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Dernier point : le succès. Je crois que les Français savent reconnaître le talent, la réussite mais ce qu'ils n'acceptent pas , ce sont les sommes disproportionnées ,gagnées dans le monde artistique et audio visuel comme certains sports , comparées aux salaires de beaucoup de métiers difficiles ou exigeants qui ne méritent en aucun cas de tels écarts. C'en est même indécent pour un pays qui prône égalité, fraternité. Marcel Pagnol a eu lui cependant le mérite d'avoir voulu faire vivre à l'année , tournage ou non, son équipe et c'est tout à son honneur.

Troisième volet : l'amitié. Jacqueline dit : " Il est très fidèle en amitié." " Le sens de l'amitié, Marcel l'avait au plus haut point. C'était un sentiment qu'il aimait er qu'il appréciait chez ses amis. Mais c'est un véritable ami." Je pense que pour Marcel Pagnol, les amitiés commencées avant le début de sa célébrité ont une résonnance particulière comme s'il se sentait vraiment aimé pour lui - même , non pour ce qu'il représente. Certainement si Lili ( mort à 20 ans) avait été vivant, il aurait continué leur relation sincère et complice . Contrairement à Yves Calvi , j'ai préféré la franchise honnête de Marcel Achard avec Marcel Pagnol au témoignage d'Albert Cohen qui ne dit pas toute la vérité. L'année du Lycée à Thiers : c'est en 1910 , année où le 16 juin , la jeune mère de Marcel Pagnol décède . Son père est obligé de déménager dans un appartement plus petit ( Marcel a 15 ans , Paul 12 ans , Germaine 8 ans et René 1 an ) . Une jeune veuve l'aidera à s'occuper des plus jeunes. La situation est difficile, triste moralement et financièrement. Marcel rentre en demi- pension au Lycée Thiers. C'est là qu'il se lie d'amitié avec Albert Cohen , issu d'une famille aisée. Celui-ci comme le dit Jacqueline demandait à Marcel de lui écrire des lettres d'amour que faisait payer " petitement ' Marcel. Je n'ai pas aimé, dans le témoignage d'Albert Cohen sa façon de parler de Marcel Pagnol, avec un ton condescendant. Si j'avais été Albert Cohen, j'aurais écrit : " Marcel Pagnol et moi étions amis d'enfance et faisions ensemble nos études au lycée de Marseille. " Et le tablier affreux tout déchiré de Marcel, c'est qu' Augustine la maman Couturière n'était plus là pour le laver et le recoudre . Et Albert Cohen ne dit pas que c'est en échange de lettres écrites par son ami à sa demande qu'il lui donne 1 franc hebdomadaire. Et cette insistance à parler de l'argent qu'il lui donne comme s'il lui faisait une grande faveur est choquante. " J'ai été son mécène à Pagnol. Je lui donnai une rente . Il avait une pension de moi . C'était 1 franc chaque lundi et comme il avait très besoin de ce don hebdomadaire..." S'il avait été un vrai ami pour Marcel , sachant la situation qu'il était en train de vivre, il lui aurait donné de l'argent même sans contrepartie vu qu'il avait la chance d'être dans une bonne situation financière. Si Marcel Pagnol a été pour lui son meilleur ami, il est évident qu' Albert Cohen n'avait pas le même sens de l'amitié. En ce qui concerne le premier poème de Marcel Pagnol ,lu par Albert Cohen,, je sens que Marcel l'a écrit en pensant à sa maman disparue d'où le sentiment de tristesse et d'ombre, le souvenir du beau visage aux cheveux bruns " toujours amour fidèle" . Peut-être, le deuxième est un clin d'œil à son grand - père paternel , tailleur de pierre et le troisième me fait penser à ses escapades avec Lili dans les grottes.

