L'histoire des reines d'Espagne est tout aussi fascinante que celle de leurs homologues masculins, car elles ont souvent joué des rôles clés dans l'unification, la diplomatie, et la direction de la nation. Dès les débuts de la monarchie espagnole, les reines ont eu une grande influence, parfois comme consortes, parfois comme régentes, et dans certains cas, comme monarques à part entière.
Reine d'Espagne
Marie Christine d'Autriche, 1879 à 1902
Maison de Bourbon-Anjou
Marie-Christine d'Autriche, née le 21 juillet 1858, fut reine consort d'Espagne de 1879 à 1885 en tant qu'épouse d'Alphonse XII. Après la mort de ce dernier, elle devint régente du royaume pendant la minorité de son fils, le futur Alphonse XIII, de 1885 à 1902. Son rôle de régente fut crucial pour la stabilité et la gouvernance de l'Espagne pendant une période de grande turbulence.
Résumé de son rôle de 1879 à 1902 :
Mariage avec Alphonse XII et reine consort (1879-1885) :
Marie-Christine d'Autriche, fille de l'archiduc Charles Ferdinand d'Autriche, épouse le roi Alphonse XII d'Espagne le 29 novembre 1879, après la mort de la première épouse du roi, Mercedes d'Orléans. Ce mariage vise à renforcer les liens dynastiques entre l'Espagne et l'Autriche.
En tant que reine consort, Marie-Christine accompagne son mari dans ses responsabilités, bien qu'elle joue un rôle relativement effacé durant cette période. Leur union est relativement heureuse, et ils ont trois enfants :
Marie de las Mercedes (1880-1904),
Marie-Thérèse (1882-1912),
Alphonse XIII (1886), qui naît quelques mois après la mort de son père.
Régence après la mort d'Alphonse XII (1885-1902) :
Lorsque le roi Alphonse XII meurt en 1885, Marie-Christine se retrouve veuve alors qu'elle est enceinte d'Alphonse XIII. Leur fils, né le 17 mai 1886, est automatiquement proclamé roi dès sa naissance. Marie-Christine devient régente jusqu'à ce qu'Alphonse XIII atteigne l'âge de la majorité en 1902.
Rôle politique : En tant que régente, Marie-Christine a joué un rôle central dans la gestion du pays. Elle a réussi à maintenir une relative stabilité politique grâce au système du « turno pacífico », un accord entre les partis libéral et conservateur pour alterner au pouvoir. Cela a permis d’éviter des révoltes violentes et de maintenir une paix fragile dans le pays.
Défis politiques et sociaux : Malgré sa gouvernance habile, Marie-Christine a dû faire face à des défis majeurs, notamment :
La perte des colonies espagnoles : Le plus grand coup porté à la monarchie espagnole durant sa régence fut la guerre hispano-américaine de 1898, qui conduisit à la perte des dernières colonies espagnoles : Cuba, Porto Rico, les Philippines et Guam. Cet événement fut un traumatisme majeur pour l'Espagne, marquant la fin de l'empire colonial espagnol.
Tensions sociales : Marie-Christine a également dû gérer les tensions sociales croissantes, avec des mouvements républicains et anarchistes gagnant en influence, ainsi que la montée du nationalisme en Catalogne et au Pays basque. Ces forces auraient des répercussions durables sur la politique espagnole du XXe siècle.
Soutien à l'Église catholique : Marie-Christine était profondément religieuse et soutenait activement l'Église catholique. Elle joua un rôle important dans le maintien des relations entre l'Église et l'État espagnol et a veillé à ce que l'Église conserve une grande influence sur la vie publique.
Fin de la régence et retrait progressif (1902) :
En 1902, lorsque son fils Alphonse XIII atteint ses 16 ans, Marie-Christine lui cède le pouvoir et quitte la régence. Elle se retire progressivement de la vie politique active, bien qu'elle continue de conseiller son fils en privé. Sa régence est généralement perçue comme un succès dans la mesure où elle a su maintenir l'ordre et éviter une crise majeure en Espagne, malgré les défis extérieurs et intérieurs.
Conclusion :
Marie-Christine d'Autriche, d'abord reine consort puis régente d'Espagne, a joué un rôle fondamental dans la stabilité de la monarchie espagnole pendant une période difficile. Sa régence, de 1885 à 1902, a permis de maintenir une paix relative dans un pays traversé par des tensions politiques et sociales, tout en naviguant à travers la crise majeure de la perte des dernières colonies espagnoles. Elle reste une figure importante de l’histoire espagnole pour son habileté politique et son sens du devoir envers son pays et ses enfants.