Découvrez la suite de l'interview vidéo sur : essec.mediagong.tv/Fontanet/
Xavier Fontanet - Président d'ESSILOR
Chapitre 1 - L'éducation à la mondialisation
Chapitre 2 - La nouvelle nature
Chapitre 3 - Business friendly
Chapitre 4 - L'esprit de conquête français
Chapitre 5 - Le Temps de l'entrepreneur
Chapitre 6 - Le leader, la Recherche et la mondialisation
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Depuis plus d'une douzaine d'années, le CFA de l'ESSEC produit, sous l'impulsion de Alain Bernard et en relation avec l'expérience de l'apprentissage dans l'enseignement supérieur, une réflexion sur le monde que les apprentis vont habiter. Nous avons ainsi été amenés à rencontrer Bruno Latour, Pierre-Noël Giraud et Pierre Legendre dont les travaux construisent une sorte de théorie de la mondialisation. C'est à partir des entretiens qu'ils nous ont accordés et que nous publions en contenus associés à la présente interview vidéo, que nous avons pu interroger l'expérience de l'entrepreneur de la mondialisation qu'est Xavier Fontanet.
Pierre-Noël Giraud date le début du XXIème siècle de 1967, quand la Chine renonça au communisme pour suivre l'exemple japonais, mettre en place « son » capitalisme et redimensionner le monde. Au même moment, des jeunes gens se formaient dans les grandes écoles françaises, ressentaient l'accélération qui venait d'être donnée au mouvement déjà très ancien de mondialisation et comprenaient intuitivement que l'entreprise allait devenir, pour eux, « l'aventure d'aujourd'hui ».
Xavier Fontanet était de ces jeunes gens à l'esprit de conquête (devenus parfois patrons du CAC 40) qu'il réunit en évoquant la figure de Churchill et de la RAF. Son livre Et si on faisait confiance aux entrepreneurs est un premier document offert au « regard objectif » de ceux qui porteront le jugement de l'Histoire sur « le grouillement des économies modernes » en ce début d'un XXIème siècle. Sa façon de penser illustre parfaitement la conception de la Nouvelle Nature de Pierre Legendre : à la Nature s'est désormais substituée la chaîne Technique -- Science -- Economie si évidente à Fukushima. Le Président d'ESSILOR, lui, part toujours des particularités des yeux des Indiens ou des Japonais pour parler en bloc de « son » milieu naturel : les yeux -- les matériaux organiques -- leurs traitements scientifiques -- et l'économie de marché qui en assure le développement durable.
Formé par les Jésuites au goût de l'écoute et au sens de la question, par l'Ecole des Ponts à la conceptualisation et à l'abstraction, et par le MIT à l'ouverture au monde, Xavier Fontanet a souhaité outiller son lecteur avec un précis d'économie qui repose sur trois noms, ceux de Hayek, Schumpeter et Bruce Henderson, qui fut son premier patron au BCG. Il y a du Darwin chez Xavier Fontanet quand il élabore sa théorie à partir du foisonnement de créneaux (la catallexia de Hayek) qui fait qu'il y a deux millions et demi d'entreprises en France, puis de l'apparition de nouveaux créneaux selon Schumpeter à proportion de la disparition d'autres et enfin de la mise en évidence de la structure concurrentielle par Bruce Henderson qui aboutit au constat que, quand les positions se figent sur un marché qui ne croît plus aussi vite, il n'y a plus que le leader et quelques survivants.
Dans ce milieu naturel toujours aussi impitoyable et désormais étendu sur le monde, Xavier Fontanet voit se déplacer et se déployer les grandes entreprises, comme autant de « formes de vie » chères à Bruno Latour. Elles ont besoin de la « fluidité du commerce ». Les Etats surendettés et les systèmes de Droit trop inflexibles, mais aussi, à l'inverse, les financiers qui veulent s'affranchir du Temps pourraient tuer ces « marathoniennes ». Les universités en revanche sont leurs amies : les entreprises pourraient financer leur Recherche et diffuser leurs grandes trouvailles. Et comme toute entreprise ne saurait se passer d'une origine et d'une âme, ESSILOR encourage son amie française à faire comme elle, à se mondialiser sans avoir peur de la concurrence.