté la video ;)
@@piouchanson surtout ne pas les comparer
Superbe pas un mot à rajouter ou si peut-être un : brassens reste toujours derrière son texte. Brel devant.
anti Brassens ????????? n'importe quoi ! Chacun son style...
C'est bien ce qu'il explique dans le video ! (le titre est un peu trompeur).
@@philyou2 je n'apprécies pas cette manipulation...qui fait appel à de mauvaises motivations...
C’est pour ca qu’il y a un point d’interrogation ;-)
@@gillesbied-charreton185 je pense que vous n'avez pas compris mon propos...
Anti-Brassens dans le sens opposé et/ou complémentaire, non dans le sens du rejet