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Je pourrais
Je pourrais te chanter que je suis Singe des rues à chaque réveil
que la révolte coule dans mes veines par litres que je fais que des rêves de requiem
que je pars en guerre H24 sans escale
que je garde la barricade avec mes gorilles en escouad
que ma life n'est qu'un enfer sans espoir
que j'ai balafré la tendresse que je suis dead plus de cent fois
que je suisqu'une bête à sang froid
un ennemi d'état
passager clandestin d'une terre stérile et sans joie
Hélas / j'ai poussé en temps de paix l'ami
sous le climat tempéré d'un pays de lâches putain...
pas là pour te caresser le pelage
pour l'heure la guerre on la perd les combattants n'en mènent pas large
Je pourrais sombrer dans l'amnésie oublier Blois Lille Paname
Noisy le keus A.P.E
un songlacé des voix idem pas de palabres
à ceux et celles qui sont là depuis le départ
putain ce que ça passe !
je pourrais dire : « Carpe diem on s'en tape d'y passer demain ou plus tard » mais tâche surtout que le rab n'aie pas la gueule d'un mauvais rappel
je pourrais me faire une vie pépère
je pourrais te dire que je suis au bord de passer à l'acte
A tout ce qui fait qu'on se vide pas la pharmacie dans le coffre
qu'on s'accroche pas à la poutre
qu'on caresse pas de trop près la crosse
qu'on dit nevermore à la poudre
Je pourrais te dire : « Laisse-moi, je suis bien que tout seul » pourtant je bataille à plusieurs pour pas qu'on se tue à la tâche
on se tient chaud ouais on se protège on partage
on se tient comme on peut d'équerre on dit : « t'inquiète, on les aura tous un de ces quatre »
je pourrais séparer ce monde en antipodes
effacer la zone grise ses petits matins sa multitude de rapports
me satisfaire de mes dix potes
me saouler de mes évidences tourner en boucle ad vitam
On s'isole pas on lutte résiste humblement
face au tic-tac qui te nargue investit chaque moment
Ta peur de manquer
tes crises d'Amok
ta part de Monkey
tu pourrais mettre tout ça de côté mais tu saurais plus t'es qui
Les biz de merde
la haine de ce monde
l'amour des miens
je pourrais zapper d'où je viens mais je sais bien trop où ça te mène
Je pourrais la jouer genre dar les oufs et rien à battre
rien à perdre alors qu'ils m'enferment ou qu'on m'abatte
je pourrais dire : « mon rap c'est de la rage à l'état brut
la vie se cache sous les cagoules entre la violence et l'émeute »
En attendant je remplis le caddie et le blouson chez Lidl
esquive
les chouffeurs et les vigiles bah ouais
c'est la B.O du quotidien
des défaites ordinaires
des ventres et des mâchoires qui se serrent
Je pourrais
enfiler le costard de l'ex-dealer
je nique les douanes et prends la maille où elle est
mais faudrait que je te parle de cette sale parano
du temps perdu et du silence qui remplaçait mes potes
du manque
des aller-retours en sueur
des bâtards de la canine à la gare
faudrait que je te dise aussi : « Charleroi t'as vu c'est beau la nuitquand tous les regards se croisent
évaluent la carotte à l'avance et font le tri entre victimes et balances »
le port du masque glacial insensible est de rigueur
pour oublier ça se noie dans la came dans la résine et la liqueur
Je pourrais jouer toutes mes lâchetés mes erreurs
les brandir en étendard te dire : « moi je fais du rap sale »
où l'enjeu c'est d'être cramé à la base où bien abonné à la barre
mais tu t'es gouré de baston
ici y'aura ni compet' de vécu ni marre de sang
tu veux savoir qui a la plus grosse comparer nos cicatrices ?
je m'en bats la race et j'ai pas le temps je cours
après le sommeil quelques billets la liberté
rester debout et digne pas flancher
peut-être c'est tout ce qu'il nous reste pour pas clams' avant l'heure
je m'en tape de la couv' de Rap Mag ou de faire mon beurre
je représente personne / rien que ma sale petite vie à l'arrache
inconsolable tous mes singes
en manque de tendresse et de cash
je te l'ai déjà dit faut qu'on se casse d'ici
Je pourrais te dire que j'en ai trop vu
que j'ai trop méfu trop bu
que j'ai mis
mon passé à la morgue pour être sûr que ce bâtard ne revienne pas me mettre à l'amende
Je pourrais fonctionner comme un putain d'automate
oublier que je suis fait
de mes petites victoires comme de mes défaites
de mes plus belles rencontres comme de mes pires lendemains de fêtes
je pourrais n'en-faire et ne penser qu'à ma tronche
te dire qu'un srab c'est rien qu'un futur traître
que dans ce monde on y vit aussi seul qu'on y crève
J'effacerais juste
les barres de rire
les potos l'entraide et la galère
nos petites débrouilles
et la survie à plusieurs
en bref le temps passé
à pas se laisser pourrir ici
en bref
je pourrais zapper d'où je viens mais je sais bien trop où ça te mène
A l'ancienne un piano dépressif un synthé une voix soul moi