C'est dans ce douar que je suis né, que j'ai grandi et étudié, et où j'ai vécu les plus beaux moments de mon enfance. Ichmajour, un village niché dans le Rif central, se situe à 6 kilomètres de Midar et à environ 80 kilomètres de Nador et d'Al Hoceïma. Blotti au pied des montagnes, ce lieu recèle une beauté naturelle et une histoire profonde, que seule une exploration à travers ses reliefs pouvait révéler.
Notre périple a débuté au mont Agharben, témoin silencieux de l'exode de la plupart de ses habitants, mais toujours debout face aux épreuves du temps. Après avoir contemplé le lever du soleil et respiré l'air frais du matin, nous avons poursuivi notre route vers un autre douar d'une importance particulière pour moi et pour de nombreux habitants d'Ichmajour. Ce hameau fut le foyer de nos ancêtres avant leur migration vers le douar où j'ai grandi.
À notre arrivée au douar Thrath, nous avons été accueillis avec une chaleur et une générosité remarquable. Un déjeuner copieux nous a été offert, mais le temps nous manquait pour en profiter pleinement. Cette hospitalité sincère témoignait de la bonté et du sens de l’accueil des habitants de Thrath.
Les montagnes du Rif central ne sont pas seulement un joyau naturel ; elles portent aussi en elles les traces d’une histoire glorieuse. C’est ici que le grand résistant Abdelkrim El Khattabi mena des batailles héroïques contre les troupes espagnoles, infligeant de lourdes défaites à l’ennemi. Près de 13 000 soldats espagnols, dont le général Silvestre, y laissèrent leur vie.
Lors de notre visite à Ichmajour, nous avons eu le privilège de rencontrer plusieurs figures emblématiques du village. Parmi elles, M. Allal Siammar nous a partagé ses souvenirs et son regard sur l’évolution de la vie entre le passé et le présent. Nous avons également échangé avec l’imam Al-Arbi, qui nous a raconté ses quarante années de service spirituel auprès des habitants du douar. Une autre rencontre marquante fut celle de M. El-Barjaraji Moh, membre de la diaspora marocaine, qui a choisi d’investir dans l’agriculture plutôt que de laisser son argent dormir dans les banques.
Notre exploration nous a ensuite menés à la ferme d’Aziz Chalouki, véritable modèle de réussite agricole dans la région.
Nous avons poursuivi notre route jusqu’au marché hebdomadaire, où nous avons savouré un thé et un café au célèbre café Mouh, réputé pour ses saveurs uniques. Ce marché, autrefois fréquenté par nos parents et nos grands-parents - que Dieu leur fasse miséricorde -, reste un lieu incontournable pour les habitants du Rif.
Pour clôturer notre voyage, nous avons visité la mosquée Halou Zâ, au cœur du douar Ichmajour. Nous y avons accompli la prière du Maghreb et participé à une lecture collective, formulant des prières pour tous, en particulier pour la diaspora marocaine et les habitants I’Achmajour.
Ce périple à travers les montagnes du Rif et les souvenirs d’un passé riche en histoire m’a permis de renouer avec mes racines et d’apprécier davantage l’héritage légué par nos ancêtres. Ichmajour demeure un symbole de résilience, d'hospitalité et de mémoire vivante.