Après le volet amour : le plus beau, le volet cinéma. L'apport considérable que se sont apportés mutuellement Marcel Pagnol et ses acteurs : Raimu , charpin, Fresnay, Blavette , Fernandel, Pellegrin ... tout le monde le reconnaît. Pour Marcel,, amoureux du bricolage, du fait main , de l'amitié, de la nature, de l'authenticité, de l'émotion, il fallait combiner le tout pour que ses films touchent à la vérité de l'âme. Pour ça, Marcel Pagnol a voulu créer sa famille de cinéma avec des artisans de métier devenus ses techniciens , des acteurs qu'il choisissait pour leur personnalité et leur capacité à faire vivre ses personnages. Et pour plus de vérité, il apprenait, très observateur et sachant écouter, à mieux les connaître pour leur écrire des rôles sur mesure et adaptés à son univers d'auteur. Apprendre à vivre ensemble, à créer des liens non seulement pendant le tournage mais aussi autour d'une table qui accueille toute l'équipe, toutes fonctions confondues . Au final, une très bonne entente, parfois émaillée de colères dues à des points de vue qui s'affirmaient en toute franchise tel Raimu mais qui se terminaient sur un terrain d'entente retrouvée . Cette alchimie de travail et sentiments partagés donne toute la dimension humaine de l'oeuvre de Pagnol qui partie du sol de son enfance est allée voyager sur tous les continents pour toucher un public et divers cinéastes étrangers. Ainsi Rossellini déclare Marcel Pagnol " père du néoréalisme italien" . Il subjugue Steven Spielberg , Orson Welles entre autres ( et révèle le cinéma français au Canada, ceci vu dans un autre documentaire de Radio Canada) .Marcel Pagnol, tout en restant amoureux du théâtre, avait choisi le cinéma pour sa capacité de mobilité en extérieur dans la nature et la possibilité de faire un gros plan sur une personne, un visage ce qui permet d'approfondir la compréhension de l'intimité de l'expression humaine. En aucun cas Hollywood ne correspondait à cette ambiance familiale et authentique que cultivait Marcel Pagnol. Le monde hollywoodien privilégie le sensationnel, l'action souvent au détriment de la profondeur de la psychologie des personnages sans compter que cette grosse entreprise pense plus argent que sentiment. Tout le contraire de Marcel Pagnol qui sans nier la nécessité de l'argent aime d'abord l'être humain, sa diversité et toute la palette d'émotions que l'âme humaine, dans les circonstances de la vie, dans son lieu d'existence, laisse transparaître au fond d'un regard, sur un visage, à travers des gestes, des attitudes , une allure et même au creux d'un silence. Et même les objets comme le gros plan sur la chaise après la mort de Panisse. L'art de révéler dans la subtilité et la vérité, voilà le sectet du cinéma de Marcel Pagnol.

C'est un bien beau cadeau de fête de Noël que font en 2007 Jacqueline Pagnol et Yves Calvi ! Yves Calvi cherche à mieux connaître et comprendre aussi bien Marcel Pagnol à travers les témoignages, confidences de Jacqueline Pagnol que Jacqueline Pagnol à travers le regard et confessions de Marcel Pagnol sur sa femme ( qui a partagé sa vie de 1944 à 1974 ) , découverts lors de ses recherches. Marcel et Jacqueline étaient très complices et complémentaires. D'abord ils ont compris que la différence d'âge n'est pas un problème si l'amour est sincère et partagé. Ensuite, ils ont beaucoup de similitudes dans leur enfance : le Sud de la France , l'amour de la nature, de la lecture, de la poésie, le rêve, l'imagination, la fantaisie, l'improvisation. Leur preuve d'amour : elle lui offre un magnifique présent lorsqu'elle renonce à son métier d'actrice " J 'ai préféré la vie avec lui , avec ma famille, mes enfants, tout ça était beaucoup plus intéressant. Ça donne beaucoup plus de plaisir. C'est réel . C'est vrai." Et Marcel lui offre son plus beau rôle : " Qu'est - ce que tu voudrais que je t'écrive , un rôle pour toi ? Je voudrais t'écrire un rôle pour toi ? Qu'est-ce qui te plairait ? " Jacqueline dit : " Il n'a jamais écrit un personnage féminin qui était aussi fort " " Mon meilleur souvenir de tournage, c'est bien " Manon des Sources" . Et pour créer " Manon des Sources" , Marcel mélangera l'enfance de Jacqueline à la sienne ( à l'image de leur couple) , respectant le désir de sa femme " d'une héroïne qui choisit son destin , active et non passive" . Ce qui ressort de tout ça , c'est qu'elle est pour Marcel" sa source de vie , d'inspiration " et lui est pour Jacqueline son soleil " être solaire , positif" . Leur couple rime donc avec amour , amitié et complicité dans les joies comme dans les peines . Et au - delà de la mort , elle continue à le faire vivre à travers son œuvre pour tout le monde et dans son coeur , ses pensées pour elle et sa famille. Et Nicolas , leur petit - fils , poursuit le flambeau depuis que la belle Jacqueline , le 22-08-2016, a rejoint son mari Marcel sous l'épitaphe " Il aimait les sources , ses amis et sa femme" ( Jacqueline pour Marcel était les trois à la fois : source , amie et femme) . Le régional Midi à épousé l'universel sans que Marcel et Jacqueline aient quitté le sol français et ils reposent en paix près des leurs à la Treille où la fontaine continue à écouler son eau si précieuse, cette eau héroïne naturelle de bien des oeuvres de Pagnol et essentielle à la vie .